Les Femmes mexicaines dans l'armée révolutionnaire
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : Bibliothèque nationale de France (BnF, Paris)
site web
Date de création : 16 novembre 1913
Date représentée : 1913
Publication du Le Petit Journal : supplément illustré, no 1 200, dimanche 16 novembre 1913
Domaine : Presse
Bibliothèque Nationale de France - Domaine public © Gallica
Les Femmes dans la révolution mexicaine
Date de publication : Novembre 2016
Auteur : Nicolas BOURGUINAT
1913, le Mexique s’enfonce dans la violence
Avec le coup d’État du général Huerta et l’assassinat du président Madero, en février 1913, la Révolution mexicaine tend à sombrer dans l’anarchie. Carranza a pris la tête d’un courant constitutionnaliste, qui veut rétablir la légalité. Les combats s’étendent à tout le pays, et les violences tournent aux règlements de comptes, notamment dans le Sud où Zapata vise les grands propriétaires fonciers en incendiant les haciendas et en distribuant les terres aux paysans pauvres.
Avec la domination de Porfirio Diaz (1876-1911) toute revendication féministe avait été mise sous l’éteignoir. Aussi la Révolution mexicaine est-elle marquée par un fort engagement des femmes. Dans les différents groupes armés qui se disputent le pouvoir au cours des années 1910, on les rencontre notamment dans des fonctions auxiliaires telles que cantinières ou infirmières, mais aussi affectées à la garde des prisonniers, et parfois à des missions de courrier ou d’espionnage. Peu nombreuses sans doute sont les femmes ayant directement participé aux combats, mais elles ont été bien identifiées et rapidement héroïsées au sein de la tradition populaire mexicaine, sous le nom générique d’Adelitas. (du nom d’Adela V. Perez, active dans la Division del Norte de Pancho Villa).
Les voici représentées ici sur une gravure en couleur réalisée à partir d’un dessin original, pour la couverture du supplément dominical d’un grand quotidien français du 16 novembre 1913 : Le Petit Journal. Ce journal n’a rien d’un quotidien d’opinion ou d’analyse : il appartient au contraire à la grande presse populaire de la IIIe République d’avant 1914. Les tirages sont cependant en déclin au début des années 1910, et sont repassés légèrement au-dessous du million d’exemplaires.
Des Amazones modernisées
Des blocs de rocher dénotent l’aridité et l’ingratitude du relief, ce qui est apparemment suffisant pour créer un Mexique imaginaire. Un train déraillé, une maison incendiée, des hommes en armes marchant en rangs serrés, coiffés de sombreros : tels sont les trois éléments graphiques qui permettent d’évoquer plus précisément le Mexique en révolution. Les cartouchières passées par dessus les chemisiers, les visages aux traits assez durs, les cheveux courts, contribuent à donner de ces combattantes un aspect sinon effrayant, du moins impressionnant. Mais si elles arborent des armes et des cartouchières, elles demeurent confinées à des tâches « marquées » comme appartenant à la sphère féminine traditionnelle, notamment la cuisine du bivouac, qu’elle sont plusieurs à superviser.
Mais quelques-unes, notamment à droite près de l’épave du train et au second plan, s’illustrent comme guetteuses ou gardiennes. Ces femmes n’ont pas non plus renoncé à leurs vêtements féminins pour se convertir aux pantalons : ici, elle en sont demeurées à la robe ou à la jupe longue, mais elles ont adopté comme couvre-chef le sombrero, qui est en lui-même un attribut viril.
Une vision sensationnaliste de l’engagement des femmes dans la révolution mexicaine
Rien n’indique que le dessinateur a vraiment été témoin de la scène. La fonction de cette couverture est d’abord d’attirer le regard et d’encourager à l’achat du journal et à diriger la curiosité du lecteur vers les pages intérieures : on n’y trouve d’ailleurs que quelques lignes sur le Mexique, le reste étant consacré aux femmes soldats dans l’histoire de France.
Vue depuis l’Europe, la Révolution mexicaine ne mobilise pas fortement l’opinion. La présentation qui en est donnée au public privilégie souvent le sensationnel. La mise en avant des femmes passées au service de la Révolution sert cet objectif. Inspirée d’un phénomène bien réel, l’image sert ainsi à suggérer au lecteur français du Petit Journal le caractère à la fois radical et tempéré mais aussi un peu exotique des violences politiques et sociales qui déchirent le Mexique.
OUDIN Bernard, Villa, Zapata et le Mexique en feu, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard : histoire », 1989.
SILVA HERZOG Jesús, La révolution mexicaine, Paris, François Maspero, coll. « Cahiers libres » (no 109-110), 1968.
Nicolas BOURGUINAT, « Les Femmes dans la révolution mexicaine », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 12/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/femmes-revolution-mexicaine
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