Atelier de la princesse Marie d'Orléans.
Auteur : LAFAYE Prosper
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
H. : 55 cm
L. : 87 cm
Huile sur toilecommandé par Louis-Philippe pour le château de Saint-Germain-en-Laye en 1842
Domaine : Peintures
© Photo RMN - Grand Palais
91DE584/MV 6120
Atelier de la princesse Marie d'Orléans
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Barthélemy JOBERT et Pascal TORRÈS
Marie d’Orléans (1813-1839) était la troisième des dix enfants de Louis-Philippe et de Marie Amélie de Bourbon-Sicile. Elle eut un destin original : très vite elle manifesta des dons d’artiste, fut l’élève d’Ary Scheffer et, en sculpture, de David d’Angers. Proche de la jeune école romantique comme son frère le duc d’Orléans, elle connaissait les sculpteurs contemporains les plus novateurs, comme Barye qui sans doute l’influença. Désireuse d’être reconnue comme une artiste, elle obtint assez vite une notoriété qui n’était pas simplement due à son origine familiale. Mais sa carrière tourna court : mariée à 24 ans au duc Alexandre de Wurtemberg, elle mourut de phtisie peu de temps après, laissant un fils.
Un intérieur original
Louis-Philippe, dès la Restauration, avait maintenu la tradition de mécénat de la famille d’Orléans, réunissant notamment une collection de tableaux de maîtres contemporains parmi lesquels Horace Vernet, Delacroix ou Géricault (dont il avait acheté l’Officier de chasseurs à cheval et le Cuirassier blessé aujourd’hui au Louvre). Ses enfants furent aussi très actifs dans le domaine artistique : le duc d’Orléans, héritier du trône, manifesta un goût audacieux en soutenant aussi bien les peintres romantiques et les paysagistes naturalistes, alors discutés dans les cercles officiels, que le sculpteur Barye, à qui il commanda un somptueux surtout de table (en partie démantelé, plusieurs groupes à Baltimore, Walters Art Gallery). Comme plusieurs de ses frères et sœurs, il fut également novateur en matière d’arts décoratifs, réaménageant à la dernière mode les pièces qu’il occupait au palais des Tuileries. Le « salon gothique » de la princesse Marie, au rez-de-chaussée du palais, près de l’appartement de la reine sa mère, en est ici un témoignage. Le plafond, à caisson, évoque la Renaissance, comme le mobilier, qui rappelle la Flandre ou la Hollande des XVIe et XVIIe siècles. Plusieurs meubles ou éléments de décor sont eux de style gothique tardif : il s’agit aussi bien d’originaux que de copies d’époque. On n’hésitait pas, alors, à compléter ou à modifier des pièces anciennes pour mieux les adapter à leur fonction moderne. Les fenêtres sont garnies de vitraux tamisant la lumière, comme les lourds rideaux ou les tissus cramoisis qui tapissent la pièce.
Plus qu’une reconstitution exacte, cette œuvre est une évocation : l’ambiance ainsi créée met en évidence le style de décoration intérieure prisé à l’époque tout comme le goût pour le gothique tel qu’il se manifeste autour de 1830. Longtemps dédaigné, le style gothique avait été remis à l’honneur par les romantiques, devenant une source d’inspiration dans tous les domaines, de la littérature à la peinture en passant par la sculpture, l’architecture ou les arts décoratifs. Le néogothique pouvait d’ailleurs revêtir une signification politique, en particulier pour les légitimistes, ce qui n’est évidemment pas le cas pour ce salon. Marie d’Orléans n’est cependant pas totalement étrangère à cet aspect, en particulier dans ses statues de sujet médiéval. L’une des plus célèbres, dont le plâtre occupe justement le milieu de la pièce, fut en effet une Jeanne d’Arc, dont il est inutile de souligner les résonances à la fois patriotiques et religieuses.
Jean-Pierre RIOUX et Jean-François SIRINELLI (sous la direction de) Histoire culturelle de la France , tome III « Lumières et liberté : les dix-huitième et dix-neuvième siècles » (volume dirigé par Antoine de BAEQUES et Françoise MELONIO)Paris, Seuil, 1998.Charlotte GERE L’Epoque et son style.La décoration intérieure au XIXe siècle Paris, Flammarion, 1989.Catalogue de l’exposition Un âge d’or des arts décoratifs (1815-1844) Grand Palais, Paris, RMN, 1991.
Barthélemy JOBERT et Pascal TORRÈS, « Atelier de la princesse Marie d'Orléans », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/atelier-princesse-marie-orleans
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
L'Hôtel du Collectionneur - pavillon Ruhlmann
Dans l’esprit de ses organisateurs, l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de…
Atelier de la princesse Marie d'Orléans
Marie d’Orléans (1813-1839) était la troisième des dix enfants de Louis-Philippe et de Marie Amélie de Bourbon-Sicile. Elle eut un destin original…
La réforme des « Arts and Crafts »
Premier État capitaliste, l’Angleterre connaît dès le milieu du XVIIIe siècle une révolution…
Mucha et les arts de la table
Primavera, l'atelier d'art des magasins du Printemps
Afin de développer les arts décoratifs modernes et de favoriser leur diffusion, René Guilleré, fondateur de…
Froment-Meurice et la vogue historiciste
L’ampleur et l’éclectisme qui caractérisent la dernière Exposition des produits de l’industrie…
L'ancêtre des Expositions universelles
La première exposition des produits de l’industrie française eut lieu en 1798 à l’…
Le renouveau médiéval
Dans une Allemagne dépourvue d’unité politique mais unie dans sa volonté de se soustraire à la…
Le Pavillon des Artisans français contemporains
Dédiée à la diffusion et à la promotion des arts décoratifs, l’Exposition internationale de 1925…
Le métro selon Hector Guimard
Cliché fermement associé à la ville de Paris, sans cesse renouvelé par le cinéma ou les reportages télé, le « style nouille »…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel