Aller au contenu principal
La Garde nationale célèbre dans la cour du Palais-Royal, l'anniversaire de la naissance du roi

La Garde nationale célèbre dans la cour du Palais-Royal, l'anniversaire de la naissance du roi

Bivouac de la Garde nationale dans la cour des Tuileries.

Bivouac de la Garde nationale dans la cour des Tuileries.

Louis-Philippe Ier au milieu de la Garde nationale.

Louis-Philippe Ier au milieu de la Garde nationale.

La Garde nationale célèbre dans la cour du Palais-Royal, l'anniversaire de la naissance du roi

La Garde nationale célèbre dans la cour du Palais-Royal, l'anniversaire de la naissance du roi

Date de création : 1837

Date représentée : 6 octobre 1830

H. : 90 cm

L. : 90 cm

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© GrandPalaisRmn (Château de Versailles) / Franck Raux

Lien vers l'image

MV 1817 - 99-020553

La Garde nationale, soutien de la monarchie de Juillet

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Mathilde LARRÈRE

Au milieu des troubles

Louis-Philippe est installé sur le trône à l’issue des « Trois Glorieuses », mais l’état de grâce que connaît le nouveau régime ne dure pas. Dès la mi-septembre 1830, une agitation endémique le déstabilise. Les anciens ministres de Charles X doivent être jugés : les républicains réclament la peine de mort ; les orléanistes veulent l’éviter. De sérieux troubles éclatent en octobre 1830. Au moment du procès, en décembre, la capitale est en état de quasi-insurrection. Sortie indemne de l’épreuve du procès, la monarchie est sérieusement menacée par l’émeute républicaine des 5 et 6 juin 1832.

Pour réprimer ces troubles, le pouvoir fait appel à la garde nationale. L’institution citoyenne, créée en 1789, dissoute sous la Restauration, a été réorganisée par la monarchie de Juillet. Les toiles de Gassie, Biard et Dubois représentent toutes trois la garde nationale de Paris en ces temps troublés du début du règne des Orléans.

La garde nationale contre les désordres

Ces trois scènes historiques ont une composition similaire : des gardes nationaux sont présentés comme pris sur le vif ; au dernier plan, un monument facilement identifiable permet de situer la scène (façade du palais des Tuileries, galeries du Palais-Royal, arc de triomphe du Carrousel). Tous les gardes représentés sont en uniforme : les buffleteries blanches croisées sont l’apanage du corps ; les bonnets à poil (principalement dans le tableau de Gassie) permettent de reconnaître les grenadiers[1], cependant que les quelques pantalons rouges identifient les officiers d’état-major.

Le tableau de Dubois présente le roi dans la cour du Palais-Royal (2), entouré de l’affection des gardes nationaux qui célèbrent son anniversaire. En réalité, le 6 octobre 1830, seul un détachement de soixante grenadiers de service au poste du Palais-Royal était venu présenter ses hommages au roi. Le peintre figure un nombre supérieur de gardes, en présence de l’état-major et de la cavalerie ; il fait ainsi du geste de quelques soldats l’hommage de toute la garde au souverain.

Si le tableau de Dubois ne laisse pas transparaître l’agitation du mois d’octobre 1830, les toiles de Gassie et Biard expriment, elles, toute la tension des événements. La juxtaposition des figures est très dense ; dans ces scènes nocturnes, l’obscurité n’est que faiblement dissipée par la lumière de rares feux ; les groupes se mêlent, les regards se croisent et fuient le spectateur, les armes s’entrelacent.

Le tableau de Gassie représente des détachements dans la cour des Tuileries, le 22 décembre 1830. La veille, l’arrêt de la Cour des pairs a sauvé les ministres de la peine de mort, et la journée du 22 a été particulièrement troublée. Les gardes passent la nuit dans le froid de l’hiver. La scène a des allures d’armée en campagne, et le fait que le peintre a choisi de coiffer la plupart des gardes du bonnet à poil (alors que la majorité des gardes nationaux portaient le shako) renforce la similitude avec l’iconographie des glorieuses armées napoléoniennes. Enfin, le tableau de Biard présente le roi au milieu des gardes, bivouaquant au Carrousel par une nouvelle nuit de troubles et assemblés pour la défense de la monarchie.

