Aller au contenu principal
Le Pont du chemin de fer à Argenteuil

Le Pont du chemin de fer à Argenteuil

Train dans la campagne

Train dans la campagne

Pont du chemin de fer à Chatou

Pont du chemin de fer à Chatou

Le Pont du chemin de fer à Argenteuil

Le Pont du chemin de fer à Argenteuil

Auteur : MONET Claude

Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web

Date de création : 1873-1874

Date représentée :

H. : 54 cm

L. : 71 cm

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© GrandPalaisRmn (musée d'Orsay) / Sylvie Chan-Liat

Lien vers l'image

RF 1679 - 16-592772

Le chemin de fer dans le paysage français

Date de publication : Octobre 2009

Auteur : Ivan JABLONKA

En France, le Second Empire ouvre à bien des égards l’ère du rail. La révolution que le pays connaît dans les années 1850 et 1860 est due à l’initiative privée et à quelques capitalistes à la tête d’empires financiers, mais aussi à l’État, lequel accorde à ces derniers de nombreuses concessions nouvelles et des baux emphytéotiques (de 99 ans).

Autrefois divisé en réseaux minuscules et dispersés, le réseau ferroviaire français est partagé à partir de 1857 entre six grandes compagnies (du Nord, de l’Est, de l’Ouest, du PLM, du Paris-Orléans et du Midi). Le XIXe siècle français voit donc la généralisation de constructions et d’équipements nouveaux : gares, voies ferrées, ponts, viaducs s’immiscent dans le paysage urbain et rural. Les lignes exploitées, par exemple, atteignent en 1851 une longueur de 3 000 km ; près de vingt ans plus tard, c’est 16 000 km de voies qui sillonnent le territoire français.

La peinture reflète le développement de ces équipements d’une ère nouvelle, surtout aux alentours de Paris d’où la « pieuvre ferroviaire » étend ses tentacules.

Le Pont du chemin de fer à Argenteuil, sur lequel passe discrètement un train, joint les deux rives verdoyantes de la Seine ; son panache de fumée se distingue à peine sur le ciel nuageux ; le fleuve clapote contre les colossaux piliers de l’ouvrage. Le train, rapide et fuyant comme les touches du pinceau, ne semble guère troubler ce paysage de banlieue.

De même, les wagons du Train dans la campagne qui file au loin se confondent avec les arbres vert sombre de la forêt. Indifférents à son passage silencieux, de petits personnages se promènent sur le gazon vert tendre que le soleil inonde. On ressent la même impression de repos devant la toile de Renoir.

Le Pont du chemin de fer à Chatou, à demi caché par les marronniers, est en harmonie avec ce carré de nature fleurie.

Les trois tableaux ne sont pas construits de la même manière : la vue du pont d’Argenteuil est structurée par une large diagonale qui barre le fleuve, alors que le Monet de 1871 et le Renoir sont bâtis sur une ligne de force horizontale, la voie ferrée. Mais ils dénotent la même fascination pour les ouvrages d’art, viaducs et ponts (on la retrouve chez Caillebotte). On notera surtout l’apaisement qu’ils expriment : cette sérénité, à laquelle le train lui-même participe, contraste avec la force brute et la fulgurance de la locomotive dans Steam and Speed de Turner.

Les toiles de Monet et de Renoir témoignent des changements qu’a subis l’espace français pendant la révolution ferroviaire. Celui-ci se dote de nouveaux équipements qui traversent les forêts, sillonnent les champs, enjambent les cours d’eau. Le chemin de fer a eu pour conséquence de décloisonner de nombreuses régions ; la mobilité des citadins et des ruraux en a été améliorée. Le rail a aussi eu un effet structurant, car les villes ont tendance à se développer le long des voies ferrées, dans une « extension en doigts de gant ».

Pour autant, il s’est souvent accompagné de destructions. D’abord, il a sinon facilité, du moins accompagné l’exode rural. Par exemple, l’arrivée du chemin de fer fait perdre 2 000 habitants à Poitiers. À la fin du XIXe siècle, plusieurs hommes politiques dénonceront le monstre de fer qui vide les campagnes de leurs fils et de leurs filles. D’autre part, la voie d’eau a vivement souffert de la concurrence des compagnies de chemin de fer. Ainsi, le PLM a totalement supplanté la navigation à vapeur sur le Rhône et la Saône.

