1er mai 1936
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : Centre international de recherche de l’imagerie politique (Cirip) / Gesgon (Paris)
Date de création : 1936
Date représentée : 01-mai-36
H. : 121 cm
L. : 80 cm
Affiche de Flo pour la CGT
Domaine : Affiches
© CIRIP - Photo Alain GESGON - Tous droits réservés
Le 1er mai 1936
Date de publication : Octobre 2003
Auteur : Danielle TARTAKOWSKY
Un 1er Mai singulier
En 1936, le 1er mai advient deux mois à peine après le congrès confédéral de Toulouse (2-5 mars) qui entérine la réunification de la CGT et de la CGTU, déchirées depuis 1922 mais l'une et l'autre signataires depuis janvier du programme du rassemblement populaire. Le 26 avril, soit cinq jours plus tôt, le premier tour des élections législatives a mis les formations politiques constitutives de ce rassemblement en position de l'emporter. Pour éviter toute provocation susceptible de peser sur l'issue du scrutin, la CGT évitera tout cortège, à Paris notamment.
L'union fait la force
Le 1er Mai se veut journée de fête (de l'unité) et de lutte (pour les 40 heures, l’une des premières mesures du gouvernement de front populaire en juin 36, les contrats collectifs, pour les grands travaux inscrits depuis 1934 dans le programme de la CGT, la paix, slogan du Front populaire « paix, pain, liberté »). Le graphisme résume et transpose ces objectifs énoncés littéralement. Depuis les premiers 1er Mai, le peuple en marche est une image fréquemment retenue pour signifier graphiquement le sens de la journée. L'affiche mobilise ce code convenu. La foule est soudée, dense et presque infinie mais, nonobstant, constituée d'individualités clairement identifiables : ouvriers (ceinture de terrassier), mais aussi bien, à leur côté, phénomène plus rare, des femmes qui ne sont ni des allégories ni des mères souffrantes et, exceptionnel, des cadres et/ou des employés (chapeau, cravate). Cette foule qui doit aux codes en usage d'être souvent dépeinte en marche vers un horizon figuré par le soleil ou repoussé hors cadre se dirige ici vers le drapeau rouge, devenu signifiant de la confédération. Il est brandi par des mains et avant-bras où l'on repère, à nouveau, la montre fine d'une femme et des manches (costume et chemise blanche) appartenant à d'autres qu'à des ouvriers. Deux mains serrées rappellent sans le reproduire le label syndical (visible dans le cadre de l'affiche). L'unité, fêtée, fait la force.
Une image du Front populaire ?
La CGT n'envisageait la réunification que sous l'espèce d'un retour pur et simple de la CGTU au sein de la « vieille CGT ». Cette conception prévaut dans l'affiche, qui évite toute allusion aux organisations préexistant à la réunification et choisit d'exprimer l'alliance de classe réalisée, non l'unité organique. Achevée avant les résultats du premier tour (et, a fortiori, du second), elle doit à sa force dynamique et à la fête invoquée de s'être pourtant imposée comme l’une des images fréquemment retenues pour illustrer le Front populaire. Elle énonce certains points forts de son programme et signifie l'alliance de classe dont il se réclame. Mais l'adéquation n'est pas totale. Le drapeau rouge cristallise ici, seul, les attentes quand le front populaire s'est affirmé et construit dans la rue en l'associant indissolublement au drapeau tricolore pour exprimer sous ce mode inédit la culture politique républicaine et de classe dont il était porteur. Le syndicat est érigé par là même en acteur exclusif d'une victoire d'une autre sorte.
Danielle TARTAKOWSKY, Le Front populaire, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes », 1996.
Michel DREYFUS, Histoire de la CGT, Complexe, 1995.
Affiches et luttes syndicales de la CGT, Chêne, 1985.
Danielle TARTAKOWSKY, « Le 1er mai 1936 », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/1er-mai-1936
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
Jaurès et le pacifisme
Le 20 mai 1913, craignant des débordements antimilitaristes, le gouvernement interdit la manifestation annuelle à la mémoire des communards qui…
Le féminisme réformiste en France
Depuis le dernier tiers du XIXe siècle, les féministes françaises revendiquent l’…
Kupka et L’Assiette au beurre : La Paix
Peintre et illustrateur tchèque émigré à Paris en 1896, Frantisek Kupka (1871-1957) collabore avec L’Assiette au beurre…
Cultures communiste et socialiste à l'époque du Front populaire
En juillet 1935, communistes, socialistes et radicaux ratifient le programme dit du « …
Le 14 juillet 1936
14 juillet 1936, le Front populaire victorieux célèbre pour la première fois la fête nationale. Dans la matinée, comme de coutume…
Les syndicats de cheminots : la grève de 1910
Depuis la création de la Confédération générale du travail en 1895, le syndicalisme révolutionnaire se renforce en…
1932 - La campagne de la S.F.I.O.
Aux élections de 1913, le parti socialiste S.F.I.O., porté par Jean Jaurès et la mobilisation croissante de l’électorat…
Les Ateliers nationaux
À l’issue de la révolution de février 1848, la IIe République est établie, mettant…
L'Hôtel de ville de Paris : du lieu des révolutions à celui des célébrations
De 1789 à 1794, l’Hôtel de Ville a abrité le Comité de salut public. En juillet 1830, la…
Charge anti-républicaine
Le 22 avril 1885, Le Figaro titre « Nouvel incident au Salon » : le tableau de Maurice Boutet de Monvel est définitivement refusé à l’exposition…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel