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L'atelier de dessin à l'École des Beaux-Arts

L'atelier de dessin à l'École des Beaux-Arts

Thésée reconnu par son père Egée - Étude

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La Résurrection de Lazare

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Adam et Eve trouvant le corps d'Abel - Esquisse

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L'atelier de dessin à l'École des Beaux-Arts

L'atelier de dessin à l'École des Beaux-Arts

Lieu de conservation : musée Gadagne (Lyon)
site web

Date de création : 1855

Date représentée : 1855

H. : 46 cm

L. : 38 cm

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© RMN-Grand Palais / Gérard Blot

Lien vers l'image

97-015613

Le concours du Prix de Rome

Date de publication : Février 2011

Auteur : Charlotte DENOËL

L’histoire du prix de Rome de peinture

Institué en 1663 afin de sélectionner les artistes qui seraient admis à séjourner à l’Académie de France à Rome, le concours était divisé en plusieurs catégories, sculpture, architecture, estampe, musique et peinture, cette dernière étant la plus prestigieuse. Sous la Révolution, il passe sous la responsabilité d’une section de l’Institut (la future Académie des beaux-arts dès 1803) et de son secrétaire perpétuel qui choisissent les sujets et jugent les œuvres. Après la rénovation de l’ancien couvent des Petits-Augustins, l’École des beaux-arts s’y installe en 1829, et c’est là que se déroule le concours annuel, toujours placé sous la tutelle de l’Académie.

Les épreuves sont ouvertes à tout concurrent de sexe masculin (les femmes n’obtiendront le droit de concourir qu’en 1903), célibataire, âgé de moins de trente ans et déjà admis à l’École des beaux-arts. Elles se déroulent sur quelques semaines et en trois étapes. Durant la première, les candidats doivent réaliser une esquisse peinte à l’huile dont le thème est toujours emprunté à l’histoire biblique ou mythologique. À l’issue de cette épreuve, les sélectionnés doivent faire une étude de nu, peinte à l’huile en quatre sessions de sept heures. Enfin, pour les candidats restants, la troisième épreuve consiste à exécuter une esquisse et une grande toile sur un sujet historique imposé, isolés durant soixante-douze jours dans une loge.

Le déroulement du concours et les œuvres primées

La pratique du dessin est d’une importance primordiale dans la genèse des tableaux présentés au concours du prix de Rome. Seule matière enseignée à l’École des beaux-arts avant la réforme de 1863, le dessin constitue l’essence même de la formation des élèves, dans la plus pure tradition académique.

Les élèves se consacraient au dessin d’après nature ou d’après la bosse, c’est-à-dire d’après des moulages de statues antiques, comme le montre le tableau Un atelier de dessin à l’Ecole des Beaux-Arts peint en 1855 par Antoine-Jean Bail (1830-1918). Un modèle professionnel nu pose sur une estrade pour des élèves qui s’appliquent à le peindre sous la surveillance d’un professeur. Éclairé par une grande verrière, cet atelier au sol jonché d’instruments de travail, de livres, de papiers et de divers détritus abrite de nombreux moulages en plâtre.

Lors de la troisième étape du concours de peinture du prix de Rome, les participants fixaient les traits de la composition du grand tableau qu’ils devaient ensuite exécuter. Au bout du délai imparti, un professeur recueillait les esquisses dont les candidats recevaient des calques. Cette esquisse sur papier calque donne une idée déjà assez exacte de l’œuvre finale d’Hippolyte Flandrin (1809-1864) qui, avec Thésée reconnu par son père Egée, remporta le grand prix de peinture en 1832. Cet élève d’Ingres s’inscrit dans la lignée néoclassique de son maître. Dépourvue de tout artifice, sa composition inspirée d’une scène mythologique se distingue par l’agencement équilibré des figures dans l’espace et par son trait linéaire et épuré.

En 1857 et 1858, ce sont des sujets religieux qui sont proposés au concours, respectivement « La résurrection de Lazare » et « Adam et Ève trouvant le corps d’Abel ».

