Allégorie à Louis XIV, protecteur des Arts et des Sciences.
Auteur : GARNIER Jean
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
H. : 163 cm
L. : 204 cm
Huile sur toile
Domaine : Peintures
© Photo RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet / Hervé Lewandowski
89-000968 / MV2184
Louis XIV protecteur des Arts et des Sciences
Date de publication : Avril 2013
Auteur : Pascal DUPUY
Roi de guerre, roi-soleil, Louis XIV se veut aussi le protecteur des arts et des sciences. D’autant que le jeune monarque, né en 1638, de l’union de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, a un goût prononcé pour les arts. Peu réceptif aux études classiques (mathématiques, latin, histoire…), il s’intéresse en revanche à la peinture, à l’architecture, à la musique et surtout à la danse qu’il pratique plus de deux heures par jour pendant plus de vingt ans. Dès le début de son règne personnel en 1661, Louis XIV porte une attention toute particulière aux arts – il organise des fêtes, des spectacles musicaux et dansants, assemble une vaste collection de tableaux – mais aussi aux artistes.
Ce goût déclaré se transforme rapidement en une organisation institutionnelle avec une reprise en main et une extension d’organismes déjà existants qui deviennent bientôt la pierre angulaire de la politique artistique voulue par le roi. L’Académie royale de peinture et de sculpture est réformée en 1663, tandis que sont créées l’Académie royale de danse en 1661, l’Académie de France à Rome en 1666, l’Académie d’architecture en 1671 et l’Académie d’opéras en 1669, qui deviendra l’Académie royale de musique en 1672. La brillante politique artistique et culturelle du « siècle de Louis XIV » est alors lancée.
Jean Garnier (1632-1705) est reçu à l’Académie royale en 1670 en tant que peintre de natures mortes. Pour son morceau de réception, il a choisi de peindre un portrait de Louis XIV en médaillon entouré d’une basse et d’un dessus de viole, d’un violon, d’une guitare, d’une musette de cour, d’une partition, d’instruments scientifiques, d’un globe et de livres. Chacun de ces motifs assemblés représente un attribut des arts et des sciences. À ces symboles le peintre a également associé des fruits disposés au premier plan, tandis qu’à l’arrière-plan se distinguent des colonnes. Enfin, à la gauche du portrait du roi qui domine toute la composition, il a figuré le buste d’Athéna, divinité tutélaire des arts.
La juxtaposition des instruments de musique et des fruits donne au tableau son sens allégorique. Par là, le peintre signifie l’abondance du royaume et « l’harmonie ou les parfaits accords qui se rencontrent dans le gouvernement de l’Etat », comme l’indiquait déjà à l’époque Guillet de Saint-Georges, premier historiographe de l’Académie. Le tableau reprend une tradition ancienne qui, depuis la Renaissance italienne, mêle dans les tableaux allégoriques de personnages célèbres des objets de la vie quotidienne, donnant ainsi un caractère d’intimité au portrait.
Si les instruments de musique prennent une part considérable dans la grammaire symbolique du tableau, en raison de l’attention que leur accordait Louis XIV – lui-même musicien doué notamment pour la guitare –, Garnier n’a pas oublié les objets faisant référence aux sciences. On trouve ainsi, outre une pile de livres, symboles du savoir et de la sagesse, d’autres objets qui évoquent la connaissance de l’Univers, un compas emblème des sciences exactes et de la rigueur mathématique, ainsi qu’un globe céleste. Ce dernier peut aussi évoquer la musique qui se fonde sur l’harmonie des cieux, ou encore, par sa forme sphérique, le pouvoir absolu du monarque. Le peintre a donné au visage de Louis un air de grandeur et de fierté noble, de gravité et d’attention qui offre le résumé de ses qualités en un « miroir du prince » : à l’image de François Ier, ce jeune roi guerrier en cuirasse est également un souverain ami des arts.
· Chantal GRELL et Benoît PELLISTRANDI (dir.), Les Cours de France et d’Espagne au XVIIe siècle, Madrid, Casa de Velasquez, 2007.
· Jacqueline LICHTENSTEIN et Christian MICHEL (dir.), Conférences de l’Académie royale de peinture et de sculpture, École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, 2008.
· Michel FARE, Le Grand Siècle de la nature morte en France : le XVIIe siècle, Fribourg-Paris, Office du Livre-Société Française du Livre, 1974.
Académie des beaux-arts : Créée en 1816 par la réunion de l’Académie royale de peinture et de sculpture, fondée en 1648, de l’Académie royale de musique, fondée en 1669, et de l’Académie royale d’architecture, fondée en 1671. Institution qui rassemble les artistes distingués par une assemblée de pairs et travaillant le plus souvent pour la couronne. Elle définit les règles de l’art et du bon goût, forme les artistes, organise des expositions.
Pascal DUPUY, « Louis XIV protecteur des Arts et des Sciences », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 11/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/louis-xiv-protecteur-arts-sciences
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emiliedes
Vous avez fait une erreur sur la date de naissance de Louis XIV.
Cordialement
ED
Histoire_image
Bonjour,
Merci beaucoup pour votre œil avisé !
L'année de naissance de Louis XIV a été corrigée.
A très bientôt,
Anne-Lise
muse plantine
Bonjour,
Vous mentionnez la création de l'Académie de Danse en 1661.
Hors Arte nos a présenté, il y a quelques jours, le tricentenaire de sa création donc 1713.
Qu'en est-il exactement ?
Merci pour votre réponse. A bientôt.
Histoire_image
Bonjour,
Merci pour l'intérêt que vous portez à notre site,
Tel que l'affirme également les Archives nationales, je vous confirme la création de l’Académie royale de danse en mars 1661.
Il semblerait que ce soit l'École de l'Académie royale de danse qui ait été crée en 1713.
A bientôt,
Anne-Lise
Anthoto14
Bonjour,
j'aimerai savoir en quelle année Jean Garnier a t-il peint Allégorie à Louis XIV, protecteur des Arts et des Sciences ? Car je me sert de cette œuvre pour mon TPE.
Merci d'avance.
Anthony
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