Mais les impressionnistes affichent une remarquable sérénité face au symbole du progrès technique : leur train ne met pas en péril la ruralité de la France, à l’image de ce tortillard qui ronronne dans la campagne ensoleillée.

Georges DUBY (dir.), Histoire de la France urbaine, t. 4, La ville de l’âge industriel, Paris, Seuil, 1983.

Alain FAURE (dir.), Les Premiers Banlieusards. Aux origines des banlieues de Paris (1860-1940), Paris, Créaphis, 1991.

Annie FOURCAULT (dir.), Un siècle de banlieue parisienne (1859-1964), Paris, L’Harmattan, 1988.

Bernard MARCHAND, Paris, histoire d’une ville (XIXe-XXe siècle), Paris, Seuil, 1993.

Impressionnisme : Courant artistique regroupant l’ensemble des artistes indépendants qui ont exposé collectivement entre 1874 et 1886. Le terme a été lancé par un critique pour tourner en dérision le tableau de Monet "Impression soleil levant" (1872). Les impressionnistes privilégient les sujets tirés de la vie moderne et la peinture de plein air.

Ivan JABLONKA, « Le chemin de fer dans le paysage français », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 13/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/chemin-fer-paysage-francais

Retrouvez cette œuvre dans le MOOC « L’impressionnisme, du scandale à la consécration ». Chaque cours s’articule autour d’une thématique précise et comprennent des ressources documentaires sous forme de vidéo et des activités d’apprentissage. A la fin de chaque séquence, un quiz ludique permet aux participants de s’autoévaluer sur les connaissances acquises.

Ce MOOC, gratuit et accessible à tous, est disponible à cette adresse : www.mooc-impressionnisme.com

 

Anonyme (non vérifié)

Dans la banlieue de quelle grande ville se situent Argenteuil et Chatou?

sam 14/04/2012 - 10:22 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Bonjour,

Chatou et Argenteuil sont deux villes qui se situent à l'ouest de Paris.

A bientôt,

Anne-Lise

ven 27/04/2012 - 18:50 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Les images sont vraiment belle !

jeu 24/05/2012 - 15:00 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Bonjour à tous j'aurais juste une question. Quelle était l'objectif ou le message qu'a voulu faire passer Monet en peignant ce tableau ?

mer 30/05/2012 - 14:28 Permalien
Anonyme (non vérifié)

b'jour, c'était quoi le but de cette ligne de chemin de fer ?

jeu 31/05/2012 - 16:46 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Bonjour je me demandais comment Claude Monet a t il peint cette œuvre sachant que le train passai vite et de plus qu'elle ville joint cette ligne de chemin de fer.

Merci de me répondre (rapidement si possible).

Cordialement.

lun 21/01/2013 - 20:41 Permalien
Anonyme (non vérifié)

si ça peut t 'aider Krylan , je pense que Monet a seulement imaginé le train ou alors , je pense qu'à l'époque ce genre de train n'allait pas non plus très vite , c'est le début de cette découverte et donc ce n'est pas comme un RER ou comme un TGV.
j'espère avoir répondu à ta question.

mer 13/03/2013 - 21:35 Permalien
Anonyme (non vérifié)

on ne sait pas qu'elle ville est jointe a cette ligne , c'est toute la subtilité que le peintre a laissé , nous imaginer de où à où cette ligne allée.
Aussi , Chatou c'est dans les Yvelines et Argenteuil , c'est dans le Val d'Oise .

mer 13/03/2013 - 21:59 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Votre commentaire a été posté, celui-ci va être validé par un modérateur ( pourquoi ??)

ven 31/05/2013 - 14:49 Permalien
Anonyme (non vérifié)

bonjour a tous je me demandais comment Claude Monet et Auguste Renoir se sont ils organiser pour peindre ces tableaux ?!?

mar 18/02/2014 - 15:55 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Quel etait le but de cette ligne de chemin de fer toujours dapres ce document 2 ci-dessous

lun 13/04/2015 - 08:54 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Bonjour je voulais savoir comment Monet et renoir ont dû s'organiser pour realiser ces tableaux ?

mer 22/04/2015 - 17:27 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Bonjour,

Il me semble qu'un passage du texte pourrait résume assez bien l'importance du chemin de fer : "Le chemin de fer a eu pour conséquence de décloisonner de nombreuses régions ; la mobilité des citadins et des ruraux en a été améliorée. Le rail a aussi eu un effet structurant, car les villes ont tendance à se développer le long des voies ferrées, dans une " extension en doigts de gant "".

