Entrée solennelle de Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse à Arras, 30 juillet 1667.
Auteur : VAN DER MEULEN Adam Frans
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date de création : 1684
Date représentée : 30 juillet 1667
H. : 232 cm
L. : 331 cm
Huile sur toile
Domaine : Peintures
© Photo RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
97-018544 / MV 6057
L’entrée de Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse à Arras
Date de publication : Septembre 2013
Auteur : Joël CORNETTE
« Le roi s’amuse à prendre la Flandre » (Mme de Sévigné). Après la mort de Philippe IV d’Espagne, le 17 septembre 1665, Louis XIV réclame pour la reine Marie-Thérèse, sa femme et fille aînée du défunt, des villes et des territoires situés au nord et à l’est du royaume en vertu du « droit de dévolution » : exhumée par les juristes français, cette coutume du Brabant donne aux enfants du premier lit la propriété exclusive des biens paternels, au détriment des enfants du second lit. À ce titre, il revendique le Brabant, la Haute-Gueldre, le Luxembourg, Mons, Anvers, Cambrai, Malines, le Limbourg, Namur et la Franche-Comté.
Cette courte guerre, dite de Dévolution (1667-1668), s’achève par la paix d’Aix-la-Chapelle qui permet de consolider la frontière du Nord-Est, notamment grâce à la prise de douze places fortes, dont Lille et Douai. Ce conflit est marqué par de nombreux sièges de villes suivis de l’entrée du roi dans les cités vaincues. C’est ainsi qu’Adam-François Van der Meulen (1632-1690) peignit pour la résidence royale de Marly, sans doute en 1684, cette Entrée de Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse à Arras, 30 juillet 1667.
L’événement a lieu le 30 juillet 1667. Marie-Thérèse, dans son carrosse – c’est en son nom que la guerre est menée –, est accompagnée des dames de sa suite, et le roi, en compagnie de Monsieur, vient immédiatement après la voiture de la reine. Louis XIV est suivi, à l’instar des autres entrées, par les maréchaux de France et les officiers de sa Maison qui se sont distingués au cours de cette campagne militaire, à l’exemple de Turenne.
Le peintre s’inspire ici de la tradition de la peinture flamande pour les scènes d’entrée de ville. Il prend suffisamment de recul pour mettre en valeur le cortège dans toute son ampleur. Au premier plan apparaît le carrosse de la reine, tiré par six chevaux blancs. Le roi suit le véhicule, monté sur un cheval blanc afin d’attirer l’attention sur lui et d’être bien visible de tous. Les badauds regardent passer le cortège : les uns s’agenouillent sur le passage du roi, d’autres désignent le carrosse du doigt, tandis qu’un curieux a grimpé dans un arbre pour mieux observer la scène. