L'entrée à Paris des œuvres destinées au Musée Napoléon.
L'entrée à Paris des œuvres destinées au Musée Napoléon (détail).
L'entrée à Paris des œuvres destinées au Musée Napoléon (détail).
L'entrée à Paris des œuvres destinées au Musée Napoléon.
Auteur : BERANGER Antoine
Lieu de conservation : Sèvres – manufacture et musée nationaux (Sèvres)
site web
Date de création : 1813
Date représentée : 1798
H. : 120
Vase de forme étrusque à rouleaux.Porcelaine dure.Site de production : manufacture de Sèvres
Domaine : Objets
© RMN - Grand Palais (Sèvres, Cité de la céramique) / Christian Jean / Jacques L'hoir
76-000488/MNC 1823
Le Trésor des conquêtes impériales
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Nicolas COURTIN
9 thermidor an VI : « fête de la Liberté et des Arts »
Ouvert en 1793 par la Convention, le Muséum central des arts installé au Louvre présentait sans ordre les quelques chefs-d’œuvre récupérés grâce à la nationalisation des biens de la Couronne, des émigrés et du clergé. La nouvelle république se déclara ensuite le dépositaire naturel des œuvres du génie, qui ne pouvaient être « chez elles » qu’au pays de la liberté. Soutenue par la rhétorique de Boissy d’Anglas, la Convention conquérante entreprit le « rapatriement » systématique des chefs-d’œuvre des pays conquis. Paris devint le « dépôt sacré de toutes les connaissances humaines et la réunion des résultats les plus précieux de l’imagination et du génie ». Le 9 thermidor de l’an VI (27 juillet 1798), les œuvres saisies en Italie arrivèrent au Louvre, en triomphe.
Le néoclassicisme à la gloire des Antiques
Sur ce vase en porcelaine, dont la forme « étrusque à rouleaux » s’inspire des vases antiques de la collection de Vivant Denon, le peintre Valois a présenté « l’entrée à Paris des œuvres destinées au musée Napoléon ». Il s’agit en fait de l’évocation, à la manière d’un triomphe romain, de la « fête de la Liberté et des Arts » de 1798.
Dans une composition en frise au rythme lent et majestueux sont figurées les plus célèbres sculptures antiques qui achèvent leur périple depuis les collections vaticanes jusqu’au Louvre. Sous la protection des soldats, le buste d’Homère pénètre en tête dans le palais, suivi par l’Apollon du Belvédère qu’achemine un quadrige fringant, le Laocoon et la Vénus Médicis, sous les regards admiratifs et ébahis des Parisiens.
Cette opération est placée sous les augustes auspices des plus grands collectionneurs et amateurs de l’histoire que furent Périclès, Laurent de Médicis et Auguste, auxquels Napoléon Ier est associé. Comme une sorte d’aréopage secondaire, le col présente une série de médaillons peints à l’imitation de camées et représentant plusieurs personnages de l’Antiquité.
La taille de ce vase (1,20 m), ses riches décorations d’or et l’exceptionnelle qualité de la peinture sur porcelaine en firent « l’un des plus beaux qui soit sorti des ateliers de la manufacture », selon son directeur qui le préserva de la destruction en 1815.
Quelles œuvres pour les musées nationaux ?
L’arrivée à Paris des ces œuvres fondatrices de la culture classique justifia et amplifia la mode, déjà très en vogue, du néoclassicisme dans les arts. Elle était l’application précise de la double mission que la Convention avait dévolue aux musées : éduquer les peuples et servir la gloire de la République. L’ardeur dont firent preuve Bonaparte, ses troupes et les spécialistes qui l’accompagnèrent en Italie (Denon, Moitte, Berthélémy ou Monge) devait permettre aux Parisiens puis à tous les Français de se familiariser avec l’art.
Cette politique démagogique trouva très tôt des opposants, parmi lesquels Quatremère de Quincy qui fut le premier à critiquer ce dépouillement. S’affrontèrent donc les partisans des musées, lieux de conservation sûre des œuvres d’art venues de tous les horizons, et ceux du respect du contexte de création, pour qui l’œuvre ne « vit » que dans l’endroit auquel elle était destinée ou, au pire, dans sa région de création.
Sachant, à travers l’exemple des rois, le pouvoir politique énorme que la possession et la diffusion d’une collection brillante représentent aux yeux d’une population ou des pays étrangers, le Consulat puis le Premier Empire s’attachèrent à entretenir ou à créer des musées ouverts au public à travers la France. Ce fut aussi une manière de soulager le Louvre, très vite dépassé par l’arrivées incessante de nouvelles œuvres (on y comptait 1 500 antiques en 1801).
Si la chute de l’Empire entraîna la restitution des œuvres saisies, le tissu muséal existant et la conviction de la nécessité de présenter au public des œuvres d’art se perpétuèrent.
COLLECTIF, La Jeunesse des musées, catalogue de l’exposition au musée d’Orsay, RMN, Paris, 1994.
Roland SCHAER, L’Invention des musées, Gallimard, RMN, Paris, 1993.
Marcelle BRUNET, Tamara PREAUD, Sèvres. Des origines à nos jours, Office du Livre, Fribourg, Paris, 1978.
Néoclassicisme : Mouvement artistique qui se développe du milieu du XVIIIe au milieu du XIXe siècle. Renouant avec le classicisme du XVIIe siècle, il entend revenir aux modèles hérités de l’Antiquité, redécouverts par l’archéologie naissante. Il se caractérise par une représentation idéalisée des formes mises en valeur par le dessin.
Nicolas COURTIN, « Le Trésor des conquêtes impériales », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/tresor-conquetes-imperiales
Lien à été copié
Découvrez nos études
Bonaparte glorifié
Le coup d’État de Bonaparte les 18 et 19 brumaire an VIII s’étant réalisé dans le contexte particulièrement difficile des guerres de la deuxième…
Le Trésor des conquêtes impériales
Ouvert en 1793 par la Convention, le Muséum central des arts installé au Louvre présentait…
Napoléon en Hercule
Ce dessin fait partie d’une série exécutée entre 1802 et 1814 pour illustrer l’ouvrage dirigé par le baron Vivant Denon…
La Proclamation de la République romaine
En février 1797, l’armée française s’est rendue maîtresse du nord de la péninsule italienne au terme d’une campagne initiée au printemps…
Présence des chevaux de Venise à Paris, de 1798 à 1815
Les figures antiques doivent servir de règle et de modèle, énonçait le Dictionnaire portatif (1757) d'Antoine-Joseph…
Les visages de Bonaparte
Outre les gravures adaptant des portraits antérieurs souvent non ressemblants et destinés à la diffusion rapide de l’image du jeune général…
La Bataille du pont d'Arcole
Après avoir vaincu les Piémontais et les Autrichiens, l’armée d’Italie s’avance en Lombardie et assiège Mantoue. L’Autriche envoie deux nouvelles…
René-Nicolas Desgenettes
Si l’expédition d’Égypte est passée à la postérité pour son volet scientifique ou la…
Bonaparte et la propagande pendant la campagne d'Italie
Encore peu connu lorsqu’il rejoint l’armée d’Italie pour effectuer des manœuvres de diversion, Bonaparte sait d’emblée s’attacher ses soldats. Son…
L'idéalisation de Bonaparte
La campagne d’Italie fut le tremplin de la carrière de Bonaparte. Nommé commandant en chef, le jeune général, victorieux du royaume de Piémont-…
Ce vase à frise
Bonsoir, peut-on voir le croisillon en bois à l'intérieur de ce vase qui autrefois était destiné à être entraîné pour faire défiler la frise devant un public statique ? Merci.
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel