Aller au contenu principal
Pavillon Primavera.

Pavillon Primavera.

Pavillon Primavera. Intérieur.

Pavillon Primavera. Intérieur.

Pavillon Primavera.

Pavillon Primavera.

Date de création : 1925

Date représentée : 1925

Atelier d'Art des Grands Magasins du Printemps.Série : Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925. Architecte : Henri Sauvage assisté de Georges Wybo.

Domaine : Architecture

© Ministère de la Culture / Médiathèque du Patrimoine, Dist. RMN - Grand Palais / Droits réservés

http://www.photo.rmn.fr

09-564304 / EAD 343 N

Primavera, l'atelier d'art des magasins du Printemps

Date de publication : Décembre 2009

Auteur : Fabienne FRAVALO

Les ateliers d’art des grands magasins

Afin de développer les arts décoratifs modernes et de favoriser leur diffusion, René Guilleré, fondateur de la Société des artistes décorateurs, convainc dès 1912 les grands magasins du Printemps de faire produire des ensembles de meubles et d’objets d’art par des ateliers artisanaux. Conçue sous la direction d’artistes en vogue comme Charlotte Chauchet, l’épouse de Guilleré, leur production est baptisée « Primavera », nom qui, par son étymologie latine, renvoie habilement à celui du magasin. Après la Première Guerre mondiale, le grand magasin est imité par ses confères. Maurice Dufrêne est ainsi appelé à la tête des ateliers de la « Maîtrise » par les Galeries Lafayette en 1922, et Paul Follot par le Bon Marché pour diriger « Pomone » l’année suivante. Les magasins du Louvre se tournent quant à eux vers Kohlmann pour leur « Studium ». En 1925, l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, coorganisée par le ministère du Commerce, fait de ces quatre ateliers des attractions majeures de la manifestation en leur attribuant à chacun un des angles de l’esplanade des Invalides, au cœur de la section française. Chaque enseigne rivalise d’audace, confiant l’édification de son pavillon à un architecte de renom. Henri Sauvage, associé à Georges Wybo, architecte en chef du magasin, est ainsi choisi par le Printemps.

Un thème : la maison d’un artiste

Obéissant à des contraintes de profil et de gabarit imposées par le règlement de l’Exposition de 1925, le pavillon Primavera se distingue néanmoins de ses concurrents par l’originalité de son parti architectural. Délaissant presque toute interprétation monumentale classique, il assume pleinement la structure en béton armé de son toit cônique (élaborée par les frères Perret), lequel vient couvrir des murs bas disposés sur un plan octogonal. Les critiques les plus acerbes de la manifestation l’ont d’ailleurs assimilé à une « hutte ». Cette apparence de prime abord un peu brute est cependant compensée par la préciosité des revêtements décoratifs : lap d’or (ciment mêlé de filaments d’or) pour les murs du soubassement, mosaïque noire et or pour leur corniche, paille compressée et galets de verre coloré de Lalique pour la toiture… Une multitude de fleurs et de généreux éclairages dissimulés dans les jardinières complètent cette riche ornementation.

Évoquant un temple, ce bâtiment inédit abrite un intérieur à la fois moderne et raffiné, conçu selon le souhait du Printemps comme celui d’un artiste. Son aménagement réalisé par les différents ateliers de Primavera contraste assez fortement avec l’aspect extérieur, comme le montre la vue du vaste salon. Tout le mobilier de cette pièce répond à un esprit de confort moderne : le large divan, les tapis aux motifs géométriques, la petite table basse aux lignes épurées, le piano sur colonnes où trône une grosse lampe à l’abat-jour plissé. Invitant à la contemplation et à la rêverie esthétique, les objets d’art disposés dans cette salle de réception en accentuent encore l’atmosphère élégante et raffinée.

Un nouvel art de vivre

L’aménagement intérieur du pavillon Primavera, véritable démonstration des possibilités créatives des ateliers du Printemps, révèle tout aussi clairement les principes directeurs du grand magasin : il s’agit de proposer à la clientèle un décor harmonieux, confortable et conçu comme un tout. Pensée différemment selon qu’elle s’adresse à un homme ou à une femme, la décoration prend aussi en compte sa profession : le pavillon de 1925 correspond ainsi à la demeure d’un artiste masculin. Les décorateurs prêtent autant d’attention au mobilier qu’aux accessoires : des papiers peints aux lampes, des tentures aux verreries, céramiques et statuettes, tous les éléments ont de l’importance. Pour le Printemps, la production de ses ateliers d’art doit à la fois s’inspirer du passé, source de raffinement revendiquée par les tenants de l’Art déco, et s’inscrire dans son temps. Avec ses millions de visiteurs, l’Exposition de 1925 a grandement contribué à la diffusion internationale de ce nouvel art de vivre.

Myriam BACHA (dir.), catalogue de l’exposition Les Expositions universelles à Paris, 1855-1937, Paris, Action artistique de la Ville de Paris, 2005.Jean-Baptiste MINNAERT, Henri Sauvage ou l’exercice du renouvellement, Paris, I.F.A.-Norma éditions, 2002.Paul SENTENAC, « Le Pavillon de Primavera », La Renaissance de l’art français et des industries de luxe, août 1925, p. 370-373.Emmanuel BRÉON, Dominique ESCANDE, Claude LOUPIAC, Alain MANIER et Isabelle MARINONE, Création et vie artistique au temps de l’exposition de 1925, Paris-Vienne, C.N.D.P.-Futuroscope, coll. « Histoire des arts », 2006.

Fabienne FRAVALO, « Primavera, l'atelier d'art des magasins du Printemps », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 24/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/primavera-atelier-art-magasins-printemps

Anonyme (non vérifié)

Chère Fabienne,

Bel article.

Charlotte Chauchet-Guilleré est (était)ma tante.

Cordialement. michel guilleré
****@yahoo.fr

mar 19/07/2011 - 18:21 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Vous pouvez voir aussi, dans la revue de la société des amis du musée national de céramique, Sèvres, "Colette Guéden (1905–2000)
Primavera et la céramique" par A Lajoix....

dim 06/05/2012 - 17:31 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Chère Madame,
Je vous adresse toutes mes félicitations pour votre article pédagogique et très instructif. Je me permets une question concernant les objets d'art ; à votre connaissance les magasins Primavera ont-ils vendu (et donc édité sous leur label) des sculptures sur bois en taille directe ? Je vous le demande parce que possède de famille un bas relief signé d'un monogramme suivi de "Primavera" justement Merci et bonne continuation

jeu 07/11/2013 - 21:08 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Le Pavillon des Artisans français contemporains

Le Pavillon des Artisans français contemporains

Les arts décoratifs à l’Exposition de 1925

Dédiée à la diffusion et à la promotion des arts décoratifs, l’Exposition internationale de 1925…

Le Pavillon des Artisans français contemporains
Le Pavillon des Artisans français contemporains
Le Pavillon des Artisans français contemporains
Atelier de la princesse Marie d'Orléans

Atelier de la princesse Marie d'Orléans

Marie d’Orléans (1813-1839) était la troisième des dix enfants de Louis-Philippe et de Marie Amélie de Bourbon-Sicile. Elle eut un destin original…

L'ancêtre des Expositions universelles

L'ancêtre des Expositions universelles

L’industrie exposée pour relancer l’économie française

La première exposition des produits de l’industrie française eut lieu en 1798 à l’…

L'ancêtre des Expositions universelles
L'ancêtre des Expositions universelles
Primavera, l'atelier d'art des magasins du Printemps

Primavera, l'atelier d'art des magasins du Printemps

Les ateliers d’art des grands magasins

Afin de développer les arts décoratifs modernes et de favoriser leur diffusion, René Guilleré, fondateur de…

Primavera, l'atelier d'art des magasins du Printemps
Primavera, l'atelier d'art des magasins du Printemps
La réforme des « Arts and Crafts »

La réforme des « Arts and Crafts »

Le Moyen Âge, un paradis sur terre

Premier État capitaliste, l’Angleterre connaît dès le milieu du XVIIIe siècle une révolution…

La colonie d'Haute-Claire : artisanat et nostalgie

La colonie d'Haute-Claire : artisanat et nostalgie

Objets d’art : les voies d’une reconnaissance

Présenté comme un « âge d’or des arts décoratifs », le XIXe siècle, matérialiste et…

La colonie d'Haute-Claire : artisanat et nostalgie
La colonie d'Haute-Claire : artisanat et nostalgie
Un style Restauration ?

Un style Restauration ?

Le retour des Bourbons aux Tuileries

Le retour des Bourbons sur le trône de France s’effectua au lendemain du désastre de Waterloo, alors que l’…

Un style Restauration ?
Un style Restauration ?
Le renouveau médiéval

Le renouveau médiéval

Conscience nationale et guerres antinapoléoniennes

Dans une Allemagne dépourvue d’unité politique mais unie dans sa volonté de se soustraire à la…

L'Hôtel du Collectionneur - pavillon Ruhlmann

L'Hôtel du Collectionneur - pavillon Ruhlmann

Un pavillon d’exposition éphémère

Dans l’esprit de ses organisateurs, l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de…

L'Hôtel du Collectionneur - pavillon Ruhlmann
L'Hôtel du Collectionneur - pavillon Ruhlmann
L'Hôtel du Collectionneur - pavillon Ruhlmann
L'Hôtel du Collectionneur - pavillon Ruhlmann
Le métro selon Hector Guimard

Le métro selon Hector Guimard

Paris, œuvre d’art

Cliché fermement associé à la ville de Paris, sans cesse renouvelé par le cinéma ou les reportages télé, le « style nouille »…

Le métro selon Hector Guimard
Le métro selon Hector Guimard