Accords de Munich. Poignée de main entre Mussolini et Daladier
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : France, Paris, Gamma-Rapho-Keystone
site web
Date de création : 30 septembre 1938
Date représentée : 30 septembre 1938
Personnages représentés : Benito Mussolini, Édouard Daladier, Adolf Hitler, Arthur Chamberlain.
Tirage photographique.
© Keystone-France/Gamma Rapho
3570629
Les Accords de Munich
Date de publication : Septembre 2005
Auteur : Charlotte DENOËL
Les ambitions militaires du IIIe Reich
Parallèlement à la mise en place d’un régime autoritaire en Allemagne lors de son arrivée au pouvoir le 30 janvier 1933, Hitler rompit aussitôt avec la politique de désarmement mise en place sous l’égide de la Société des nations, prenant une série de mesures qui mirent en péril la paix internationale et violant les clauses du traité de Versailles de 1919. Entre 1935 et 1938, Hitler reconstitua ainsi une aviation militaire et rétablit le service militaire obligatoire (mars 1935), occupa la Rhénanie (mars 1936), zone démilitarisée en vertu du traité de Versailles, se rapprocha de l’Italie mussolinienne avec laquelle il traça l’Axe Rome-Berlin (octobre 1936) et entreprit de rattacher à l’Allemagne les minorités germaniques. Il réalisa ainsi l’Anschluss le 12 mars 1938, annexant la totalité de l’Autriche, avant d’exiger la cession du territoire des Sudètes en Tchécoslovaquie sur lequel vivaient trois millions d’Allemands. Composée de différents peuples, la République tchèque, qui avait été créée à l’occasion des traités de paix de 1919 et 1920, occupait en Europe une position doublement stratégique, par sa situation géographique centrale d’une part, par la solidité de son gouvernement et de son économie d’autre part. Par ailleurs, elle était l’alliée de l’Union soviétique et de la France qui avait accordé sa protection militaire à la Petite-Entente – constituée en 1921 entre la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et la Roumanie, inquiètes des velléités expansionnistes de la Hongrie – et signé un traité d’alliance avec la Tchécolovaquie en 1925. Ces éléments expliquent pourquoi les revendications sans cesse croissantes de Hitler sur la région des Sudètes à partir de 1938 suscitèrent bien des remous au sein de l’opinion internationale, divisée sur les intentions du Führer et sur la conduite à adopter.
Munich ou la paix à tout prix
Afin de résoudre la crise, Hitler proposa in extremis, par l’entremise de Mussolini, une conférence entre la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et l’Allemagne. Celle-ci se tint à Munich les 29 et 30 septembre 1938 en l’absence de la Tchécoslovaquie et déboucha sur des accords entre les représentants des quatre pays cités, Chamberlain, Daladier, Mussolini et Hitler, ainsi que le montre une photographie de l’époque qui représente la poignée de main qu’échangèrent Daladier et Mussolini. Ces accords, qui consacraient le démantèlement de la Tchécoslovaquie et le rattachement des Sudètes à l’Allemagne, malgré l’alliance conclue entre la France et la Tchécoslovaquie, furent motivés par une volonté de sauvegarder la paix en Europe et par l’incapacité des démocraties occidentales à constituer un front uni face à l’Axe. Plusieurs éléments dans la photographie des accords de Munich illustrent ce clivage qui existait entre le camp des bellicistes et celui des pacifistes : si Daladier et Chamberlain, debout côte à côte, portent des habits civils, Mussolini et Hitler, qui leur font face, sont revêtus, le premier de l’uniforme militaire, le second d’une vareuse ornée des insignes du parti nazi ; de même, la tête baissée de Daladier serrant la main à Mussolini qui, quant à lui, relève fièrement la tête comme Hitler, un sourire de satisfaction aux lèvres, suggère le sentiment de honte et d’impuissance que paraît alors éprouver Daladier qui, en acceptant de signer cet accord, ne fit qu’inciter Hitler à poursuivre sa politique d’expansion. Riche de sens, cette image traduit bien l’importance prise par la photographie durant l’entre-deux-guerres, grâce à la vogue des journaux illustrés. L’impact de ce procédé sur les mentalités s’avère d’autant plus fort qu’il est en mesure de montrer l’histoire en train de se faire et d’interpréter les événements à travers le choix d’un cadrage particulier.
