Louis XVIII relevant la France de ses ruines
Auteur : CREPIN Louis-Philippe
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date de création : 1814
Date représentée : 28 avril 1814
H. : 46 cm
L. : 55,5 cm
Personnages représentés : Louis XVIII, le duc d'Angoulême, la duchesse d'Angoulême, Talleyrand, Louis V prince de Condé, Charles X, le duc de Berry, Alexandre Ier, empereur de Russie.
Huile sur toile
Domaine : Peintures
© Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin
MV 8561 - 14-503512
Allégorie du Retour des Bourbons le 24 avril 1814 : Louis XVIII relevant la France de ses ruines
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Barthélemy JOBERT et Pascal TORRÈS
La monarchie restaurée
Nul n’aurait songé à restaurer les Bourbons sur le trône de France si la défaite puis l’abdication de Napoléon n’avaient créé un vide politique nécessaire à combler, ni, surtout, si les puissances alliées et notamment la Russie n’avaient clairement manifesté leur choix en ce sens. Le 6 avril 1814, le Sénat rédigea un projet constitutionnel qui, tenant compte des acquis révolutionnaires et maintenant pour l’essentiel les institutions de l’Empire, appelait au trône « Louis, frère du dernier roi ». L’entrée à Paris de son frère, le comte d’Artois, futur Charles X, au milieu de l’enthousiasme général, leva les dernières oppositions, d’autant que l’armistice était signé avec les Alliés : le retour des Bourbons coïncidait avec celui de la paix. Louis XVIII, qui résidait en Angleterre, put alors débarquer à Calais. C’est ce moment particulier qu’illustra, peu de temps après, le peintre Louis-Philippe Crépin, dans cette composition allégorique.
Une allégorie traditionnelle
Crépin n’est pas un des artistes majeurs de l’époque. Engagé dans la marine républicaine, où il servit de 1794 à 1798, il acquit ainsi une connaissance de première main, dont il sut faire un large usage dans sa carrière de peintre. Continuateur de Joseph Vernet, dont il avait été l’élève, il se spécialisa dans la peinture de marines, où il obtint un succès certain. Grâce aux protections dont il jouissait (en particulier celles des princes d’Orléans), il maintint très avant dans le siècle les principes esthétiques du XVIIIe siècle, dont il donne dans ce tableau une parfaite illustration.
Il travailla très rapidement à cette œuvre afin de l’exposer au Salon de 1814, qui ouvrit au début de l’automne. Aussi son tableau est-il peu novateur tant dans sa conception que dans son exécution : Louis XVIII, en costume de sacre mais portant l’ordre de la Jarretière qu’il a reçu par décret particulier le 21 avril 1814, soutient la France qui s’effondre dans ses bras. A ses côtés la duchesse d’Angoulême, femme d’un des fils du comte d’Artois, mais aussi fille de Louis XVI, représente la continuité dynastique et fait le lien avec l’Ancien Régime (elle était aussi la première dame de la famille royale, car les épouses de Louis XVIII et de son frère étaient mortes et qu’elle avait épousé celui qui devait hériter du trône après son oncle et son beau-père). Le duc d’Angoulême, son frère le duc de Berry et leur père le comte d’Artois sont évidemment présents, de même que les autres princes de sang, le prince de Condé qui avait commandé contre la République l’armée des émigrés et son fils, le duc de Bourbon. De toute la famille royale, seul est absent le duc d’Orléans, futur Louis-Philippe, sur qui pèse la faute de son père, Philippe-Egalité, qui a voté à la Convention la mort de son cousin Louis XVI. Contre la vérité historique, car ils n’étaient pas présents à Calais, Crépin a également représenté les quatre principaux souverains alliés qui ont permis le rétablissement des Bourbons sur le trône : le tsar Alexandre Ier, l’empereur d’Autriche François Ier, le roi d’Angleterre George III et le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III. Derrière eux des maréchaux de France. Le chiffre du roi restauré (deux « L » entrelacés) forme un médaillon au centre de la composition.
Crépin utilise ici le vocabulaire le plus traditionnel (nymphes et enfants du premier plan, trophées d’armes renversés qui marquent le retour des bienfaits de la paix…). La signification des différents personnages vient presque de leur seule présence dans une composition elle aussi très classique : les contemporains étaient à même d’identifier les acteurs de la scène, et les événements encore tout proches étaient compréhensibles par tous. Louis XVIII accédant au trône est clairement représenté comme le sauveur providentiel de la France. Mais le tableau manifeste par là même sinon une certaine maladresse, du moins une absence à peu près complète d’invention et de personnalité. Il est cependant peu représentatif du réel talent de Crépin, qui fait ici œuvre de circonstance.
André CHASTEL L’Art français tomes III et IV, Paris, Flammarion, nouv.éd.2001.
Francis DEMIER La France du XIXe siècle Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 2000.
François FURET La Révolution, 1780-1880 Paris, Hachette, 1988, rééd.coll.« Pluriel », 1992.
Evelyne LEVER Louis XVIII Paris, Fayard, 1988.
Emmanuel de WARESQUIEL et Benoît YVERT Histoire de la Restauration : naissance de la France moderne Paris, Perrin, 1996.
Barthélemy JOBERT et Pascal TORRÈS, « Allégorie du Retour des Bourbons le 24 avril 1814 : Louis XVIII relevant la France de ses ruines », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 11/09/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/allegorie-retour-bourbons-24-avril-1814-louis-xviii-relevant-france-ses-ruines
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
La Guerre de dévolution
Le décès du roi d’Espagne Philippe IV, survenu le 17 septembre 1665, réveille les appétits dynastiques de…
Plus jamais ça !
La Grande Guerre, par sa durée insupportable, l’extension et la multiplication de ses fronts, l’expérience des tranchées et…
Allégorie de la régence d’Anne d’Autriche
Si sa date de réalisation est attestée – 1648 –, on ignore à la fois qui a commandé la toile et son emplacement…
Henri IV et la paix
Depuis 1562 la France est plongée dans des guerres de religion. La mort de François duc d’Anjou en 1584, dernier frère d’Henri III lui-même sans…
Le traité de Nimègue
Le tableau anonyme et allégorique de la paix de Nimègue est représentatif de la manière dont le roi et son entourage voulaient…
Regards sur les guerriers gaulois
Jusque dans les années 1820, l’histoire de France se fonde sur celle des princes dont les historiens dressent les…
Marie Curie et la presse
Marya Sklodowska est née à Varsovie, en 1867, en Pologne alors partie intégrante de l’Empire russe et décède en…
Conseil économique du travail
Lors du premier conflit mondial, la CGT se révèle un partenaire efficace de l'Union sacrée. Forte de cette…
Un symbole pour la Première République
Le 21 septembre 1792, la Convention abolit la monarchie. Elle décréta le 22 que les actes publics seraient datés de l’an I de la République…
La Publicité pour les marques de cycles : l’angle technique et militaire
Les deux images proposées concernent la Fabrique nationale d’Herstal, située près de Liège en Belgique. Elles…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel