Établissements des Européens sur les côtes d'Afrique
Vues et description des forts que les Hollandais, Anglais et Danois ont sur la côte de Guinée [...]
A New and Accurate Chart of the Coast of Africa. [Carte de la côte d'Afrique]
Établissements des Européens sur les côtes d'Afrique
Lieu de conservation : Centre des archives d’Outre-Mer (Aix-en-Provence)
site web
Date de création : 1780
Date représentée : 1780
H. : 60 cm
L. : 92 cm
Carte manuscrite en couleurs.
Titre complet : Établissements des Européens sur les côtes d'Afrique depuis le cap Blanc jusqu'au cap de Bonne Espérance.
Domaine : Cartographie
© Centre des Archives d'Outre-Mer
CAOM/ DFC Gorée/n° 110 A.
Les Européens sur les côtes d'Afrique à la fin du XVIIIe siècle
Date de publication : Mars 2007
Auteur : Luce-Marie ALBIGÈS
Les Européens sur les côtes d'Afrique à la fin du XVIIIe siècle
Les Européens sur les côtes d'Afrique à la fin du XVIIIe siècle
La traite des Noirs initiée par les Portugais et les Espagnols, est développée par les Hollandais et les Anglais, au XVIIe siècle, et par les Français, surtout au XVIIIe. Mais la suprématie de l’Angleterre qui effectue alors 50% de la traite et celle de la France qui se situe entre 20 et 25% sont contestées par les Portugais, les Espagnols et les Danois, à partir de 1760.
Trois siècles après le début de la traite, tous les pays d’Europe sont donc présents sur la côte occidentale de l’Afrique. Ils manifestent concrètement cette présence à terre, par les forts et
les comptoirs, et, en mer, par les nombreux bateaux qui croisent le long des côtes.
Les Européens ne pénètrent pas dans l’intérieur du continent car leur demande est économique beaucoup plus que politique. Ils se bornent à des échanges commerciaux le long des côtes ou remontent des rivières depuis l’embouchure. Ils troquent des assortiments de marchandises soigneusement composés, contre les captifs africains qui leur sont amenés par des courtiers, après paiement de coutumes aux pouvoirs africains locaux.
C’est à cette époque, précisément entre 1776 et 1800, que l’importance économique de la traite et la croissance de certaines îles antillaises font atteindre des sommets à ce commerce, avec une moyenne de 80 045 captifs transportés chaque année.
Etablissements des Européens sur les côtes d’Afrique
Cette carte manuscrite de 1780 établit un point détaillé des zones de traite des différents pays européens. Trois siècles après le début de la traite, l’activité des pays d’Europe dans le commerce de traite sur la côte occidentale de l’Afrique se manifeste par une multitude de points indiquant les lieux d’échange.
Les sites de traite apparaissent échelonnés sur trois mille cinq cents kilomètres de côte mais l’implantation européenne se limite à des aires privilégiées pour leur capacité économique : Sénégambie, Haute Guinée où se trouvent la Côte des graines et la Côte de l’ivoire ou Côte des dents, la Côte de l’or, la Côte des Esclaves, Golfe du Bénin, Golfe de Guinée et du Biafra, en Afrique centrale occidentale, et, vers le sud, le Congo et l’Angola.
Du Sénégal au delta du Niger, on compte alors 43 fortifications permettant aux Européens de pratiquer à terre le troc des marchandises apportées par les bateaux négriers contre des esclaves, dans des postes fixes. Nombreuses entre le Cap des Palmes et l’actuelle ville d’Abidjan, dans le golfe du Bénin, elles marquent la présence sur la Côte des Pointes de toutes les nations européennes.
De plus, le long de la côte, les limites d’influences des diverses nations sont matérialisées et commentées. Les listes d’établissements par pays permettent de comparer les implantations dans un contexte de plus en plus concurrentiel.
Les forts
Depuis l’origine de la traite, les Européens ont cherché à sécuriser le négoce en établissant des forts, pourvus de « loges de Noirs », salles où ils étaient enfermés ou des comptoirs, où ils étaient parqués à couvert. Cette gravure réunit onze fortifications, parmi les plus anciennes d’Afrique, qui illustraient séparément un « Voyage de Guinée », paru à Utrecht en 1705. Les Européens rivalisent entre eux pour implanter des postes fixes où rassembler plus facilement les captifs et pratiquer le négoce dans de meilleures conditions.
Ces forts étaient quelquefois imposants comme Elmina ou Cape Coast (Cabo Cors) mais ne doivent pas faire illusion. De l’aveu même des capitaines négriers, les souverains locaux restaient les maîtres, obligeant les Européens à payer loyers et coutumes pour ces comptoirs fortifiés. Le commentaire relève, par exemple, que les Danois doivent abandonner le fort de Christianbourg à Accra et ne réussissent à le récupérer qu’« à force de présens » et même « par l’intercession des Hollandais ». Les pouvoirs africains entrant dans le trafic de traite essayent de le rentabiliser au mieux et réussissent souvent à conserver également leur intégralité territoriale, jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle.
L’influence européenne est d’ailleurs largement fragmentée par les rivalités entre Européens ; le fort d’El-Mina, par exemple, a été longuement disputé entre les Portugais qui l’avait édifié, les Hollandais et les Anglais.
Les comptoirs
La carte anglaise de traite qui reprend les données d’un cartographe français, décrit les établissements de traite installés dans les zones fluviales du Sénégal et de la Gambie. Elle situe les « factories », comptoirs anglais sur lesquels flotte la croix de Saint-Georges, édifiés le long du cours de la Gambie, où les Anglais dominent de 1758 à 1783.
Sur le cours du Sénégal, les Français possèdent des forts et des comptoirs. Les négriers traitent avec les petits royaumes qui se trouvent souvent sous pression des Arabes. Ces états côtiers jouent un rôle économique majeur de courtiers, pour vendre les captifs en provenance de l’intérieur de l’Afrique aux négriers européens.
En haut le cartouche évoque pêle-mêle les richesses de l’Afrique : la faune et la flore, l’ivoire, les coraux et les habitants -homme, femme et enfant-, avec en arrière plan, l’exotisme d’un village de cases.
Les bateaux
Au large, croisent de nombreux bateaux apparemment de deux conceptions. Les grands trois-mâts peuvent transporter beaucoup de captifs, avec des cales suffisantes pour les réserves d’eau et de nourriture nécessaires à un grand nombre de personnes. Les rapides et fins voiliers aptes à une plus grande vitesse de marche, permettent de réduire la durée de la traversée, et donc la mortalité de la cargaison humaine.
La pénétration européenne en Afrique garde à la fin du XVIIIe siècle un caractère limité. La traite qui échange des produits européens contre des esclaves africains met en présence deux civilisations qui suivent des logiques différentes, se côtoient mais s’ignorent.
Claude FAUQUE , Marie-Josée THIEL Les routes de l’esclavage. Histoire d’un très grand dérangement Paris, Hermé, 2004.
Olivier PETRE-GRENOUILLEAU Les traites négrières, essai d’histoire globaleParis, Gallimard, 2004.
Guide des sources de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions Direction des Archives de France, La documentation française, Paris, 2007.
Luce-Marie ALBIGÈS, « Les Européens sur les côtes d'Afrique à la fin du XVIIIe siècle », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/europeens-cotes-afrique-fin-xviiie-siecle
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Kohoun
Bonjour
Merci pour ce merveilleux travail abattu. certes suis resté sur ma soif. je m'attendait beaucoup plus à une description des comptoirs par pays. Ce qui pourrait montrer une influence particulière des puissances coloniales en vue de faire le lien avec la colonisation de cette partie du continent.
Merci bien et courage à vous
george
bonjour, je ne comprend pas vraiment ce sujet ,pourriez vous m'aider ?
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