Hector Berlioz
Frédéric Chopin.
Hector Berlioz
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date de création : 1860
H. : 115 cm
L. : 82 cm
Huile sur toile
Domaine : Peintures
© RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
MV 5459 - 94-051851
La musique romantique en France
Date de publication : Février 2005
Auteur : Jérémie BENOÎT
Face à l’expansion de la bourgeoisie et au culte de l’enrichissement personnel, les artistes développèrent à l’époque romantique une sorte de contre-pouvoir fait de fantaisie, par lequel ils entendaient rendre sa grandeur à l’homme. La révolte devint le moyen d’échapper à une société jugée étriquée, n’offrant aucun avenir. Si les écrivains brandirent le spectre de Napoléon en héros outrepassant les règles sociales pour se libérer (Hugo, Les Misérables, Musset, La Confession d’un enfant du siècle, Stendhal, Le Rouge et le Noir), les musiciens, suivant en cela le modèle allemand (Hoffmann, Schubert), tentèrent aussi d’échapper à des formes artistiques trop rigides.
Chopin, né d’une mère polonaise et d’un père français, s’attacha à développer des préludes, valses et polonaises, Berlioz reprit la formule de la musique à programme (poème symphonique) qu’il introduisit d’abord dans sa Symphonie fantastique (1830), dont la création provoqua un tollé semblable à celui que suscita Hernani au théâtre. Tous deux furent incompris de leur temps, mais si Chopin devint le symbole du peuple polonais opprimé et mourut phtisique après des amours agitées avec George Sand, Berlioz poursuivit avec insistance une œuvre qui le mena jusqu’à la démultiplication de l’orchestre dans son Requiem. Figurant malgré eux parmi les premiers artistes maudits, ils anticipent sur un type de personnalité artistique qui éclora à la fin du XIXe siècle. Au sein du mouvement romantique cependant, les musiciens français, contrairement à la situation dans d’autres pays, sont relégués derrière les poètes, les dramaturges et les peintres.
Le portrait de Berlioz
Réalisé à partir d’une photographie de Nadar, ce portrait a longtemps été attribué à Daumier. La technique picturale peut en effet justifier cette attribution. Mais il s’agit d’une œuvre de Gill, caricaturiste de journaux (La Lune, L’Éclipse) qui fut une sorte de disciple de Daumier, très engagé politiquement puisqu’il fut directeur du musée du Luxembourg durant la Commune. De Berlioz, l’artiste a retenu le drame intérieur du musicien. Par sa technique, il en accuse les traits presque jusqu’à la caricature. C’est un Berlioz rigide, fermé, entièrement tourné sur son intellect qu’il présente, tout comme Achille Peretti dans le portrait qu’il réalisa du musicien, la tête appuyée sur la main, semblant plongé dans une profonde rêverie (Paris, musée de l’Opéra). Mais c’est aussi la révolte intérieure qu’a peinte Gill : Berlioz, jamais vraiment reconnu de son vivant, semble méditer sur l’injustice face au génie. Il est vrai que la France glorifiait alors Meyerbeer ou Offenbach. C’est en fin de compte le sombre Berlioz des Troyens et de La Damnation de Faust qu’a peint Gill.
Le portrait de Chopin
Âme sensible, Chopin avait été un enfant prodige. Esprit libre, il ne s’attacha qu’au piano qui lui permit d’harmoniser sa vie avec son art. L’œuvre de Couture montre un Chopin inquiet, mais sans la fragilité maladive que d’autres portraits révèlent, en particulier celui de Delacroix, à la touche vibrante bien faite pour évoquer l’esprit rêveur du musicien.
C’est un malentendu – la répression de l’insurrection polonaise par les Russes en 1830 – qui propulsa Chopin au rang de héros national de la Pologne, alors que lui-même ne fit rien pour s’affirmer polonais. Son œuvre ne possède pas véritablement un caractère national malgré les polonaises, pas plus que celle de Berlioz. Celui-ci, très marqué par les tiraillements sociaux de la période romantique dont il eut à souffrir, ne développa que des thèmes à la mode, inspirés de Byron (Manfred) ou de Goethe (Faust), mais aucun d’eux ne sut s’inspirer comme les Russes ou les Tchèques de thèmes populaires. Leur art n’a de romantique que la forme, par la souffrance et la douleur qu’il dégage, par la recherche de la liberté humaine qui le sous-tend.
Joël-Marie FAUQUET (dir.) Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle Paris, Fayard, 2003.
Romantisme : Le mot est introduit dans la langue française par Rousseau à la fin du XVIIIe siècle. Il désigne par la suite un élan culturel qui traverse la littérature européenne au début du XIXe siècle, puis tous les arts. Rompant avec les règles classiques, la génération romantique explore toutes les émotions données par de nouveaux sujets, en privilégiant souvent la couleur et le mouvement.
Jérémie BENOÎT, « La musique romantique en France », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 22/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/musique-romantique-france
La Symphonie Fantastique d'Hector Berlioz décryptée, Philharmonie de Paris.
Lien à été copié
Découvrez nos études
La Guerre en musique
Début juillet 1917, comme le montre un cliché pris sur le port de Saint-Nazaire, la Grande Guerre est en passe de…
L’Internationale, hymne révolutionnaire
C’est en 1887 qu’Eugène Pottier édite le poème L’Internationale. Le guesdiste Gustave Delory demande dès l’…
Louis XIV protecteur des Arts et des Sciences
Roi de guerre, roi-soleil, Louis XIV se veut aussi le protecteur des arts et des sciences. D’autant que le jeune monarque, né en 1638, de l’union…
Chopin, musicien romantique
En 1834, dans son atelier du 15, quai Voltaire à Paris, Delacroix fait de George Sand, juste après sa rupture avec Alfred de Musset, un portrait…
Les Chorégies d’Orange
L’affiche annonçant la « Fête romaine » du 21 août 1869, d’une sobriété…
Debussy et le renouveau musical
Nombreux sont ceux pour qui Achille-Claude Debussy (1862-1918) est le plus grand compositeur du XXe siècle. D’origine très modeste, il…
Le Printemps de Bourges
L’affiche annonçant la troisième édition du « Printemps de Bourges » inscrit nettement les…
Le compositeur Cherubini et la Muse de la poésie lyrique
Compositeur italien né en 1760, Cherubini s’établit à Paris en 1788 et se fait naturaliser français. Il traverse les gouvernements : porte-parole…
Le Surintendant de la Musique de Louis XIV : Lully
Frère du peintre Pierre Mignard, Nicolas Mignard (1606-1668) s’est fait une de ses spécialités de portraiturer des hommes…
Madame Manet au piano
Ce tableau illustre un thème alors souvent traité par les peintres. De Fantin-Latour à Vallotton en…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel