
Verrier, soldat-aviateur.

L'aviateur Gilbert sur son appareil de combat.

Le 35e avion allemand abattu de Guynemer à Hoéville.

Combat d'avions.

Verrier, soldat-aviateur.
Lieu de conservation : Bibliothèque nationale de France (BnF, Paris)
site web
Date de création : 1915
Date représentée : 1915
H. : 18
L. : 13
Département Estampes et photographie, BnF
© Cliché Bibliothèque Nationale de France
MEU 55846-58419
Chevaliers du ciel : les aviateurs, nouveaux héros de la Grande Guerre
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Claire LE THOMAS
S’il constitue bien un nouvel objet technique, l’avion n’a aucune utilité à ses débuts : il ne remplit aucune fonction assurée auparavant d’une autre manière, et, surtout, sa technologie encore rudimentaire limite ses applications pratiques. Les moteurs sont lourds et de faible rendement, ce qui limite la charge que l’appareil peut supporter et la distance qu’il peut parcourir. La fragilité des machines, qui demandent une mise au point approfondie avant chaque départ, rend les vols extrêmement risqués et réclame des pilotes chevronnés ayant des compétences avancées de mécanicien et d’ingénieur. Quant aux hangars, pistes et autres infrastructures, elles sont inexistantes.
La viabilité de l’aviation, notamment la possibilité de trouver des débouchés économiques à cette invention, dépend ainsi de l’amélioration des performances des appareils et de la mise en place d’une filière industrielle et technique susceptible de développer des technologies et des matériaux adaptés aux contraintes de la navigation aérienne : des moteurs légers, mais puissants, fiables et moins gourmands en combustible ; des structures porteuses et un fuselage à la fois souples, pour absorber les remous et les tiraillements, extrêmement résistants, pour supporter les pressions et le choc de l’atterrissage, et de faible poids afin de ne pas alourdir inutilement l’appareil ; des commandes qui permettent de jouer et de se déplacer dans les trois dimensions ; des formes aérodynamiques qui augmentent la stabilité et la portance de l’avion…
C’est l’armée qui offre un de ses premiers débouchés à l’aviation. Dans le contexte de montée des nationalismes et de militarisation qui précède la Première Guerre mondiale, la navigation aérienne présente des atouts à ne pas négliger. Dès 1909, l’armée achète quelques appareils par curiosité, puis investit rapidement des moyens financiers, humains et techniques pour perfectionner l’invention et l’adapter à un usage militaire. Après des essais pendant les manœuvres et autres exercices, elle met en scène cette arme nouvelle lors des revues destinées à exhiber la puissance militaire de la nation.
Le cliché de la parade du 14 juillet 1912 montre ainsi un avion passant dans le ciel, en même temps que deux dirigeables, au-dessus d’une troupe de cavaliers. La « quatrième arme » est présentée aux côtés de la cavalerie, de l’infanterie et de l’artillerie, témoignant bien de son intégration au sein des forces militaires. La monstration simultanée des produits de l’aérostation et de l’aviation est significative : les avions allaient rendre les mêmes services que les dirigeables. Ils devaient surtout effectuer des missions d’observation et de reconnaissance à distance courte, pour orienter les offensives et les tirs sur les champs de bataille, et longue, pour anticiper les mouvements de l’ennemi et élaborer des stratégies d’attaque ou de riposte. Mais l’armée française expérimentait également l’avion comme arme de combat en embarquant des mitrailleuses ou des fusils afin de faire la chasse à la flotte aérienne ennemie ou de venir en aide aux troupes au sol. Enfin, elle étudiait aussi la possibilité de raids aériens visant à bombarder des cibles stratégiques.
La Première Guerre mondiale donne à l’aviation militaire l’occasion d’améliorer ses performances et de montrer ses atouts. Peu concluants en raison de problèmes logistiques, de la fragilité des appareils et de leur vulnérabilité aux tirs, les premiers essais sont suivis de multiples adaptations et perfectionnements. Et les aéroplanes l’emportent sur les dirigeables : plus rapides, plus mobiles et plus discrets, ils ont un rayon d’action supérieur, et leur blindage leur assure une protection plus efficace.
Si l’aviation n’a pas été une arme décisive de la guerre, qui est restée terrestre et a essentiellement engagé les fantassins et l’artillerie, ses interventions eurent néanmoins un fort retentissement. Le bombardement de l’usine chimique de Ludwigshafen en 1915, en réponse à l’attaque nocturne de Londres par des dirigeables allemands, a tout particulièrement frappé les esprits. Avec les nouveaux dangers que présente le ciel, les pilotes de chasse, à l’image de Guynemer, deviennent de véritables héros aux yeux de la population. Après l’effervescence née des premiers vols humains, l’aviation a désormais trouvé sa place et peut poursuivre son insertion dans le tissu social et économique.
Pour un regard contemporain, cette photographie présente un caractère prémonitoire : l’usage guerrier de l’aviation qui y est mis en scène fait écho à son devenir et à son importance future dans les conflits armés – pendant et surtout après la guerre de 14-18 –, tandis que, surplombée par ces géants des airs, la cavalerie y tient une place minuscule, comme si le photographe avait pressenti la fin d’un type de combat, celui des batailles rangées à cheval, fin que signe précisément la Grande Guerre.
AUDOIN-ROUZEAU Stéphane, BECKER Annette : 14-18, retrouver la guerre, Paris, Gallimard, 2000.CHADEAU, Emmanuel : Le rêve et la puissance.L’avion et son siècle, Paris, Fayard, 1996.L’épopée de l’aviation, Histoire d’un siècle, 1843-1944, Paris, DEFAG, L’Illustration, « Les grands dossiers de l’Illustration », 1987.
Claire LE THOMAS, « Chevaliers du ciel : les aviateurs, nouveaux héros de la Grande Guerre », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 29/09/2023. URL : histoire-image.org/etudes/chevaliers-ciel-aviateurs-nouveaux-heros-grande-guerre
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