Sacre de Charles X, à Reims, 29 mai 1825.
Auteur : GERARD, Baron François
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date représentée : 29 mai 1825
H. : 514 cm
L. : 972 cm
Huile sur toile.
Domaine : Peintures
© Photo RMN - Grand Palais - Droits réservés
73-000126 / MV1792
Le sacre de Charles X
Date de publication : Septembre 2009
Auteur : Alain GALOIN
Né à Versailles le 9 octobre 1757, Charles X était le petit-fils de Louis XV, et le frère cadet des rois Louis XVI et Louis XVIII. Jusqu’à son avènement en 1824, il porta le titre de comte d’Artois. Le 16 novembre 1773, il épousa Marie-Thérèse de Sardaigne, plus connue sous le nom Marie-Thérése de Savoie, dont il eut deux fils – Louis Antoine, duc d’Angoulême, et Charles Ferdinand, duc de Berry –, et deux filles, mortes en bas âge.
Dès la prise de la Bastille le 14 juillet 1789, il donna le signal de l’émigration à la haute noblesse avec l’assentiment de Louis XVI, et parcourut les diverses cours d’Europe pour chercher des défenseurs à la cause royale. À son initiative fut créé le comité de Turin, qui avait pour vocation essentielle d’organiser la contre-révolution depuis l’étranger.
En 1795, avec l’appui militaire des Anglais, il tenta un débarquement sur l’île d’Yeu pour venir en aide aux insurgés vendéens, mais sans succès. Après avoir passé en Angleterre la fin de la Révolution et tout le premier Empire, il rentra en France en avril 1814, à la suite des armées alliées en Lorraine, « dans les fourgons de l’étranger ». De retour à Paris, le Sénat le reconnut comme lieutenant général du royaume en attendant l’arrivée de Louis XVIII dans la capitale. C’est à ce titre qu’il signa avec les Alliés la convention militaire du 23 avril 1814, traité qui enlevait à la France toutes les places conquises depuis 1792.
Hostile à la Charte constitutionnelle de Louis XVIII, Charles X rêvait d’un retour à l’Ancien Régime et, pendant le règne de son frère, sa résidence du pavillon de Marsan devint le centre de l’opposition ultraroyaliste à la politique conciliante de Louis XVIII. À la mort sans postérité de ce dernier en 1824, le comte d’Artois monta sur le trône et renoua avec une tradition antérieure à la Révolution en se faisant sacrer à Reims avec beaucoup de faste le 29 mai 1825.
Peintre d’histoire, portraitiste et lithographe, François Pascal Simon Gérard (1770-1837) est né à Rome, d’une mère italienne et d’un père français, intendant du cardinal de Bernis. Admis à douze ans à la Pension du Roi, il fut l’élève du sculpteur Augustin Pajou (1730-1809), puis du peintre Nicolas Guy Brenet (1728-1792), avant d’entrer, en 1786, dans l’atelier de Jacques Louis David (1748-1825). En 1789, il concourut pour le Prix de Rome mais n’obtint que la seconde place derrière Anne Louis Girodet (1767-1824). Sa renommée s’établit néanmoins avec les premières commandes passées par Napoléon Bonaparte, et il devint bientôt le portraitiste attitré de la famille impériale. Sa carrière ne souffrit pas de la chute de l’empire, et, dès 1817, il fut nommé premier peintre du roi Louis XVIII, qui l’anoblit en lui conférant le titre de baron en 1819. L’avènement de Louis-Philippe en 1830 ne mit pas un terme à ses activités : il enrichit de compositions allégoriques le musée de l’Histoire de France créé par le roi à Versailles et compléta la décoration de la coupole du Panthéon en 1836.
Portraitiste de talent, il n’abandonna pas pour autant la peinture d’histoire, comme en témoigne cette représentation du sacre de Charles X en la cathédrale de Reims, le 29 mai 1825. Le moment représenté est celui de l’intronisation, lorsque l’archevêque de Reims, Jean-Baptiste de Latil, ayant lancé son « Vivat Rex in aeternum », le roi, assis sur son trône, donne l’accolade au dauphin, le duc d’Angoulême, et aux princes de sang, le duc d’Orléans, futur Louis-Philippe, et le prince de Condé, debout à ses côtés. Fortement inspirée de toiles de David sur des sujets comparables, cette œuvre monumentale et ambitieuse fut mal reçue par la critique. Elle fut endommagée lors des journées révolutionnaires de 1830.
Charles X fut le dernier souverain français à être sacré à Reims. Nostalgique de la monarchie absolue de droit divin, le roi voulait gommer tout héritage de l’épisode révolutionnaire et reprendre pleinement le cérémonial d’Ancien Régime. Louis XVIII avait renoncé à la cérémonie du sacre, notamment parce qu’il n’aurait pu en supporter les fatigues. Charles X quant à lui reprit la tradition et voulut une cérémonie fidèle à celle de ses ancêtres. Les préparatifs commencèrent dès novembre 1824. Un budget important fut consacré à la restauration des bâtiments, à la décoration fastueuse de la cathédrale de Reims et du palais archiépiscopal. Pour l’occasion, le roi fit spécialement composer une messe par Luigi Cherubini et commanda un opéra à Gioacchino Rossini, Le Voyage à Reims. Le carrosse, dessiné par l’architecte Charles Percier, était une berline à huit chevaux à l’ornementation de laquelle avaient collaboré le carrossier Duchêne, le sculpteur Henri-Victor Roguier, le ciseleur Denière et le peintre Pierre-Claude-François Delorme.
Le 27 mai 1825, le cortège royal partit de Compiègne, étape incontournable sur la route du sacre. Le cérémonial avait été légèrement modifié : Charles X avait accepté de prêter serment de fidélité à la Charte constitutionnelle, « pour rassurer l’opinion ». Le rite se déroula devant un parterre où dominaient savants, artistes et poètes comme le baron Gérard, Alphonse de Lamartine ou Victor Hugo. Ce dernier composa l’ode « Le sacre de Charles X », qu’il publia le 18 juin suivant dans son recueil Odes et Ballades et dans laquelle il se posait en chantre de l’alliance du trône et de l’autel. Le 31 mai, le roi exerça ses pouvoirs de thaumaturge en touchant les écrouelles de cent trente malades.
L’impact du sacre de Charles X dans l’opinion fut des plus limités. Dans une société où l’anticléricalisme était vivace, le peuple n’y voyait que la résurrection de l’Ancien Régime dans l’un de ses aspects les plus archaïques et un événement chargé d’une signification religieuse qu’il ne comprenait plus. Le sacre révélait l’impossible harmonie de deux principes fondamentalement antinomiques : la souveraineté nationale et la légitimité royale d’Ancien Régime.
Guillaume BERTIER de SAUVIGNY, La Restauration, Paris, Flammarion, 1955.José CABANIS, Charles X, roi ultra, Paris, Gallimard, 1972.Francis DEMIER, La France du XIXe siècle, Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 2000.Éric LE NABOUR, Charles X, le dernier roi, Paris, Lattès, 1980.Landric RAILLAT, Charles X, le sacre de la dernière chance, Paris, Orban, 1991.Jean VIDALENC, La Restauration 1814-1830, Paris, P.U.F., coll. « Que sais-je ? », 1983.Emmanuel de WARESQUIEL et Benoît YVERT, Histoire de la Restauration.Naissance de la France moderne, Paris, Perrin, 1996.
Alain GALOIN, « Le sacre de Charles X », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 14/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/sacre-charles-x
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