Le Cardinal Mazarin
Auteur : MIGNARD Pierre
Lieu de conservation : musée Condé (Chantilly)
site web
H. : 65 cm
L. : 55 cm
Huile sur toile.
Domaine : Peintures
© GrandPalaisRmn (Domaine de Chantilly) / Harry Bréjat
PE 314 - 00-006957
Portrait du cardinal Mazarin
Date de publication : Décembre 2012
Auteur : Hélène DUCCINI
Le portrait de Mazarin a été commandé à Pierre Mignard. L’artiste, après un séjour à Rome où il s’est fait une grande réputation, a été rappelé en France par Louis XIV en 1657. Il devient alors premier peintre du roi et prend la tête d’un atelier important. C’est donc à lui que le cardinal Mazarin (1602-1661) s’adresse pour réaliser ses portraits. Celui présenté ici est actuellement conservé au musée Condé de Chantilly.
Il existe au moins douze autres portraits presque identiques de Mazarin datés des années 1658 à 1660. Cela permet d’imaginer le travail des élèves de Mignard. Plus tard Watteau dira en riant qu’il était spécialisé dans les têtes de saint Nicolas du temps où il travaillait pour un peintre d’images pieuses.
Portrait du cardinal Mazarin
Le peintre (ou l’un de ses élèves) a représenté le cardinal en buste. Ce plan rapproché confère au modèle une exceptionnelle présence. Le personnage est saisi de trois quarts, il tourne la tête vers le spectateur. L’expression de Mazarin est grave, il vous regarde dans les yeux avec un regard intense, presque intimidant.
Le cardinal porte une tenue extrêmement sobre : un camail rouge sans le moindre décor et un petit rabat blanc qui met en valeur le visage pensif. Comme à la mode de l’époque, il a les cheveux assez longs et porte moustache et petit bouc à la mousquetaire. La calotte rouge complète le vêtement. Seule une légère clarté détache cette figure grave du fond sombre.
On ne s’étonnera pas que le musée Chantilly conserve ce portrait : le château, qui appartenait à la famille des Montmorency, passe par mariage dans la famille des princes de Condé. Louis II de Condé, le grand révolté de la Fronde, dit plus tard le Grand Condé, possède un portrait du ministre de Louis XIV auquel il tient tête pendant plusieurs années, lors de la Fronde, avant de choisir d’aller servir le roi d’Espagne. En 1659, le révolté a fait sa soumission au roi et donc au ministre.
Mazarin, un homme de paix
Mazarin, vrai successeur de Richelieu, a poursuivi l’œuvre du grand cardinal. En 1630-1631, il a négocié, comme envoyé du pape, les traités de Cherasco en Italie du Nord. Ils sont conclus à l’avantage de la France (acquisition de Pignerol) et du duc de Nevers, protégé de Louis XIII, héritier de Mantoue et du Montferrat. En 1643, Louis XIII fait de Mazarin, devenu cardinal, le parrain de son fils et successeur, Louis XIV. À la mort du roi, la régente Anne d’Autriche prend le cardinal italien comme principal ministre. Mais les grands personnages du royaume évincés par ce choix entrent en révolte. Dès le 27 mai 1643, la cabale des Importants dirigée par le duc de Beaufort, un petit-fils d’Henri IV, menace la régente et son ministre. Mazarin est même visé par un attentat déjoué à temps.
En 1643 la France est engagée dans la guerre contre l’empereur Habsbourg et son cousin espagnol. Les armées françaises doivent combattre sur plusieurs fronts : la Flandre et le Roussillon espagnols, l’Alsace et les bords du Rhin qui dépendent de l’Empire. Le poids de ces armées impose une charge presque insupportable au trésor. Pour remplir les caisses qui se vident trop vite, le contrôleur général des Finances, Particelli d’Emery, nommé à cette charge par Mazarin, est contraint de proposer de nouveaux impôts : en 1644, le toisé auquel il faut renoncer en 1645 devant l’opposition des parlementaires ; puis, en 1646, le tarif qui majore les droits de douane sur les marchandises entrant dans Paris. En 1648, malgré la paix avec l’empereur obtenue par les traités de Westphalie, cette pression fiscale, imposée par le poids de la guerre poursuivie avec l’Espagne, est la première cause de la révolte des magistrats, menacés dans leurs biens, puis des nobles, évincés du Conseil et donc du pouvoir. La Fronde sévit pendant cinq ans, jusqu’en 1653. Il faudra encore attendre cinq ans pour faire plier l’Espagne.
Pour mettre un terme à la guerre contre l’Espagne, Mazarin a maintenu les armées en campagne et, en même temps, traité avec l’adversaire. En 1658, Turenne remporte la bataille des Dunes près de Dunkerque. Désormais, Philippe IV laisse son favori don Luis de Haro négocier avec Mazarin. Le 7 novembre 1659, les deux ministres signent le traité des Pyrénées. Mazarin, diplomate, toujours en quête de la paix, achève son œuvre en laissant la France agrandie des trois évêchés lorrains, Metz, Toul et Verdun, et de l’Alsace, en 1648, du Roussillon, de l’Artois et de quatorze places en Flandre, en 1659.
Simone BERTIÈRE, Mazarin, le maître du jeu, Paris, Éd. de Fallois, 2007.
Pierre GOUBERT, Mazarin, Paris, Fayard, 1990.
Louis MARIN, Le Portrait du roi, Paris, Éd. de Minuit, 1981.
Hélène DUCCINI, « Portrait du cardinal Mazarin », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/portrait-cardinal-mazarin
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