Marie-Thérèse Charlotte de France, dite Madame Royale
Collier
Boucle d'oreille
Bracelet
Marie-Thérèse Charlotte de France, dite Madame Royale
Auteur : CAMINADE Alexandre François
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date de création : 1834
H. : 256,5 cm
L. : 181,5 cm
Huile sur toile.
Domaine : Peintures
© Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin
MV 4797 - 14-503500
Bijou néogothique et néo antique
Date de publication : Mars 2008
Auteur : Jacqueline VIRUEGA
L’historicisme du XIXe siècle doit beaucoup au romantisme. Rompant avec la religion de l’Antiquité, le romantisme multiplie les sources d’inspiration, redécouvrant avec enthousiasme le Moyen-Âge. La première aventure néogothique a lieu sous la Restauration, ce qu’Henri Vever explique par un besoin de poésie, d’imagination, de pittoresque. Les bijoux néogothiques, en or et en argent, s’ornent de motifs d’ogives, d’arcs brisés, de tours crénelées, de dames et de chevaliers. Les bijoutiers trouvent leur inspiration dans les romans de Walter Scott, qui décrivent un haut Moyen-Âge de fantaisie. Le style néogothique connaît sa plus grande vogue sous la Monarchie de Juillet ; Victor Hugo publie Notre-Dame-de-Paris (1831) ; les bijoutiers traduisent ce langage en orfèvrerie et en ciselures, créant un « attirail féodal » (Vever) ornés de motifs de casques, de blasons, d’écussons, de chevaliers.
Le style néo-Renaissance réinterprète les bijoux du XVIe siècle, en s’inspirant de Holbein, de Vinci ou de Raphaël et en puisant dans le répertoire architecturale de la cour de François Ier. Les bijoutiers de la période romantique se sont illustrés dans les deux genres, en les mêlant quelquefois dans la même œuvre.
Les artistes font ensuite revivre, des années 1850 jusqu’aux années 1890, l’Antiquité gréco-latine et moyen-orientale. Les chantiers archéologiques en Italie et en Asie mineure, qui mettent au jour de nombreux objets d’art romains, étrusques, troyens ou supposés tels ; le creusement du canal de Suez qui provoque un engouement pour l’Égypte, renouvellent l’intérêt pour ces genres. Eugène Fontenay (1824-1887) s’illustre dans la création de bijoux rappelant l’art grec ou romain, d’une « fabrication parfaite ». Il crée par exemple des boucles d’oreille et des broches dans lesquelles sont enchâssés de minuscules sujets d’émaux inspirés des fresques murales retrouvées à Pompéi.
La boucle de ceinture et le bracelet de la parure de la duchesse d’Angoulême, belle-fille de Charles X, imitent le genre « à la cathédrale », le collier et les boucles d’oreille semblant curieusement assez peu assortis. Les bijoux de la fin de la Restauration dits à la Cathédrale sont souvent plus extravagants que ceux du portrait : boucles de ceinture représentant des scènes de pèlerinage, croix grecques ou latines, croix de Malte ou de Jérusalem, rosaires arborés en parures.
Le collier dit chaîne gothique, offert en 1830 par la reine Hortense à sa nièce Amélie impératrice du Brésil, en or orné d’opales, de rubis et d’émeraudes, est tout à fait typique du romantisme français de la première moitié du XIXe siècle. Sur les médaillons figurent des lettres gothiques qui forment la dédicace « ton Hortense ». La croix en pendentif est gravée de deux mains unies, symbole de foi.
La boucle d’oreille, simple et élégante, imite une gravure antique en camée de cristal cerclé d’or. Ce gracieux spécimen du goût antique du XIXe siècle est malaisé à dater avec précision.
Enfin le bracelet est signé par Alexis Falize (1811-1898), spécialiste des émaux. C’est un large cercle d’or rigide à cliquet, couverts d’émaux qui imitent des motifs médiévaux. La date de fabrication, 1880, figure parmi les motifs émaillés en lettres gothiques. Cette interprétation très personnelle et originale du néogothique est due à un des grands artistes du XIXe siècle, qui a redécouvert les émaux de Limoges.
Les meilleurs bijoux historicisants appartiennent à la catégorie des bijoux d’art, destinés à une clientèle soucieuse d’originalité. Ce style représente une voie de créations remarquables. Ces ornements emploient peu de pierres précieuses et de perles de grande valeur mais des émaux, des perles baroques, des pierres non taillées en cabochon. Ils privilégient l’or et l’argent, gravés, ciselés, travaillés selon des techniques anciennes retrouvées, comme le repoussé, la nielle ou le filigrane. Le repoussé est une technique d’orfèvrerie destinée à obtenir un relief sur une surface de métal, à la main, au marteau ou au ciselet. La nielle est une incrustation d’émail noir à base de sulfures métalliques sur un fond d'argent. Le filigrane décore des surfaces de métal avec des fils très fins soudés sur un fond, procédé attribué aux Étrusques.
Le travail et l’inventivité qu’exigent ces bijoux expliquent a contrario que le public se soit détourné des ornements moins réussis qui imitent le passé sans imagination. Le style historicisant est délaissé dans la décennie 1890, au moment où apparaît l’Art nouveau.
Henri VEVER La bijouterie française au XIXe siècle 1800-1900 Paris, H.Fleury, 1906-1908.
Sociétés & Représentations(n° 20, 2005) « Puissances du gothique »
Néogothique : Mouvement artistique apparu à la fin du XVIIe siècle et qui court tout au long du XIXe siècle, inspiré par l’art du Moyen Âge, particulièrement par l’art gothique.
Jacqueline VIRUEGA, « Bijou néogothique et néo antique », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/bijou-neogothique-neo-antique
Notice du Collier de la reine Hortense
Lien à été copié
Découvrez nos études
Bijou néogothique et néo antique
L’historicisme du XIXe siècle doit beaucoup au romantisme. Rompant avec la religion de l’Antiquité, le romantisme multiplie les sources…
Bijou de grand apparat
Pour assurer sa descendance, Napoléon Ier prend en 1810 une nouvelle épouse, l’archiduchesse Marie-Louise, fille de l’empereur d’…
Bijou utilitaire
La spécialité bijoutière de la chaîne ne cesse de croître tout au long du XIXe siècle, notamment sous le Second Empire. Les chaînes d’…
L'impératrice Joséphine
Marie-Josèphe Rose Tascher de la Pagerie (1763-1814) naquit à la Martinique dans une famille installée aux Îles depuis un demi-siècle. Après une…
Bijou romantique
Après d’autres pays européens comme l’Angleterre, le romantisme s’épanouit en France avec la décennie 1820. Le mouvement culturel le plus…
Élisabeth Ire
Le portraitiste américain George Healy (1813-1894) a réalisé la copie du célèbre Portrait à l…
L'Artisanat de tranchée
Jusqu’à la Première Guerre mondiale, la durée des conflits est en général assez réduite. Sauf lors des sièges, les batailles…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel