Pavillon des Artisans Français Contemporains et de la Revue Art et Décoration
Bol d'Émile Decoeur
Service Faïence modèle Les Provinces de France
Pavillon des Artisans Français Contemporains et de la Revue Art et Décoration
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : médiathèque du Patrimoine et de la photographie (MPP)(Charenton-le-Pont)
site web
Date de création : 1925
Date représentée : 1925
Série : Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925.
Architecte du pavillon : Henri Pacon (1882-1946).
Domaine : Architecture
© Ministère de la Culture - Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Dist. GrandPalaisRmn / image GrandPalaisRmn
EAD 120 N - 09-564301
Le Pavillon des Artisans français contemporains
Date de publication : Décembre 2009
Auteur : Fabienne FRAVALO
Les arts décoratifs à l’Exposition de 1925
Dédiée à la diffusion et à la promotion des arts décoratifs, l’Exposition internationale de 1925 accorde une large place aux arts du feu, alors en plein renouvellement. La céramique, dont le Grand Palais abrite la section officielle, apparaît aussi dans les pavillons édifiés par les grands fabricants pour faire connaître leur production. Parmi les exposants français, groupés dans le sud de l’esplanade des Invalides, le marchand et éditeur Georges Rouard (1874-1929) occupe un emplacement avantageux face au pavillon de Lalique. Il bénéficie ainsi d’un voisinage digne de ces « Artisans français contemporains » dont il présente les œuvres dans sa galerie de l’avenue de l’Opéra depuis 1914. Ce prestigieux ensemble d’artistes décorateurs réunit en effet des verriers, céramistes, dinandiers, orfèvres, émailleurs, qui s’inscrivent tous dans la tradition alors identifiée au « bon goût » français et emblématique des tendances de l’entre-deux-guerres. Stratégiquement, Rouard partage son pavillon d’exposition avec l’un des orfèvres qu’il défend, Puiforcat, et avec la revue Art et Décoration, très engagée comme lui en faveur des arts décoratifs.
Un écrin pour les arts du feu
Le pavillon des Artisans français contemporains, édifié par l’architecte Henri Pacon, contraste fortement avec nombre d’autres pavillons commerciaux de l’Exposition de 1925, à la décoration surchargée. Construit selon un plan axé, avec un corps central rehaussé, il présente de larges ouvertures au rez-de-chaussée, auxquelles répond la nudité des parois du registre supérieur où les inscriptions peuvent se déployer avec une grande lisibilité. Cette architecture parie ainsi sur la discrétion, pour mieux mettre en valeur les œuvres qu’elle abrite, comme sur l’élégance et la sobriété qui s’incarnent par exemple dans ce large bol d’Émile Decœur (1876-1953). Comme dans ses autres créations, l’artiste a privilégié l’équilibre de la forme, l’harmonie des proportions et la richesse de la matière, sensible dans les coulées d’émail aux tons nuancés et le simple décor géométrique gravé en frise.
Toujours dans le registre des arts de la table, Marcel Goupy (1886-1954) prolonge et renouvelle la tradition de la céramique avec le service baptisé « Les Provinces de France » : comme le montrent l’assiette, le pot et la saucière présentés dans cette vitrine, il allie un dessin synthétique et une ornementation périphérique d’une grande élégance à la disposition classique du décor inspiré de paysages régionaux symboliques.
Un marchand-éditeur dans les années 20
La double vocation de marchand et d’éditeur de Georges Rouard apparaît dans la nature même de ces pièces : œuvre unique pour Decœur, édition semi-industrielle pour le service de Goupy. La dualité de cette orientation lui permet d’attirer à la fois les collectionneurs et les classes aisées comme de satisfaire ses exigences artistiques. Le renouvellement des arts de la table découle en partie de sa recherche d’une harmonie générale entre les objets. Pour Rouard, il faut aux œuvres un cadre intime et luxueux, et, dès 1926, il confie à Pacon le réaménagement de sa galerie avec la même pureté linéaire.
Enfin, en tant que marchand, Rouard assure la diffusion et la promotion des œuvres par le rôle d’intermédiaire qu’il joue auprès des collectionneurs, des institutions et de la presse spécialisée, n’hésitant pas à prêter des pièces ou des photographies pour des articles et des expositions, en France et à l’étranger. Le contrat d’exclusivité qui le liait aux membres des Artisans français contemporains n’explique donc pas à lui seul la remarquable fidélité de ces artistes décorateurs. Decœur travaillera en effet avec la maison Rouard de 1907 à sa mort en 1953, et Goupy, devenu directeur artistique, pendant cinquante ans. Georges Rouard leur donnait à la fois un cadre d’exposition, des conditions de travail et des opportunités d’échange et de confrontation esthétique idéaux.
Véronique AYROLES, « Un artiste décorateur et sa galerie au XXe siècle : François Décorchemont et la maison Rouard », Revue de l’art, n° 118, 1997, p. 56-68.
Gérard MONNIER, L’Architecte Henri Pacon (1882-1946), Aix-en-Provence, Publications de l’université de Provence, 1982.
Lionel LANDRY, « L’Exposition des Arts décoratifs. L’architecture : section française », Art et Décoration, juin 1925, p. 178-212.
Emmanuel BRÉON, Dominique ESCANDE, Claude LOUPIAC, Alain MANIER et Isabelle MARINONE, Création et vie artistique au temps de l’exposition de 1925, Paris-Vienne, C.N.D.P.-Futuroscope, coll. « Histoire des arts », 2006.
Fabienne FRAVALO, « Le Pavillon des Artisans français contemporains », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/pavillon-artisans-francais-contemporains
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Anne
Merci aussi de citer un ouvrage paru en 1983: La céramique en France 1925-1947, où étaient publiés pour la première fois, les bios de Decoeur, Rouard etc...
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