Portrait de Marie-Anne-Eléonore, comtesse de Grave dit autrefois Portrait de Marie-Madeleine Guimard
Portrait d'Edmond de Goncourt, la main droite tenant une cigarette
Portrait de Marie-Anne-Eléonore, comtesse de Grave dit autrefois Portrait de Marie-Madeleine Guimard
Auteur : FRAGONARD Jean-Honoré
Lieu de conservation : musée du Louvre (Paris)
site web
H. : 82 cm
L. : 65 cm
Huile sur toile.
Domaine : Peintures
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec
RF 1974 1 - 21-500338
Marie-Madeleine Guimard et le ballet français du XVIIIe siècle redécouverts
Date de publication : Juin 2009
Auteur : Gabriella ASARO
L’esprit galant du XVIIIe siècle et ses protagonistes reviennent à la mode dans la seconde moitié du XIXe siècle : les compositeurs se penchent sur la musique et le monde du XVIIIe siècle pour puiser leur inspiration, un intérêt qui se poursuit au XXe siècle et contribue au développement du courant néoclassique. Les références au siècle des Lumières sont très fréquentes, surtout dans l’opéra : Auber en 1856 et Massenet en 1884 s’inspirent du roman de l’abbé Prévost pour leurs versions lyriques de Manon Lescaut. Dumas fils crée en 1848 le touchant personnage de Marguerite dans La Dame aux camélias, qui inspirera à son tour Verdi pour Violetta dans La Traviata (1853). Sur le plan musical, l’intérêt pour le XVIIIe siècle et le culte voué à Mozart et au classicisme viennois sont parfois révélateurs d’un désir de « refoulement du romantisme », par exemple chez Saint-Saëns.
Historiens et hommes de lettres s’intéressent également aux artistes du siècle des Lumières. Les frères Goncourt jouent un rôle très important dans cette redécouverte. Edmond, passionné d’art et grand collectionneur, a su tirer de l’oubli les artistes peintres du siècle précédent (L’Art du XVIIIe siècle, en deux volumes, 1874), notamment Watteau, auquel il consacre une monographie en 1876.
Dans son exploration du XVIIIe siècle, Edmond de Goncourt fait la rencontre de Marie-Madeleine Guimard (1743-1816), surnommée « la Terpsichore du XVIIIe siècle », qui avait fait le charme de la cour de Louis XV et de Louis XVI, devenant l’une des artistes les plus acclamées et les plus influentes à l’Opéra. Goncourt lui consacre une longue biographie détaillée, publiée en 1893 sous le titre La Guimard, d’après les registres des Menus Plaisirs, de la bibliothèque de l’Opéra, etc., etc.
Cet intérêt pour les danseurs du XVIIIe siècle est confirmé par la publication, une année plus tard, des souvenirs inédits du mari de la Guimard, le danseur, chorégraphe et poète-chansonnier Jean-Étienne Despréaux (1748-1820), par Albert Firmin-Didot. Ce dernier rend justice à un artiste intelligent, spirituel et aux talents multiples, qui n’était pas indigne de la charmante Guimard, contrairement à ce qu’affirme Edmond de Goncourt.
Le portrait magnifique réalisé par Fragonard montre une Guimard rayonnante de grâce et de beauté : la douceur de son regard et l’espièglerie de son sourire illuminent son visage et révèlent tout le pouvoir de séduction de la danseuse, représentée ici au sommet de son charme. On ne peut pas regarder ce portrait sans avoir à l’esprit les vers que son mari Jean-Étienne Despréaux écrit pour elle dans le deuxième Chant de L’Art de la Danse : « Telle qu’une bergère, au plus beau jour de fête, / De superbes rubis ne charge point sa tête, / Et, sans mêler à l’or l’éclat des diamans, / Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornemens, / Telle, Guimard, pour plaire, imitant la nature, / Semble avoir de Vénus, dérobé la ceinture. / Son air simple et naïf n’a rien de fastueux ; / Elle enivre à la fois et le cœur et les yeux : / Par elle, tout reçoit une nouvelle grace. / Sans cesse elle nous charme, et jamais ne nous lasse ; / Et ses bras délicats, par des contours charmans, / Nous peignent du roseau les souples mouvemens ».
Edmond de Goncourt est représenté par Bracquemond dans son bureau, entouré d’œuvres d’art. Comme son frère Jules, disparu prématurément en 1870, il vit pour l’art et l’écriture et trouve une inépuisable source d’inspiration dans la vie des hommes et des femmes du passé qu’il retrace minutieusement dans ses ouvrages biographiques et historiques.
À une époque où le ballet français s’est désormais enraciné dans la vie bourgeoise, Edmond de Goncourt fait revivre les fastes de Versailles. À la fin du siècle qui a célébré des femmes idéales et aériennes comme la Sylphide, la Péri et Giselle transformée en Willi, il retrace l’histoire d’une femme d’esprit, connue autant pour ses qualités artistiques que pour ses aventures galantes. Bien que ses détracteurs lui reprochent une excessive maigreur et une beauté plus qu’ordinaire, Marie-Madeleine Guimard sait user de ses charmes, ce qui lui permet de devenir l’artiste la plus riche de l’Académie royale de musique. Au sommet de sa gloire, elle possède un hôtel particulier à Paris et un autre à Pantin, et fait construire un théâtre dans chacune de ces résidences. Celui de Pantin est appelé, en son honneur, « le Temple de Terpsichore » : c’est ici qu’elle fait représenter – et joue parfois elle-même – des pièces érotiques. Luxe et luxure lui sont pardonnés en raison de sa générosité envers les pauvres : la Guimard n’a pas oublié la misère qu’elle a connue pendant son enfance et son adolescence.
Courtisane convoitée par les hommes les plus influents de la cour, la Guimard laisse à Jean-Benjamin de Laborde et à Charles de Rohan, prince de Soubise, les rôles respectifs d’amant utile et d’amant honoraire, tandis qu’elle choisit comme « gréluchons » (amants de cœur) quelques-uns de ses collègues danseurs. Femme libre, la Guimard ne contracte aucun mariage d’intérêt mais s’unit en 1789, à la fin de sa longue carrière, à Jean-Étienne Despréaux. Bien que Goncourt regrette que cette femme hors du commun, se voyant vieillir, n’ait épousé qu’un danseur beaucoup moins célèbre qu’elle, le choix d’un tel mari est, en réalité, une preuve ultime de l’esprit d’indépendance de la Guimard : elle décide ainsi de vivre aux côtés d’un homme d’esprit, qui partage son amour pour la danse et pour les plaisirs de la vie. De plus, Despréaux est un poète et célèbre dans ses vers la beauté, le charme et le talent de danseuse et de mime de son épouse.
Marie-Madeleine Guimard représente le sommet de la danse théâtrale de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Au lieu de céder aux attraits d’une virtuosité dépourvue d’âme qui commence à contaminer les planches de l’Opéra, elle saura préserver la pureté de style et l’esprit authentique de la danse académique française. Tout au long de sa carrière, elle cultivera une danse élégante et mesurée, fondée sur la grâce, la légèreté et l’expressivité. Par ses qualités exceptionnelles de mime, la Guimard excelle dans les créations de Jean-Georges Noverre, qui théorise le ballet-pantomime comme la forme de danse théâtrale la plus adaptée à raconter une histoire et à exprimer les émotions et les sentiments des personnages.
Edmond de GONCOURT, La Guimard, d’après les registres des Menus Plaisirs, de la bibliothèque de l’Opéra, etc., etc., Paris.
G. Charpentier et E. Fasquelle, collection Les actrices du XVIIIe siècle, 1893.
Jean-Étienne DESPRÉAUX, Mes Passe-Temps, chansons suivies de l’Art de la Danse, Poëme en quatre chants, calqué sur l’Art Poétique de Boileau, Despréaux, par Jean-Étienne Despréaux, ornés de Gravures d’après les Dessins de Moreau le jeune, avec les airs notés, 2 tomes, Paris, Imprimerie de Crapelet, 1806.
Gabriella ASARO, « Marie-Madeleine Guimard et le ballet français du XVIIIe siècle redécouverts », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 31/10/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/marie-madeleine-guimard-ballet-francais-xviiie-siecle-redecouverts
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Frand3839
Bonjour,
j'aimerais savoir s'il existe des DVD représentant des Ballets du XVII ème siècle.
Eventuellement un film historique comportant des scènes de ballets.
Pourriez-vous m'en communiquer les références.
Merci d'avance de votre réponse
Frand
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