Troupe militaire progressant à travers les décombres
Auteur : GODET Camille
Lieu de conservation : musée des Beaux-Arts (Rennes)
site web
Date de création : 1917
Date représentée : 1917
H. : 31 cm
L. : 20,2 cm
Encre de Chine et aquarelle sur papier
Domaine : Dessins
© MBA, Rennes, Dist. RMN - Grand Palais / Louis Deschamps
INV 1990-2-10 - 06-500673
Les Bretons dans la guerre de 1914-1918
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Patrick DAUM
Les Bretons dans la guerre
Le nombre des Bretons tués au cours de la Grande Guerre est estimé à 130 000, ce qui représente un pourcentage de combattants morts supérieur à celui de l’ensemble de la France. Les Bretons, dont la ténacité était bien connue du haut commandement, ont souvent été utilisés pour « tenir » des positions là où d’autres régiments lâchaient prise. Cette population, fortement rurale, d’un naturel assez discipliné, peu revendicative, constituait une « chair à canons » idéale, renouvelée par une forte natalité.
L’année 1917 est traversée par une profonde crise et une usure qui gagnent les combattants, après l’effroyable boucherie de la bataille de Verdun et le désastre de l’offensive du Chemin des Dames. Le désespoir des « poilus » se traduit par des mutineries dont la répression est confiée au général Pétain. Une série de procès et de condamnations à mort « pour l’exemple » s’ensuivent. Toutefois, les mutineries n’atteignirent jamais les unités situées en première ligne.
Godet, le reporter dessinateur
Dégagé des obligations militaires au moment de la mobilisation générale en août 1914, Camille Godet prend néanmoins part au conflit comme engagé volontaire.
Il est affecté à l’état-major du 10e corps d’armée, au service topographique. Son rôle consiste à effectuer des levées et corrections de cartes. Il rapporte de sa guerre, qui durera pendant les quatre années du conflit, un ensemble impressionnant de dessins. Observateur précis des régions qu’il traverse, il s’attache à la description de la vie des hommes, des champs de ruines ravagés par les bombardements qu’il rencontre au fil de ses missions. Troupe militaire progressant à travers les décombres nous plonge dans l’instantané des opérations militaires, dans un décor dévasté promis à la mort, sans toutefois nous conduire au cœur des combats. La mise en page audacieuse n’est pas sans évoquer l’univers de la bande dessinée.
L’engagement des artistes dans le conflit
Les artistes bretons ont été nombreux à participer au conflit et certains y ont laissé leur vie. D’autres ont été grièvement blessés, comme Jean-Julien Lemordant. Mais leur contribution à l’histoire de la Grande Guerre est aussi artistique. Godet et Lemordant ont couché sur le papier leurs années de guerre. Lemordant se fait visionnaire et tire de la guerre des images universelles. Godet appartient à cette nouvelle génération d’artistes qui, plutôt que d’exalter l’héroïsme des « poilus » prêts au suprême sacrifice pour la défense de la patrie, cherche à rendre les dures réalités d’une guerre en laquelle la population ne croit pas. Paradoxalement, les artistes choisissent le plus souvent l’évitement de la violence de la guerre et préfèrent la figurer à distance.
Pierre VALLAUD, 14-18, la Première Guerre mondiale, tomes I et II, Paris, Fayard, 2004.
Annette BECKER et Stéphane AUDOIN-ROUZEAU La Grande guerre : 1914-1918 Paris, Gallimard coll. Découvertes, 1998.
Collectif Camille Godet, œuvres de guerre 1914-1918, catalogue de l’exposition au Musée du Souvenir des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan, 1er - 27 juin 1999.
Pierre MIQUEL La Grande guerre Paris, Fayard, 1983.
Patrick DAUM, « Les Bretons dans la guerre de 1914-1918 », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 26/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/bretons-guerre-1914-1918
Lien à été copié
Découvrez nos études
L’entrée de Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse à Arras
« Le roi s’amuse à prendre la Flandre » (Mme de Sévigné). Après la mort de Philippe IV d’Espagne, le 17 septembre 1665, Louis XIV…
Les Stukas, une arme nouvelle aux mains des nazis
Dès l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir le 30 janvier 1933, le réarmement de l’Allemagne est engagé. La constitution d’…
La conscription au XIXe siècle
La conscription est institutionnalisée en France en 1798 à l'initiative du général Jourdan. De 1804 à 1903, les appelés sont convoqués pour…
La mutinerie de Nancy, août 1790
Le 31 août 1790, le marquis de Bouillé, gouverneur des Trois-Évêchés à Metz,…
L'armée de l'Est internée en Suisse
Dernière armée à lutter contre l’envahisseur prussien, l’armée de l’Est, commandée par le…
Portrait du duc de Villars
Ce tableau est regardé comme la copie, une dizaine d’années plus tard, d’un premier portrait réalisé en 1704…
Bonaparte et la propagande pendant la campagne d'Italie
Encore peu connu lorsqu’il rejoint l’armée d’Italie pour effectuer des manœuvres de diversion, Bonaparte sait d’emblée s’attacher ses soldats. Son…
Alliés, mais pas trop
Six mois après le Débarquement de Normandie (6 juin 1944) et l’ouverture du « second front » à l’ouest tant réclamée par Staline,…
Soldats de la Première République
1870 : de la défaite au désir de revanche
La France déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Durant les semaines suivantes, l’armée française…
Pauli
que veux dire initialement le mot " bro " en 1918 ??
Quel mot venant d'une autre languge en devient le synonyme du mot "Bro" apres 1918 ?
ADAM
Présentation critique de "Mémoires d’un poilu breton" d’Ambroise Harel
http://ceuxde14.wordpress.com/2013/04/24/un-retour-peu-fete-pour-une-guerre-consentie/
Histoire-image
Enrichissement du texte apporté par Erwan LE GALL, Directeur du cabinet d'ingénierie mémorielle et culturelle En Envor
http://enenvor.fr
Si l'histoire a gardé l'image des bretons comme "chair à canon", aucun document d’archive n’atteste d’une volonté du commandement de placer les Bretons dans les secteurs les plus dangereux du front. Il est d'ailleurs bien difficile de définir ce qu'est un "régiment breton". De plus, si le recrutement est local en 1914, tel n’est plus le cas au cours du conflit.
Dans le douloureux contexte de l’après-guerre, le nombre de morts est volontiers considéré comme le maître-étalon de la bravoure et des sacrifices consentis par une région. D’où le chiffre régulièrement avancé de 240 000 tués, et non de 130 000 communément admis par l’historiographie.
Bibliographie :
- Bourlet, Michaël, Lagadec, Yann et Le Gall, Erwan, Petites patries dans la GrandeGuerre, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013.
- Guyvarc’h, Didier et Lagadec, Yann, Les Bretons et la Grande Guerre, images et histoire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013.
Lisse Fernand || Amiral Ronarch durant la Guerre 1914-1918.
http://www.deschorre.net/FR/ronarch.php
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel