Aller au contenu principal
Mort de Joseph Bara.

Mort de Joseph Bara.

Lieu de conservation : musée Calvet (Avignon)
site web

Date de création : 1794

H. : 118 cm

L. : 155 cm

Huile sur toile

Domaine : Peintures

© Photo RMN - Grand Palais - H. Lewandowski

http://www.photo.rmn.fr

89EE2099/INV 146

La mort de Bara

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Pascal DUPUY

Né en 1779, Joseph Bara est le fils du garde-chasse du seigneur de Palaiseau. Alors que ses deux frères aînés, engagés dans les armées républicaines, sont envoyés aux frontières, Joseph, lui, part en Vendée et sert (tambour ? hussard ? ordonnance ?) sous les ordres du général Desmarres. Le 7 décembre 1793, il trouve la mort dans une embuscade près de Jallais dans les Mauges. Selon la légende, encerclé par des Vendéens qui le sommaient de crier Vive le roi, il aurait répondu Vive la République ! Informée par le général Desmarres, la Convention demande que son corps soit transféré au Panthéon et que David, chargé d’organiser la cérémonie, lui rende également hommage par un tableau.

Le culte de Bara a donné lieu à la publication de très nombreuses gravures, la plupart éditées immédiatement après le décret de la Convention du 7 mai 1794 (18 floréal an II) qui exigeait que les honneurs du Panthéon lui soient rendus. Dans ces gravures, Bara est très souvent représenté vêtu de l’uniforme des hussards, plus rarement sous les habits d’un tambour. D’autres images reprendront également des éléments allégoriques de la cérémonie du Panthéon imaginée par David. Celui-ci interpellé par Barère à la Convention accepta de tracer l’image du jeune martyr afin qu’elle soit exposée « dans toutes les écoles primaires ». Apparemment, David n’eut le temps d’en élaborer qu’une ébauche : un enfant nu, aux allures androgynes dans une position alanguie. Bara vient d’être percé de coups et on devine sur la gauche du tableau un drapeau et un soldat témoins de la scène dramatique qui vient de se dérouler. L’enfant serre dans sa main droite une cocarde et une lettre dont on peut penser qu’elle était adressée – ou faisait allusion – à sa mère, artifice déjà utilisé par David dans son Marat, autre représentation symbolique et dramatique d’un martyr de la Révolution. Dans son discours devant la Convention le 11 juillet 1794 (23 messidor an II), David présenta son plan d’organisation de la cérémonie et évoqua la mort de Bara : « Sommé par des brigands de crier Vive le Roi ! A l’instant, percé de coups, il tombe en pressant sur son cœur la cocarde tricolore ; il meurt pour revivre dans les fastes de l’histoire. » La fête qui était prévue le 10 thermidor fut finalement annulée en raison des événements de la veille.

Pour Robespierre ou Barère, les deux députés, le jeune martyr incarne la Révolution, dont il est le produit. Il symbolise la vertu qui en cette fin 1793 manque à une République atteinte par les scandales qui touchent Danton, Hébert et Fabre d’Eglantine. Bara permet également au Comité de salut public de reprendre en main les cultes populaires qui, comme ceux de Marat ou de Le Peletier, favorisaient la déchristianisation contre laquelle lutte Robespierre. Dans son ébauche comme dans son plan d’organisation de la cérémonie de panthéonisation, David évoque symboliquement ces débats idéologiques et politiques. Autre figure héroïque de la Révolution qui lui est fréquemment associée, Viala a lui aussi fait l’objet aux côtés de Bara d’un véritable « culte » que l’on peut observer dans l’imagerie militaire ou dans les écrits de Charles Nodier ; les deux personnages occupent une place importante dans le panthéon républicain.

Collectif Joseph Bara : (1779-1793). Pour le deuxième centenaire de sa naissance Paris, Société des études robespierristes, 1981.

Louis PHILIPON DE LA MADELEINE Agricole Viala, ou je Jeune Héros de la Durance : fait historique et patriotique, acte en prose, mêlé de chant Paris, Hachette, 1975.

Charles NODIER Portraits de la Révolution et de l’Empire Paris, Tallandier, 1988.

Pierre NORA (dir.) Les Lieux de mémoire , tome I, « La République »Paris, Gallimard, 1984, rééd. coll.« Quarto », 1997.

Pascal DUPUY, « La mort de Bara », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 22/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/mort-bara

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

David, artiste révolutionnaire

David, artiste révolutionnaire

De l’artiste libéral au député de la Convention

Le Salon de peinture du Louvre de 1789 présente une nouvelle série d’oeuvre commandées depuis…

David, artiste révolutionnaire
David, artiste révolutionnaire
Le procès de Danton et des Indulgents

Le procès de Danton et des Indulgents

L’élimination des factions

Dès le 5 nivose an II (25 décembre 1793), Robespierre dénonce les « enragés », dirigés par Hébert, et les « indulgents…

La guerre de Vendée vue par la III<sup>e</sup> République

La guerre de Vendée vue par la IIIe République

La chouannerie

La chouannerie, opposition armée des paysans de l’Ouest de la France aux assemblées révolutionnaires, est un thème de prédilection…

Le siège de Granville pendant la Révolution française

Le siège de Granville pendant la Révolution française

La Virée de Galerne

En novembre 1793, les contre-révolutionnaires vendéens se retrouvent aux portes de Granville, localité qu’ils assiègent dans…

Un couple dans la tourmente révolutionnaire

Un couple dans la tourmente révolutionnaire

Dès avant la prise de la Bastille, Camille Desmoulins fut un orateur très écouté dans les jardins du Palais-Royal. Député montagnard à la…

L'exécution de Marie-Antoinette

L'exécution de Marie-Antoinette

Depuis sa fuite et son arrestation à Varennes en juin 1791, le sort de la famille royale était en suspens. La journée insurrectionnelle du 10 août…

Guerres navales révolutionnaires

Guerres navales révolutionnaires

Le 13 prairial an II (1er juin 1794), l’escadre de Brest aux ordres de l’amiral Villaret de Joyeuse parvint à assurer le passage d’un convoi de…

La première abolition de l'esclavage  en 1794

La première abolition de l'esclavage en 1794

La situation des colonies en 1794

Si les théories humanitaires des philosophes sont largement diffusées, notamment par la Société des Amis des…

La première abolition de l'esclavage  en 1794
La première abolition de l'esclavage  en 1794
La première abolition de l'esclavage  en 1794
La première abolition de l'esclavage  en 1794
La mort de Bara

La mort de Bara

Né en 1779, Joseph Bara est le fils du garde-chasse du seigneur de Palaiseau. Alors que ses deux frères aînés, engagés dans les armées…

La fin d'Hébert et des Enragés

La fin d'Hébert et des Enragés

L’appel à une nouvelle insurrection sans-culotte

Depuis 1790, Jaques-René Hébert publie Le Père Duchesne dont le langage cru remporte un vif succès…