Candidat au concours, Léon Bonnat (1833-1922) proposa en 1857 une toile qui lui valut un second prix. Résultant de l’observation attentive des maîtres italiens, le traitement réaliste des têtes des personnages annonce son goût pour l’art du portrait qu’il développa avec succès par la suite, abandonnant le genre historique.

Jean-Jacques Henner (1829-1905) reçut le grand prix en 1858 pour Adam et Eve. Son esquisse peinte est très proche de la toile finale. Elle témoigne de la passion de l’artiste pour le sfumato des maîtres vénitiens, ainsi que pour les nus qui feront sa renommée. Campés à vigoureux coups de pinceau, Adam et Ève stupéfaits et anéantis par la douleur contemplent le cadavre d’Abel. Les corps nus, traités en clair-obscur, se détachent sur un paysage rocheux et boisé. D’une grande éloquence dramatique, cette toile n’est pas sans évoquer le célèbre tableau La Justice et la Vengeance divine poursuivant le crime (1808, musée du Louvre) peint par Prud’hon, artiste qu’admirait beaucoup Henner.

Une carrière officielle

Les artistes qui remportaient le grand prix de Rome devenaient pensionnaires de l’Académie de France à Rome durant quatre ou cinq ans, suivant la spécialité qu’ils avaient choisie, peinture de paysage ou peinture d’histoire. C’était l’occasion pour eux de se familiariser avec les œuvres de l’Antiquité grecque et latine, ainsi qu’avec celles de la Renaissance italienne. Au cours de leur séjour, ils devaient exécuter un certain nombre de travaux : copies d’après nature ou d’après l’antique, esquisses peintes et tableaux d’histoire ou de paysage.

Une fois rentrés en France, les lauréats du grand prix de Rome étaient assurés, dans la plupart des cas, d’une carrière couronnée d’honneurs. Ils exposaient régulièrement au Salon et recevaient commande de toiles et de décors muraux pour des particuliers et les pouvoirs publics, pour lesquels ils décoraient palais nationaux, églises, etc. Le plus souvent aussi, ces artistes, auxquels la critique donna le surnom de « pompiers », étaient nommés à des postes officiels, devenant membres de l’Académie puis, récompense suprême accordée à certains, professeurs à l’École des beaux-arts.

Bien rodé, ce système officiel de cooptation, où l’académisme exerçait une domination sans partage, administrative comme esthétique, n’était pas sans susciter de virulentes critiques. Celles-ci aboutirent en 1863 à une réforme de l’École des beaux-arts destinée à l’émanciper de la tutelle de l’Académie et à l’ouvrir à la modernité artistique.

Philippe GRUNCHEC, catalogue de l’exposition Les Concours des Prix de Rome, 1797-1863, École nationale supérieure des beaux-arts, 8 octobre-14 décembre 1986, Paris, É.N.S.B.A., 1986.

Les Beaux-Arts, de l’Académie aux Quat’z’arts, anthologie historique et littéraire établie par Annie Jacques, Paris, É.N.S.B.A., 2001.

Anne MARTIN-FUGIER, La Vie d’artiste au XIXsiècle, Paris, Hachette, 2008.

Cécile RITZENTHALER, L’École des beaux-arts du XIXe siècle. Les pompiers, Paris, Mayer, 1987.

Harrison WHITE, La Carrière des peintres au XIXe siècle : du système académique au marché des impressionnistes, Paris, Flammarion, 2009.

Académie des beaux-arts : Créée en 1816 par la réunion de l’Académie royale de peinture et de sculpture, fondée en 1648, de l’Académie royale de musique, fondée en 1669, et de l’Académie royale d’architecture, fondée en 1671. Institution qui rassemble les artistes distingués par une assemblée de pairs et travaillant le plus souvent pour la couronne. Elle définit les règles de l’art et du bon goût, forme les artistes, organise des expositions.

Charlotte DENOËL, « Le concours du Prix de Rome », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/concours-prix-rome

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