Aller au contenu principal
Tous les soirs aux Ambassadeurs. Les Fanfares Duchemin

Tous les soirs aux Ambassadeurs. Les Fanfares Duchemin

Date de création : 1890

Date représentée : 1890

H. : 58 cm

L. : 42 cm

Lithographie en couleurs.

Éditeur : Affiches américaines Charles Lévy

Domaine : Affiches

Bibliothèque Nationale de France - Domaine public © Gallica

Lien vers l'image

ENT DN-1 (LEVY,Charles)-FT6

  • Tous les soirs aux Ambassadeurs. Les Fanfares Duchemin

Musique, Maestro !

Date de publication : Mars 2022

Auteur : Alexandre SUMPF

Paris est une fête

En 1890, le Café-concert des Ambassadeurs fête ses cinquante ans d’existence au milieu des jardins faisant la jonction entre le bas des Champs-Élysées et l’Hôtel de Crillon. C’est en 1840 que le propriétaire a eu l’idée de transformer son simple café, situé dans le quartier des ambassades, en un lieu de spectacle donnant la part belle à la déclamation et à tous les types de musique ambulante. Face à la concurrence des autres salles parisiennes comme le Ba-Ta-Clan (1865) ou la Cigale (1887), et à leur publicité chatoyante, les exploitants qui possèdent aussi l’Alcazar d’été font appel à un affichiste. Parmi les artistes et troupes qui occupent les planches de l’endroit se distinguent à cette époque les Fanfares Duchemin, qui forment une vraie fanfare, c’est-à-dire un ensemble de cuivres, sans autre vent ni percussion, jouant a priori de la musique militaire en vogue à l’époque. L’affiche imprimée par la maison Ch. Lévy en 1890 pour le café-concert des Ambassadeurs est des plus classiques pour l’époque.

Les cuivres sonnent la charge

De format vertical, elle comporte quatre éléments textuels hiérarchisés : elle met en avant le nom du lieu de spectacle en lettres majuscules ombrées de rouge, qui est l’invariant, puis le nom des artistes, qui constitue le motif de la réclame et de la venue des consommateurs, la précision des horaires qui suggère que le spectacle a lieu tous les soirs, et enfin, la mention de la situation dans la Ville-Lumière : aux Champs-Élysées. Les cinq musiciens militaires bottés de noir ressortent sur un paysage de montagne assez peu identifiable, comme s’ils étaient en campagne. Les deux clairons portent la livrée rouge, un sabre et un shako à plume tricolore, tandis que les trois cors sont vêtus d’une culotte blanche et d’une veste de chasse noire à revers rouges. Tous portent la moustache qui rend encore plus identiques leurs visages. La fanfare se distingue par l’ensemble harmonieux de ces jeunes hommes athlétiques en train de souffler dans leurs instruments.

La petite musique de Paris

La multiplication des lieux de spectacle dans la seconde partie du XIXe siècle fait de la capitale parisienne le réceptacle de tous les genres musicaux. Les rues de Paris se parent d’affiches colorées malgré la loi du 29 juillet 1881 qui impose un cadre légal à l’affichage public. La musique populaire de rue reste l’affaire de familles foraines, comme semblent l’être les Duchemin. Ses musiciens ne sont pas des soldats et n’ont peut-être même jamais fait leurs classes ; mais ils portent beau en uniforme, un costume qui conserve un certain prestige malgré les défaites cinglantes du Second Empire. Les orchestres militaires comptent dans l’animation des villes de garnison, et Paris ne fait pas exception – que ce soit lors de la fête nationale, récemment fixée au 14 juillet, les nombreuses cérémonies officielles ou les kiosques au sein des grands parcs aménagés sous la férule du baron Haussmann. Tous les soirs aux Ambassadeurs, patriotes et admirateurs de la geste guerrière peuvent se payer une série de marches entraînantes illustrant des saynètes, sans l’inconfort d’une campagne militaire mais avec les meilleurs alcools du mess des officiers à disposition. Les morceaux entraînants poussent le public à reprendre les chants les plus connus, asséchant à point nommé les gosiers tout en fédérant les consommateurs dans un élan collectif. 

Philippe Gumplowicz, Les travaux d’Orphée. Deux siècles de pratique musicale amateur en France (1820-2000). Harmonies, chorales, fanfares, Aubier, 2001.

Marc Martin, Trois siècles de publicité en France, Paris, Odile Jacob, 1992.

Alain Weill, Le café-concert, 1870-1914. Affiches de la bibliothèque du Musée des Arts décoratifs, Paris, UCAD, 1977.

Alexandre SUMPF, « Musique, Maestro ! », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/musique-maestro

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Théâtres et cabarets parisiens au XIX<sup>e</sup> siècle

Théâtres et cabarets parisiens au XIXe siècle

Au XIXe siècle, la fréquentation des cabarets et des théâtres est un aspect fort important de la culture urbaine, populaire ou petite-…

Théâtres et cabarets parisiens au XIX<sup>e</sup> siècle
Théâtres et cabarets parisiens au XIX<sup>e</sup> siècle
Théâtres et cabarets parisiens au XIX<sup>e</sup> siècle
Théâtres et cabarets parisiens au XIX<sup>e</sup> siècle
Féérie lunaire

Féérie lunaire

Chéret, Offenbach et la féérie parisienne

L’affiche créée par Jules Chéret (1836-1932) pour le spectacle mis en musique par Jacques…

Yvette Guilbert, la diseuse fin de siècle

Yvette Guilbert, la diseuse fin de siècle

La révélation au Divan japonais

À la fin du XIXe siècle, le café-concert est devenu une véritable « industrie culturelle » – selon l’…

Yvette Guilbert, la diseuse fin de siècle
Yvette Guilbert, la diseuse fin de siècle
Cora Pearl, célèbre courtisane du Second Empire

Cora Pearl, célèbre courtisane du Second Empire

Les portraits-charges de Gill

Sous le Second Empire, la presse illustrée connaît un essor considérable, notamment les journaux satiriques où…

La traite des planches ou La prostitution au spectacle

La traite des planches ou La prostitution au spectacle

La traite des planches ou la prostitution au spectacle.

Le dessin de Degas comme la photographie de la vedette Polaire attestent l’engouement…

La traite des planches ou La prostitution au spectacle
La traite des planches ou La prostitution au spectacle
Aristide Bruant, ambassadeur de Montmartre

Aristide Bruant, ambassadeur de Montmartre

La Belle Époque des cafés-concerts

Dans le dernier quart du XIXe siècle, Paris est le cœur battant de la vie artistique mondiale. La…

Musique, Maestro !

Musique, Maestro !

Paris est une fête

En 1890, le Café-concert des Ambassadeurs fête ses cinquante ans d’existence au milieu des jardins faisant la jonction entre…

Thérésa, la première vedette de café-concert

Thérésa, la première vedette de café-concert

Thérésa « la diva du ruisseau »

Le Second Empire voit s’épanouir un nouveau type de divertissement qui séduit le public populaire comme bourgeois…

Thérésa, la première vedette de café-concert
Thérésa, la première vedette de café-concert
Thérésa, la première vedette de café-concert