La marche à la guerre
Largement diffusée comme nombre d’autres, cette photographie a ainsi pu contribuer à susciter des réactions diverses au sein de la population, partagée entre une impression amère de défaite et un sentiment de « lâche soulagement ». Ce dernier fut cependant de courte durée : loin de constituer une garantie pour la paix en Europe, ceux-ci furent rompus quelques mois plus tard par Hitler qui envahit la Tchécoslovaquie en mars 1939, puis signa le 23 août un pacte avec la Russie, qui avait été écartée des accords de Munich, et envahit la Pologne, alliée à la France (1er septembre) – agression qui entraîna l’entrée de la France et de la Grande-Bretagne dans la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs facteurs expliquent cette attitude passive adoptée par les dirigeants français et britanniques à l’occasion des accords de Munich et aussitôt dénoncée par les antifascistes comme une trahison et une abdication : en effet, si la France et la Grande-Bretagne sous-estimaient le danger hitlérien, la mauvaise conjoncture économique, les nombreuses tensions sociales, les divergences qui existaient au sein de l’opinion, partagée entre la lutte contre le fascisme et celle contre le communisme, l’opposition de la droite et de la gauche en France, les contradictions internes à ces partis et le traumatisme causé par la guerre de 1914-1918 doivent également être pris en compte pour bien comprendre l’état d’esprit des dirigeants de l’époque.
Les Années trente. De la crise à la guerre Paris, Le Seuil-L’Histoire, coll. « Points Histoire », 1990.
Jean-Pierre AZEMA, De Munich à la Libération (1938-1944), Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 1979.
Serge BERSTEIN, La France des années trente, Paris, A.Colin, 1988.
Jean-Baptiste DUROSELLE, La Décadence, 1932-1939, Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 1983.
Pierre MILZA, Les Fascismes, Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 1991.
Anschluss : Annexion de l’Autriche par l’Allemagne du IIIe Reich, suite à l’entrée des armées d’Hitler dans le pays le 12 mars 1938. Ce rattachement est appelé Anschluss.
Charlotte DENOËL, « Les Accords de Munich », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/accords-munich
Lien à été copié
Découvrez nos études
Tentatives d’assassinat contre Hitler
Si plusieurs attentats ont été organisés contre Hitler de 1938 à 1945, les deux plus marquants sont incontestablement…
La propagande hitlérienne
Dans les années 1920 en Allemagne, le refus des conditions imposées par les vainqueurs lors du traité…
Berlin dans les années 30 : entre frénésie et chaos
La Première Guerre mondiale et la défaite allemande ont eu d’importantes conséquences politiques et économiques. D’une…
Les Accords de Munich
Parallèlement à la mise en place d’un régime autoritaire en Allemagne lors de son arrivée au…
Pierre Laval, le collaborateur en chef
Le 19 décembre 1942, Pierre Laval, chef du gouvernement de Vichy, rencontre Hitler dans son Wolfsschanze («…
L'homme aux couteaux entre les dents, revisité
La Section française de l’Internationale communiste (S.F.I.C.) est née en novembre 1920 de la scission entre socialistes et communistes, lors du…
L'exposition d'art dégénéré en 1937
Pris lors de l’exposition Entartete Kunst organisée en 1937 à Munich par les nazis, ce cliché du…
Hitler dresse le cousin russe
Le 23 août 1939, l’URSS et le IIIe Reich concluent le Traité de non-agression entre l’Allemagne…
Une Victoire à la pire-russe
Au mois d’octobre 1942, Adolf Hitler est en passe de réussir son pari. Pour cette deuxième offensive estivale, après…
Faute de main
Le 15 mai 1938, certains journaux allemands et britanniques consacrent leur une à un événement sportif dépassé par son enjeu…
Lyes Belkacem
Voila la vraie France, elle ne changera jamais ˇˇ Pays traitre ˇˇ
denisdesaintlauent
j'adore c'est super bien fait
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel