Verdun
Auteur : VALLOTTON Félix
Lieu de conservation : musée de l’Armée (Paris)
site web
Date de création : 1917
Date représentée : 1917
H. : 114 cm
L. : 146 cm
Autre titre : Tableau de guerre interprété, projections colorées noires, bleues et rouges, terrains dévastés, nuées de gaz;
Huile sur toile.
Domaine : Peintures
© Paris - Musée de l'Armée, Dist. GrandPalaisRmn / image musée de l'Armée
21889 ; Eb 1518 - 12-580818
Verdun
Date de publication : Septembre 2008
Auteur : François ROBICHON
Alors que la situation militaire de l’Allemagne s’est beaucoup améliorée à la fin de l’année 1915, le général von Falkenhayn décide de « saigner à blanc » l’infanterie française grâce à la supériorité de son artillerie. La place de Verdun constitue un symbole pour les Français, qui s’épuiseront selon lui à la défendre et dégarniront d’autres secteurs du front. Mais les événements ne prennent pas la tournure escomptée. Les pertes allemandes sont bientôt aussi lourdes que celles de leur adversaire. Les moyens mis en œuvre sont pourtant considérables : 1 500 pièces lourdes à tir rapide ont été concentrées sur Verdun. L’offensive débute le 21 février, mais après quelques jours, l’avancée de l’infanterie allemande est stoppée. La résistance française s’organise sous les ordres du général Pétain. L’aménagement de la route qui relie Verdun à Bar-le-Duc, bientôt immortalisée sous le nom de « Voie sacrée », permet d’alimenter la place en hommes et en munitions. De février à septembre, date à laquelle les Allemands abandonnent cette guerre d’usure, Verdun leur coûte 280 000 hommes, tués, blessés, disparus ou prisonniers, tandis que l’armée française y perdra 315 000 hommes. Ce fut la bataille la plus meurtrière de toute la guerre.
Dans le cadre des missions d’artistes aux armées, instituées à l’automne 1916 sous la direction de l’administration des Beaux-Arts, Félix Vallotton (1865-1925) est envoyé en juin 1917 sur le front de l’Est. À la fin de l’année 1917, il entreprend une toile d’assez grand format (115 x 146 cm) intitulée Verdun. Tout en restant figuratif dans son principe, son tableau s’organise autour de faisceaux colorés qui s’entrecroisent au-dessus d’une terre en feu envahie par la fumée des incendies et les nuages de gaz. Par-delà le témoignage visuel, Vallotton a cherché à donner une image synthétique de la guerre, d’où, c’est remarquable, toute présence humaine a disparu. Dès l’année 1916, Vallotton avait publié un album de gravures sur bois, C’est la guerre !, où il donnait ses impressions sur la guerre vécue de l’arrière. Après sa mission dans l’Est, il publie en décembre 1917 un article où il livre son analyse sur la représentation de la guerre et donne les clés de son Verdun : « Dessiner ou peindre des forces serait bien plus profondément vrai qu’en reproduire les effets matériels, mais ces forces n’ont pas de forme, et de couleur encore moins. »
Vallotton a relaté son voyage dans son journal. Parti le 7 juin, il passe par Suippes, Hurlus, Perthes où il approche des premières lignes et visite même des tranchées. Rentré à Paris le 23 juin et très impressionné par ce qu’il a vu, Vallotton « tente de donner forme à ses souvenirs » et exécute rapidement quatorze toiles pour une exposition dite des « peintres aux armées » qui se tiendra en octobre suivant et où l’État lui achètera un Paysage de guerre. Au sujet de Verdun, il écrit sur son « livre de raison », répertoire de ses œuvres qu’il tiendra jusqu’à sa mort : « Verdun. Tableau de guerre interprété, projections colorées, noires, bleues et rouges, terrains dévastés, nuées de gaz. » Il avait suivi l’actualité de l’offensive allemande à Verdun et noté dans son journal, en date du 29 février 1916 : « Quelle chose horrifique et splendide doit être ce coin de tuerie. » Avant d’être achetée par le musée de l’Armée en 1976, l’œuvre n’a pas eu de succès, malgré la notoriété de l’artiste, apparenté au groupe des Nabis.
Stéphane AUDOIN-ROUZEAU et Jean-Jacques BECKER (Dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, Paris, Bayard, 2004.Philippe DAGEN, Le silence des peintres, les artistes face à la Grande Guerre, Paris, Fayard, 1996.Kenneth E. SILVBER, Vers le retour à l’ordre. L’avant-garde parisienne et la Première Guerre mondiale, Paris, Flammarion, 1991.Pierre VALLAUD, 14-18, la Première Guerre mondiale, tomes I et II, Paris, Fayard, 2004.
François ROBICHON, « Verdun », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/verdun-0
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Quentin
Bonjour ,
Voilà j'aimerais savoir quel message veut t-il faire passé a travers cette oeuvre ?
Si quelqun pourrait me repondre s'il vous plaît
Merci d'avance
Histoire-image
Plus qu'une œuvre à messages cette peinture me paraît être une tentative de représenter la guerre.
A propos de Verdun, le peintre, Félix Vallotton, écrivait :
« Que représenter dans tout cela ? […] Peut-être les théories encore embryonnaires du cubisme s’y pourront-elles appliquer avec fruit ? Dessiner ou peindre des forces serait bien plus profondément vrai qu’en reproduire les effets matériels, mais ces forces n’ont pas de forme, et de couleur encore moins. »
Une autre étude de cette peinture sur le site L'Histoire par l'image :
http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=722
max
Bonjour
Est ce que quelqu'un peut me donner son interprétation des faisceaux de couleur du tableau
merci
eloise
bonjour,
je pense que les faisceaux de ce tableau représentent les bombardement et la fumée qui s’échappent de ceci ou bien l'impact des largages d'obus !
Jon || Commentaire sur Félix Vallotton, 'Verdun'.
Ce tableau rappelle de manière très étonnante certaines toiles d'artistes anglais représentant le secteur de la Somme, où le troupes britanniques et du Commonwealth étaient engagés dans des combats tout aussi acharnés. Voyez par exemple ce célèbre tableau par C.R.W. Nevinson, 'Bursting shell' ('explosion d'obus): http://www.tate.org.uk/art/artworks/nevinson-bursting-shell-t03676
Que deux peintres soient arrivés indépendamment à des solutions tellement semblables pour représenter la sensation produite par des explosions/éclats laisse supposer que ces sinistres faisceaux étaient bel et bien perçus d'une manière ou une autre (des sillons visibles dans l'atmosphère enfumée? ou des impressions/interprétations purement internes mais viscéralement symbolique d'une puissance d'horreur impossible à représenter - ou même à ressentir - de façon 'littérale'?). Connaissant l'oeuvre de Vallotton, que j'aime beaucoup, j'étais assez sidéré par cette ressemblance et par cette vision apocalyptique.
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