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Georges Clemenceau prononçant un discours dans une réunion électorale.1885.

Georges Clemenceau prononçant un discours dans une réunion électorale.1885.

Date de création : 1885

Date représentée : 1885

H. : 243 cm

L. : 205 cm

Huile sur toile. Réunion au Cirque Fernando plus tard le Cirque Médrano, boulevard Rochechouard à Paris.

Domaine : Peintures

© RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Franck Raux

Lien vers l'image

MV 6019 - 15-538640

Le grand tenor du radicalisme

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Barthélemy JOBERT et Pascal TORRÈS

Clemenceau avant l’Affaire Dreyfus

Médecin, issu d’une famille bourgeoise de la Vendée de tradition républicaine, Clemenceau entre véritablement dans la carrière politique après 1870. Maire du XVIIIe arrondissement pendant la Commune, il est élu député de la Seine en 1871 et siège à la gauche du parti radical. La finesse de son intelligence et son éloquence cinglante font sa réputation de « tombeur de ministères ». En ayant à cœur de faire triompher les idées du « programme démocratique et libéral » proclamé à Belleville en avril 1869, Clemenceau et les siens refusent la République des « opportunistes », dont les réformes sont jugées trop timides. En 1880 ils fondent dans cet esprit La Justice, journal porte-voix qui favorise l’entrée d’une quarantaine d’entre eux à la Chambre l’année suivante. Les élections législatives d’octobre 1885 qui succèdent à la chute du long ministère Ferry sont alors l’occasion pour eux d’accroître leur poids politique.

Une réunion électorale

Raffaëlli était alors un peintre connu. Il exposait au Salon depuis plus de dix ans, réussissant à imposer une peinture alors originale, à la fois par le choix de ses sujets (la réalité quotidienne de la vie urbaine, souvent de la banlieue), une esthétique volontairement dépouillée et un style « moderne » proche des impressionnistes, avec lesquels d’ailleurs il exposa à l’initiative de Degas, qui le tenait en grande estime.

Clemenceau, debout au centre, harangue la foule réunie au cirque Fernando. Il est entouré de ses collaborateurs de La Justice, de l’état-major du parti radical et de quelques amis proches : on reconnaît, en partant de la gauche, Raffaëlli lui-même, puis Léon Millot et Lucien Barrois. Ecrivant, assis à la table, Sutter Laumann (avec des lunettes) et Mario Sermet. Au-dessus de Clemenceau, à droite, Stephen Pichon (portant lunettes) et Albert Clemenceau. Dans l’espace compris, à gauche, entre la rampe et l’estrade, on repère de gauche à droite Louis Amiable, Gustave Geffroy, E. Trebucien et Paul Degouy. Derrière la chaise, à gauche, Hercule Rouanet, à droite Crawford (reconnaissable à sa barbe blanche).

« Ce que le peintre cherchait surtout dans un décor de vérité générale, c’était la façon dont se comporte un homme qui parle à d’autres hommes », nota Gustave Geffroy, critique proche des impressionnistes et lui-même représenté dans le tableau. « L’impression qu’il a voulu produire, c’est celle d’une volonté en action et d’un silence attentif et passionné. »

Ce tableau de Raffaëlli présente George Clemenceau au début de sa carrière politique. Il s’agit du Clemenceau d’opposition, du leader des radicaux qui composent alors l’extrême gauche de la Chambre. Doué déjà d’une impressionnante autorité, il est le chef de file des « intransigeants », qui refusent l’union des républicains au premier tour face aux conservateurs. Raffaëlli nous montre remarquablement bien son aisance face à un auditoire qu’il captive tant par sa parole que sa gestuelle. Le brillant parlementaire est en effet l’un des plus grands orateurs de la IIIe République. L’œuvre nous montre en même temps un caractère : au delà des clivages de partis, Clemenceau trace un chemin qui lui est propre, n’hésitant pas à faire « tomber » les ministères dont la politique s’écarte de ses principes. Aussi, en parvenant au second tour des élections de 1885 à détenir, aux côtés des radicaux, autant de sièges que les « opportunistes », Clemenceau est désormais à la tête d’une puissante force d’opposition républicaine. Le temps des « fondateurs » s’achève.

Maurice AGULHON La République de 1880 à nos jours Paris, Hachette, 1990, rééd.coll.« Pluriel », 1992.

Marianne DELAFOND et Caroline GENET-BONDEVILLE Raffaelli Paris, Bibliothèque des arts, 1999.

Jean-Baptiste DUROSELLE Clemenceau Paris, Fayard, 1989.

Jean-Marie MAYEUR Les débuts de la IIIe République 1871-1898 Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 1973.

Jean-Marie MAYEUR La Vie politique sous la IIIème République Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 1984.

Barthélemy JOBERT et Pascal TORRÈS, « Le grand tenor du radicalisme », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/grand-tenor-radicalisme

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