Il y avait une fois...
Un Conte de Perrault
Il y avait une fois...
Auteur : PAUPION Edouard Jérôme
Lieu de conservation : médiathèque du Patrimoine et de la photographie (MPP)(Charenton-le-Pont)
site web
Photographie du tableau exposé au Salon des Artistes Français de 1906 par François Vizzavona.
Domaine : Peintures
© Ministère de la Culture - Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Dist. RMN-Grand Palais / François Vizzavona / reproduction RMN
VZD2092S - 99-012321
Le conte : entre oralité et écriture
Date de publication : Juillet 2007
Auteur : Cécile PICHON-BONIN
La place du conte au XIXe siècle
L’engouement pour le conte, au XVIIe siècle, correspond à l’intérêt porté à la culture populaire. Au XIXe siècle, il est réhabilité par les romantiques, notamment en tant que forme de la culture nationale, et trouve sa place dans la littérature enfantine en plein développement. Source de divertissement, il sollicite l’imagination de l’enfant et se fait aussi support d’éducation. Le conte propose des exemples de vie familiale, et rejoint là une des grandes préoccupations des pédagogues de la première moitié du siècle.
En outre, il est lié à la place sociale que l’on accorde à l’enfant. On commence alors à distinguer l’enfance et l’adolescence et à réfléchir à des textes adaptés aux différentes phases de l’existence. Auteurs et éditeurs ne cessent ainsi de remanier, d’abréger les textes pour s’adapter aux lecteurs d’âges divers.
Les versions orales continuent cependant de circuler, et les versions de Perrault se retrouvent parmi les plus fréquemment citées à partir du moment où son recueil est adopté dans l’enseignement primaire, en 1888.
La magie du récit
Les deux tableaux proposés sont deux scènes de genre donnant une image différente du moment du récit. L’œuvre de Paupion reprend l’iconographie traditionnelle de la vieille femme au rouet, inscrite notamment sur le frontispice de la première édition des contes de Perrault, en 1697. Comme le rappelle la présence symbolique du rouet, la conteuse déroule le fil du récit. A l’arrière plan, au milieu de la composition, figurent un petit pot de beurre et une galette, rappelant deux détails caractéristiques du Petit Chaperon rouge. La lumière provient sans doute d’une cheminée située hors-champ à droite, et cette absence iconographique donne à la scène une dimension magique.
Le tableau de Léonie Michaud, quant à lui, représente un intérieur bourgeois cossu. Cette fois, le conteur porte des lunettes et utilise comme support de narration un livre illustré. Le statut de la veille femme du tableau précédent restait ambigu, la grand-mère ayant surtout pour fonction d’évoquer la tradition, de renvoyer aux nourrices et domestiques, ces femmes qui transmettaient les histoires. Ici, en revanche, Léonie Michaud donne à voir une cellule familiale rassemblant trois générations. Par la source lumineuse provenant du centre de la table, elle situe précisément le récit le soir, après le repas (comme en témoigne les assiettes encore pleines et les serviettes sur les chaises), au moment de la veillée, lors de ce rituel qui réunit la famille autour de la table, près de la lampe à huile, pour regarder les images et les commenter, tandis que les parents font la lecture aux plus jeunes ou leur racontent les aventures qu’ils viennent de lire.
Oralité et écriture
La toile de Paupion insiste sur le caractère oral ancestral de la transmission de l’histoire, dans un cadre au décor allusif, et atteste ainsi d’une pratique toujours vivace. Parallèlement, le dépouillement du cadre, la présence de quelques objets symboliques et la magie de la source lumineuse énigmatique font que le spectateur est transporté instantanément dans l’univers du conte plutôt que dans celui du récit. Au contraire, l’œuvre de Léonie Michaud prend le parti de montrer une pratique sociale propre au XIXe siècle.
Il était une fois… Les contes de fées, Catalogue de l’exposition de la Bibliothèque nationale de France du 20 mars au 17 juin 2001, Paris, Seuil/Bnf, 2001.
Guglielmo CAVALLO et Roger CHARTIER (dir.), Histoire de la lecture dans le monde occidental, Paris, Seuil, 2001.
Cécile PICHON-BONIN, « Le conte : entre oralité et écriture », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 24/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/conte-entre-oralite-ecriture
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