Guernica bombardée.
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : Agence AKG Images
site web
Date de création : 1937
Date représentée : 01-mai-37
Photographie
Domaine : Photographies
© AKG
La guerre civile espagnole
Date de publication : Janvier 2005
Auteur : Charlotte DENOËL
Offensive dans le Nord de l’Espagne
En mars 1937, l’Italie fasciste, qui apportait son soutien aux troupes nationalistes du général Franco en Espagne, décida de lancer une offensive sur Madrid par le Nord-Est. L’échec de l’intervention italienne à Guadalajara, chef-lieu de province situé à 80 km de Madrid, incita Franco à déplacer le théâtre des opérations militaires, en lançant une campagne dans le Nord du pays, pour conquérir dans un premier temps la Biscaye, une région qui possédait de riches ressources en minerai de fer, ainsi que de nombreuses industries à Bilbao. C’est à cette occasion que l’aviation du corps expéditionnaire italien et de la légion Condor, une unité
militaire allemande spécialement constituée pour intervenir aux côtés des nationalistes espagnols, menèrent pour la première fois des bombardements d’une grande ampleur sur les villes basques, parmi lesquelles Guernica.
Bombardement de Guernica
Petite localité de la province de Biscaye, Guernica était célèbre pour son fameux chêne sous lequel les monarques espagnols promettaient, selon la tradition, de respecter les libertés basques. Le bombardement massif de cette ville par la légion Condor, le 26 avril 1937, eut ainsi un grand retentissement dans le monde entier, dont se sont fait l’écho non seulement les peintres, Picasso en tête, mais aussi les photographes, comme en témoigne cette photographie anonyme d’une rue de Guernica en ruines, le 1er mai 1937, après les bombardements nazis et la prise de la ville par les nationalistes. Ce cliché met l’accent sur les effets dévastateurs de l’attaque allemande. C’est une cité entièrement détruite par les bombes qui s’offre à nos yeux : immeubles éventrés ou en flammes, câbles électriques arrachés... Au premier plan, plusieurs cadavres gisent au milieu des débris des explosions. La vision d’un chien errant, la queue basse - seul signe de vie au milieu de la rue dévastée -, et la verticalité de la composition, qui renforce l’aspect massif des immeubles en ruines, accentuent le caractère dramatique de l’événement. Prise sur le vif, cette image impressionnante constitue ainsi un témoignage direct sur les horreurs de la guerre civile espagnole, en montrant l’ampleur des dégâts matériels et humains causés par des bombardements intensifs. A cet égard, les clichés photographiques jouèrent un rôle documentaire sans précédent dans l’information sur la guerre civile espagnole, car, pour la première fois dans l’histoire de la photographie, le conflit fut largement couvert par des photographes du monde entier. Les photographes, qui n’hésitaient pas à se mêler aux combattants, ont ainsi conféré à leurs images un caractère émotionnel. Cette nouvelle vision personnelle et engagée de la guerre, qui ouvrit la voie à la pratique moderne du photojournalisme, contribua à remettre en cause le statut même du médium photographique, considéré jusque-là comme une transcription exacte et objective des faits réels.
Destructions massives et dommages civils
Ce cliché de Guernica constitue ainsi un témoignage humain sur les destructions survenues lors des raids aériens allemands. Lancées sans relâche sur la ville durant l’après-midi du 26 avril, les bombes explosives et incendiaires ont détruit entièrement le centre ville et causé 1654 morts et 889 blessés. Cette attaque sans précédent, dont la propagande nationaliste rejeta la responsabilité sur les Basques, fut pour la première fois à l’origine d’importants dommages civils, qui annonçaient ceux de la Seconde Guerre mondiale. Pour la Luftwaffe, cette intervention aérienne inaugure une nouvelle stratégie, et préfigure les assauts meurtriers des escadrilles allemandes contre les villes de Grande-Bretagne lors de la Bataille d’Angleterre de 1940.
Pierre BROUÉ et Émile TÉMINE, La Révolution et la Guerre d’Espagne, Paris, éd.de Minuit, 1961.Catalogue d’exposition, La guerre civile espagnole. Des photographes pour l’histoire, Paris, Hôtel de Sully, 22 juin - 23 septembre 2001, Marval - MNAC, 2001.Guy HERMET, La guerre d’Espagne, Paris, Seuil, 1989.Hugh THOMAS, Histoire de la Guerre d’Espagne, 2 vol., R. Laffont, Paris, 1985.
Charlotte DENOËL, « La guerre civile espagnole », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/guerre-civile-espagnole
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moiiii
Très bon article.
pouti pouta
Très bon article mais il manque le tableau Guernica avec des détail de l'image
rushxtime91
ca sert à rien sans le tableau de Picasso... ),"
Kikou
Très bien mais manque de détails sur Picasso
FREDERIQUE || Pour beaucoup d'entre nous,
Pour beaucoup d'entre nous, Guernica est un symbole de la guerre d'Espagne même sans le tableau de Picasso. Cette photo est dramatique. Tous, depuis que nous sommes sur la terre, avons connu, été émus par de semblables drames, en quelques endroits de la terre. Encore, toujours, partout...
Jean Michel Senec || Guernica
Le tableau de Picasso ne sert à rien ici. La photo et le commentaire sont tout à fait idéals pour l'objet du sujet choisi.
verstraete eliane || triste tableau
bonsoir triste tableau qui fait penser à l'histoire de nos grands-parents mais nécessaire pour compléter les détails très intéressant de cette période bravo
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