Le soutien des hommes armés de la nation

Les trois toiles ont pour point commun de figurer la garde nationale soutenant le régime orléaniste menacé. Elles se situent dans l’espace du pouvoir royal. Dans les tableaux de Biard et de Dubois, Louis-Philippe, en uniforme de la garde, apparaît en frère d’armes. Ces tableaux mettent en scène un pouvoir qui ne se maintient pas uniquement par la répression armée, mais qui s’appuie sur l’adhésion des gardes nationaux.

Parce qu’elle assemblait, pendant la Révolution française, les citoyens « actifs » jouissant du droit de vote, la garde nationale apparaît encore sous la monarchie de Juillet comme une institution citoyenne, alors que la plupart de ses membres sont exclus du suffrage. De plus, la participation de la garde à la prise de la Bastille, son rôle dans la défense de Paris en 1814 et sa renaissance pendant les « Trois Glorieuses » lui confèrent une importance symbolique.

Par la mise en scène de l’adhésion de la garde nationale, la monarchie orléaniste se présente comme un régime attaché aux principes de 1789 et de 1830, et jouissant d’une certaine légitimité populaire.

Louis GIRARD, La Garde nationale 1814-1871, Paris, Plon, 1964.

Michael MARRINAN, Painting Politics for Louis-Philippe. Art and Ideology in Orleanist France, Yale University Press, 1988.

Philippe VIGIER, La Monarchie de Juillet, « Que sais-je ? », Paris, PUF, 1982.

1. Compagnie d’élite de la garde nationale. Sinon, les légions sont généralement composées de « chasseurs ». Seuls les grenadiers portent le bonnet.

2. C’est alors encore la résidence royale. Louis-Philippe et sa famille ne quitteront le Palais-Royal pour les Tuileries qu’en 1831.

Mathilde LARRÈRE, « La Garde nationale, soutien de la monarchie de Juillet », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 11/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/garde-nationale-soutien-monarchie-juillet

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Albums liés

Découvrez nos études

Image de la Commune : la barricade du boulevard Puebla

Image de la Commune : la barricade du boulevard Puebla

Les barricades de la Commune

Parmi les images de la Commune s’impose souvent celle de la barricade avec ses tas de pavés derrière lesquels sont…

La Révolte des canuts

La Révolte des canuts

Le 20 novembre 1831 l’association mutuelle des chefs d’atelier de soierie décide la grève générale pour obliger les fabricants à respecter le…

La Révolte des canuts
La Révolte des canuts
Le Chômage à Paris et à Lyon en 1831

Le Chômage à Paris et à Lyon en 1831

Le paupérisme

L’arrivée de Louis-Philippe au pouvoir en juillet 1830 suscite le ressentiment des républicains, très vite doublé de la question…

Le Chômage à Paris et à Lyon en 1831
Le Chômage à Paris et à Lyon en 1831
La Chute de la royauté

La Chute de la royauté

A l’été 1792, les conflits intérieurs s’aggravent avec les défaites militaires : l’Assemblée crée un camp des Fédérés près de Paris. Le roi y…

L’abolition de la Royauté - 21 septembre 1792

L’abolition de la Royauté - 21 septembre 1792

Le 21 septembre 1792, la Convention nationale décrète l’abolition de la royauté. Ce décret met fin à la longue décadence du pouvoir monarchique…

La guerre de Vendée

La guerre de Vendée

L’Ouest catholique et royaliste manifeste très tôt une vive opposition aux bouleversements créés par les événements révolutionnaires de 1789. La…

Armes du peuple, armes du juste milieu

Armes du peuple, armes du juste milieu

La Caricature contre la monarchie de Juillet

« Nous cherchons à nous tenir dans le juste milieu, également éloigné des excès du pouvoir populaire…

L’écrasement de la Commune

L’écrasement de la Commune

L’écrasement de la Commune

Proclamée en mars 1871 dans la capitale assiégée par les troupes allemandes, la Commune de Paris est une tentative de…

Louis-Philippe, « roi des Français »

Louis-Philippe, « roi des Français »

Les 27, 28 et 29 juillet 1830 – les Trois Glorieuses –, la révolution parisienne triomphait de l’autoritarisme et des ordonnances de Charles X. Le…

La Garde nationale, soutien de la monarchie de Juillet

La Garde nationale, soutien de la monarchie de Juillet

Au milieu des troubles

Louis-Philippe est installé sur le trône à l’issue des « Trois Glorieuses », mais l’état de grâce que connaît le nouveau…

La Garde nationale, soutien de la monarchie de Juillet
La Garde nationale, soutien de la monarchie de Juillet
La Garde nationale, soutien de la monarchie de Juillet