Louis XIV devant la grotte de Téthys
Institution de l'ordre militaire de Saint-Louis
Louis XIV devant la grotte de Téthys
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
H. : 96,5 cm
L. : 96,5 cm
Personnages représentés : Louis XIV, Louis de France, dit le Grand Dauphin, Marie-Anne-Christine de Bavière, Armand-Jean de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu, Louis de France, duc de Bourgogne, Louise de Prie, marquise de Toucy, le maure Mabo, Françoise-Athénaïs de Rochechouart, marquise de Montespan, Louis-Victor de Rochechouart, duc de Vivonne-Mortemart, Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon, Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine.
La grotte artificielle est aménagée à partir de 1665 dans la partie inférieure d’un réservoir d’eau, alimenté par la tour de la pompe élévatrice et les moulins à vent visibles à l’arrière-plan. La grotte de Téthys est détruite en 1684.
Huile sur toile.
Domaine : Peintures
© Château de Versailles, Dist. GrandPalaisRmn / Christophe Fouin
MV 8075 - 13-532623
La Cour de Louis XIV
Date de publication : Janvier 2013
Auteur : Jean HUBAC
La cour de Louis XIV
Louis XIV choisit de stabiliser la cour dans sa résidence royale de Versailles qu’il fait aménager, agrandir et embellir. Il y multiplie les séjours jusqu’à s’y fixer définitivement le 6 mai 1682. La proximité des jardins et de forêts giboyeuses, mais aussi la mise de la noblesse à distance de Paris, contribuent à cette décision, le roi appréciant les plaisirs de plein air (chasses, promenades, fêtes) et se méfiant du passé frondeur de Paris.
À Versailles évolue une cour composée de plusieurs milliers de personnes, des plus hauts princes aux plus humbles serviteurs, qui gravitent autour du roi et des membres de sa famille. La création artistique est au service d’un mécénat politique, en particulier de la part du roi. Les représentations de la cour et de la famille royale participent de la mise en scène monarchique. L’artiste anonyme qui a peint Louis XIV devant la grotte de Téthys est sans doute un proche de Van der Meulen. L’œuvre est difficile à dater (début des années 1670 ou début des années 1680) en raison de la délicate identification de la femme qui descend les quelques marches au premier plan.
En 1710, François Marot reçoit commande d’une esquisse afin de réaliser une des tapisseries de la série de L’Histoire du Roi. Sa contribution, Institution de l'ordre militaire de Saint-Louis, en restera cependant à l’état de projet. La toile représente la cérémonie qui a eu lieu le 10 mai 1693 au cours de laquelle la première promotion d’officiers militaires ayant bien servi la monarchie ont été récompensés de l’ordre de Saint-Louis.
La « société de cour »
Les deux peintures proposent deux représentations très différentes de la cour : une vision baroque, dynamique et de plein air de la société de cour organisée autour de la famille royale avant la stabilisation à Versailles, et une vision classique, figée et codifiée dans un lieu clos emblématique de la mise en scène royale à la fin du XVIIe siècle.
Dans la première œuvre, Louis XIV, dont la tête du cheval est au centre exact de la composition, passe devant la grotte de Téthys, construite en 1665-1666 sur le flanc nord du château de Versailles. Cette œuvre montre à la fois la diversité sociale de la cour – évidente dans les tenues vestimentaires – et le cadre dans lequel elle vit. À l’arrière-plan, la tour de la pompe avait pour fonction d’amener l’eau aux fontaines du parc du château. La grotte de Téthys, détruite lors d’un remaniement de 1685, était un lieu de fête et de représentations théâtrales apprécié. L’artiste mêle des scènes pittoresques (partie gauche de la toile) à des scènes où agissent des personnes connues : le Grand Dauphin suit le roi à cheval ; la femme au premier plan semble être madame de Montespan, qui descend une volée de marches en donnant le bras à son frère le duc de Vivonne (il est également possible que cette femme soit la dauphine Marie-Anne de Bavière) ; madame de Maintenon, gouvernante des enfants illégitimes du roi, s’occupe du petit duc du Maine, né en 1670 (à moins qu’il ne s’agisse du petit duc de Bourgogne né en 1682). La cour s’organise ici en groupes distincts : tandis que les courtisans contemplent Louis XIV et sa suite dans la partie droite de la composition, des personnes de rang social plus modeste (peut-être un voleur) s’animent à gauche, autour des cavaliers qui précèdent le roi.
François Marot montre quant à lui une cour plus sérieuse et plus compassée. La solennité de l’événement – qui explique sans doute l’exclusivité masculine – ne dispense pas le peintre de prendre des libertés avec la réalité : la chambre du roi dans laquelle la cérémonie a effectivement eu lieu n’est pas celle qui est représentée ici et qui résulte d’un remaniement de 1701 ; les ombres indiquent que les fenêtres ouvrent au sud, alors qu’elles ouvrent en réalité à l’est, c’est-à-dire là où se situe le spectateur. Seul le roi est identifiable, même si on peut supposer que parmi les personnes agenouillées figurent le Dauphin, le duc d’Orléans, le duc de Chartres, le prince de Conti et le maréchal de Bellefonds, tous adoubés par Louis XIV ce jour-là. Conformément à l’étiquette, qui prescrit que nul ne se couvre dans la chambre du roi, seul le roi porte un chapeau, ce qui contribue à le distinguer parmi les autres personnes.
La « civilisation des mœurs »
Louis XIV a exercé le pouvoir en organisant une vie codifiée à la cour, rendant ainsi la haute noblesse dépendante de son accessibilité. La vie de cour coûte cher aux courtisans, qui doivent se loger de manière souvent inconfortable, se vêtir à la mode et pour les plus riches d’entre eux entretenir un hôtel particulier dans la ville de Versailles. Pourtant, elle est recherchée comme un moyen de parvenir, comme un moyen éventuel de plaire au roi. Après la sédentarisation de la cour à Versailles en 1682 et le mariage du roi avec madame de Maintenon en 1683, la cour devient plus grave, voire ennuyeuse pour certains observateurs. Les quelque dix mille personnes qui fréquentent quotidiennement le château de Versailles s’astreignent à respecter le cérémonial de cour, espérant approcher le monarque hiératique, dont la vie règle celle des courtisans.
L’étiquette contribue à domestiquer la noblesse et à la mobiliser au service du roi et de l’État. La « civilisation des mœurs » est, d’après Norbert Élias, un processus de normalisation des comportements et des sensibilités auquel la vie de cour a fortement participé. Par son éclat et les commandes qu’elle provoque, la cour est aussi un foyer de culture où le roi joue le rôle d’un mécène.
Norbert ÉLIAS, La Société de Cour, Paris, Flammarion, 1969, rééd. 2008.
Frédérique LEFERME-FALGUIÈRES, Les Courtisans. Une société de spectacle sous l’Ancien Régime, Paris, P.U.F., 2007.
Emmanuel LE ROY LADURIE, Saint-Simon ou le Système de la Cour, Paris, Fayard, 1997.
Jean-François SOLNON, La Cour de France, Paris, Fayard, 1987.
Jean HUBAC, « La Cour de Louis XIV », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 12/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/cour-louis-xiv
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