
Attaque sous les gaz. L.S.U. 87. Verdun
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : musée de l’Armée (Paris)
site web
Date de création : 1916
Date représentée : 1916
H. : 4,4 cm
L. : 10,6 cm
Épreuve argentique sur verre. Stéréoscopie. L.S.U. : La Stéréoscopie Universelle. Numéro de série 87.
Domaine : Photographies
© Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN - Grand Palais - Photographe inconnu
05-533933 / 2003.19.29
Verdun, un champ de bataille à la démesure de l'Homme
Date de publication : Septembre 2007
Auteur : François BOULOC
Visées allemandes : désespérer la France et le Royaume-Uni
Lorsque le général Erich von Falkenhayn lance le 21 février 1916 la grande offensive sur Verdun, ses objectifs proclamés sont clairs. Le nom de code de l’opération est Gericht, qui littéralement se traduit par « tribunal », mais dont on peut saisir le sens figuré à travers une expression comme jüngste Gericht, « Jugement dernier ». L’assaut projeté sur le bastion de l’Est sera brutal, soutenu, et chargé d’une dimension symbolique. C’est que le site de Verdun (Virodunum Castrum), tombé aux mains d’Attila en 450, a subi pas moins de dix sièges au cours des siècles suivants. En 1916, il a déjà un passé, une place dans la conscience nationale française. Les intentions de Falkenhayn ne vont guère trouver leur traduction sur le terrain, puisque, après diverses phases de flux et de reflux, les deux armées se trouvent fin 1916 toujours face à face, dans des positions presque inchangées. Des centaines de milliers de morts, victimes des obus, des mitrailleuses, de la boue ou des gaz, sont enterrés sur place ou à proximité, spectateurs fantômes d’une guerre n’ayant pas encore fini, contrairement aux plans allemands, de déployer l’étendue de ses ravages.
Le « hachoir » pris sur le vif
« Là, de la chair humaine avait été broyée, déchiquetée ; aux endroits où la terre avait bu du sang des essaims de mouches tourbillonnaient […] partout des débris de toutes sortes, fusils brisés, sacs éventrés d’où s’échappaient des lettres tendres et de chers souvenirs conservés précieusement et que le vent dispersait » (in Les Carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, p. 286) : à travers cet extrait des carnets de Louis Barthas relatif aux combats de la cote 304, site d’affrontements fameux lors de la bataille de Verdun, c’est la portée générale de ce cliché qui peut être éclairée.
Pour les combattants, le champ de bataille apparaît comme un lieu de violence inouïe, qui dépasse l’entendement humain. Que pèsent-ils en effet face à des volutes de gaz mortel hautes comme dix hommes ? L’impossibilité d’identifier de visu le camp auquel ils appartiennent est une réalité corollaire : ils ne sont plus des guerriers, mais des cibles pour les armes produites par de formidables industries de destruction antagonistes. Leur disposition sur le fil d’un bout d’horizon – lui-même échantillon d’un front de plusieurs centaines de kilomètres – dit bien toute l’étendue de leur impuissance devant les gaz ici, les obus et les mitrailleuses ailleurs. Les soldats semblent de fait s’extraire d’une gangue de terre noire et n’être voués qu’à y retourner.
Malcolm BROWN, Verdun 1916, Paris, Perrin, 2006.Gérard CANINI, Combattre à Verdun. Vie et souffrance quotidienne du soldat, 1916-1917, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1988.Henri CASTEX, Verdun, années infernales, Paris, Imago, 1996.Raymond JUBERT, Verdun (mars-avril-mai 1916), Paris, Payot, 1918.Olivier LEPICK, La Grande Guerre chimique, 1914-1918, Paris, Presses universitaires de France, 1998.Pierre VALLAUD, 14-18, la Première Guerre mondiale, tomes I et II, Paris, Fayard, 2004.Les Carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, Paris, La Découverte, 1978 (rééd.1997).
François BOULOC, « Verdun, un champ de bataille à la démesure de l'Homme », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/10/2025. URL : https://histoire-image.org/etudes/verdun-champ-bataille-demesure-homme
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