A bientôt,

Anne-Lise

lun 27/04/2015 - 12:48 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Bonjour : combien de kilomètre de ligne de chemins de fer sont réalisés entre 1850 et 1870 ?
Merci de votre réponse

sam 16/05/2015 - 15:50 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Bonjour,

Comme expliqué dans l'analyse, 13 000 km de voies ferrées sont réalisés entre 1851 et 1871 en France. On passe de 3 000 km à 16 000 km.

A bientôt

Juliette.

mar 26/05/2015 - 17:56 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Boujour,
Je voulais vous demander quels semblent être les sentiments de ces artistes pour ces nouveaux ouvrages d’art (viaduc, ponts) d’après cette série de tableaux ?
Merci beaucoup

mer 07/04/2021 - 13:10 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Bonjour je voulais savoir comment Monet et renoir ont dû s'organiser pour realiser ces tableaux ?

mer 19/05/2021 - 09:20 Permalien
Professionnel (non vérifié)

Dans l une de ces six toiles, Monet peint le pont de chemin de fer vu en contrebas, depuis l une des deux rives de la Seine, offrant ainsi une vision spectaculaire de l ouvrage. Le premier plan est occupe par un talus couvert d herbe et d arbustes verdoyants detail b. Le pont, sur lequel passe un train, surgit de la droite, plonge dans le paysage et conduit le regard jusqu au fond du tableau. Solidement campe sur ses puissantes piles de beton, il fait intrusion dans une nature paisible. Monet aurait pu prendre davantage de recul et montrer les berges et les docks tout proches, mais il se concentre sur le pont, qui devient le sujet a part entiere du tableau et dont l esthetique industrielle, pourtant fortement decriee par les habitants d Argenteuil, est ici mise en avant.

mer 14/09/2022 - 06:17 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Football et culture urbaine

Football et culture urbaine

Amateur et professionnel, sport et spectacle

En 1937, un peintre presque anonyme, signant du nom de Lanoux, réalise la peinture à l’huile…

L'Évolution du paysage industriel

L'Évolution du paysage industriel

Les dates qui encadrent ces quatre œuvres correspondent très exactement à la période d’intense industrialisation de la plaine Saint-Denis, situé…

L'Évolution du paysage industriel
L'Évolution du paysage industriel
L'Évolution du paysage industriel
L'Évolution du paysage industriel
Les Citadins à la campagne

Les Citadins à la campagne

Au XIXe siècle, le terme de « banlieue » fait naître un certain nombre d’impressions négatives : on imagine volontiers la saleté des…

La banlieue parisienne à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle

La banlieue parisienne à la fin du XIXe siècle

Dès la seconde moitié du XIXe siècle, la banlieue nord de Paris a été soumise à une industrialisation massive. Ainsi est né un paysage…

Le chemin de fer dans le paysage français

Le chemin de fer dans le paysage français

En France, le Second Empire ouvre à bien des égards l’ère du rail. La révolution que le pays connaît dans les années 1850 et 1860 est due à l’…

Le chemin de fer dans le paysage français
Le chemin de fer dans le paysage français
Le chemin de fer dans le paysage français
La gare dans le paysage urbain

La gare dans le paysage urbain

Avec le développement du réseau ferré apparaissent des ouvrages et des équipements nouveaux, mais aussi des lieux qui n’existaient pas auparavant…

La gare dans le paysage urbain
La gare dans le paysage urbain
Plaisirs aux barrières

Plaisirs aux barrières

Paris des Barrières

Dans le premier tiers du XIXe siècle, Paris grandit vite : 547 000 habitants en 1801, le million est atteint en…

Le décintrement du pont de Neuilly

Le décintrement du pont de Neuilly

Célébrer les grands travaux d’équipement

Achevé en 1775, ce tableau représente le décintrement des arches du pont de Neuilly, le 22 septembre…

L'impressionnisme de Jean Renoir

L'impressionnisme de Jean Renoir

Un film inachevé

En plein Front populaire, Jean Renoir, alors très proche du parti communiste français, entreprend un moyen métrage (50 min) tiré…

Jaurès et le pacifisme

Jaurès et le pacifisme

Le 20 mai 1913, craignant des débordements antimilitaristes, le gouvernement interdit la manifestation annuelle à la mémoire des communards qui…