Vue du château de Versailles du côté de la place d'armes
Auteur : MARTIN Pierre-Denis, dit le Jeune
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date de création : 1722
Date représentée : 1722
H. : 143 cm
L. : 152 cm
Huile sur toile.
Domaine : Peintures
© Château de Versailles, Dist. GrandPalaisRmn / Jean-Marc Manaï
MV 726 - 11-553261
Versailles après Louis XIV
Date de publication : Novembre 2013
Auteur : Stéphane BLOND
Le retour de la Cour
Le tableau de Pierre-Denis Martin (1663-1742) s’inscrit dans une période de renouveau dans l’histoire du château de Versailles. À la mort de Louis XIV en septembre 1715, le jeune Louis XV est placé sous l’autorité du régent Philippe d’Orléans qui transfère la cour à Paris, loin de la pesante étiquette instaurée par le défunt roi. Sept ans plus tard, le 15 juin 1722, la cour fait son grand retour, quarante ans après sa première installation.
Cette vue panoramique est commandée par la princesse Marie-Anne de Bourbon, fille légitimée de Louis XIV et épouse du prince de Conti, afin de célébrer le réinvestissement du palais. D’abord installée dans la salle à manger du château de Choisy-le-Roi avec cinq autres tableaux représentant des châteaux royaux (Chambord, Meudon, Marly, Trianon et Fontainebleau), cette toile rejoint Versailles au XIXe siècle, lorsque Louis-Philippe fait du palais un musée dédié à l’histoire de France.
L’auteur et la date de l’œuvre sont connus par l’inscription visible sur un des blocs de pierre du premier plan : « P. D. Martin, peintre ordinaire et pensionnaire du Roy. 1722. » Élève d’Adam-Frans Van der Meulen, grand peintre des exploits militaires du Roi-Soleil, Martin le Jeune excelle en particulier dans les vues de résidences royales. Fin connaisseur de la topographie versaillaise, il peint les jardins ainsi que le palais sous différents angles. La Vue du château de Versailles prise de la place d’armes en 1722, c’est-à-dire depuis le côté est, est d’ailleurs une de ses toiles maîtresses.» vu du côté est. Le nombre important de personnages évoque une résidence à l’activité débordante.
La mise en scène de la résidence royale
Connu pour son souci du détail et la finesse de ses représentations, l’auteur exploite plusieurs niveaux de perspective pour décrire les parties du château. Les plans se rétrécissent à mesure que l’on entre dans la toile, et le regard est guidé vers l’espace sacré du palais. Légèrement désaxée par rapport à la ligne directrice est-ouest, la vue en contre-plongée permet d’alléger la composition, tout en lui donnant du relief.
Le premier plan montre une place d’armes encombrée où la voiture du prince de Conti, des chariots et des chevaux tentent de se frayer un chemin. Des tailleurs de pierre sont à l’œuvre, car la ville, qui doit accueillir une population en constante augmentation, est un chantier permanent.
Au-delà de la première grille, la cour des Ministres est délimitée par deux bâtiments. Au cœur de cette cour, deux des nombreuses compagnies de la Maison militaire du roi forment des haies d’honneur. Les deux unités représentées sont identifiables à la couleur des uniformes et aux huit drapeaux d’ordonnance. Sur la droite, le régiment des Gardes suisses, avec un manteau rouge et un pantalon bleu. Sur la gauche, le régiment des Gardes françaises, avec un manteau bleu et un pantalon rouge.
Situé au-delà de la seconde grille, le troisième ensemble correspond aux cours Royale et de Marbre, dans lesquelles arrivent les courtisans les plus importants. Depuis 1701, cet espace est aussi le cœur du palais, celui sur lequel donne la chambre d’apparat du roi. Le carrosse royal s’élance, tiré par huit chevaux et encadré par de nombreux cavaliers. La multiplicité des personnages suggère à nouveau que le château revit.
Plus suggestif, le plan le plus lointain laisse entrevoir les jardins du château et la majestueuse perspective du Grand Canal. Les hommes sont absents, mais les jets d’eau perpétuent l’idée de vie.
L’âge d’or versaillais
Le tableau de Pierre-Denis Martin constitue un instantané de la vie du château de Versailles. Il permet de faire un état des lieux après un demi-siècle d’aménagements de grande envergure. Cette peinture prend tout son sens si elle est placée en regard de celle réalisée par Pierre Patel en 1668, au début des embellissements ordonnés par Louis XIV. D’un tableau à l’autre, la vue est sensiblement la même, ce qui permet d’observer l’étendue des changements menés par Le Vau et Mansart.
Cette source historique irremplaçable représente le domaine au faîte de sa splendeur, lorsque son architecture et son urbanisme classiques servent de modèle à travers toute l’Europe. Le petit château édifié par Louis XIII est désormais enchâssé dans un vaste ensemble comprenant deux longues ailes, le Grand Commun et la chapelle royale consacrée en 1710. Les bâtiments sont finement représentés, à l’aide de couleurs chatoyantes qui soulignent la brique, les toitures en ardoise ou encore la pierre calcaire à la teinte dorée.
Les principaux travaux sont terminés, et ce cadre majestueux met en scène la puissance royale léguée au jeune Louis XV. À l’instar d’un portrait du roi, la représentation de son palais contribue également à la construction et à l’affirmation du pouvoir. Dans les décennies qui suivent, l’ensemble ne connaît que peu de modifications, si ce n’est la construction de l’Opéra à l’extrémité de l’aile nord (1770) et celle du pavillon Gabriel au niveau de la cour royale (1774).
Joël CORNETTE (dir.), Versailles. Le pouvoir de la pierre, Paris, Tallandier, 2006.
Frédéric DIDIER, « Versailles, un palais paré d’ocre, de pourpre et d’or », in Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, 2002, disponible sur revues.org.
Vincent MAROTEAUX, Versailles, le roi et son domaine, Paris, Picard, 2000.
Gérard SABATIER, Versailles ou la Figure du roi, Paris, Albin Michel, coll. « Bibliothèque Albin Michel de l’histoire », 1999.
Stéphane BLOND, « Versailles après Louis XIV », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/versailles-apres-louis-xiv
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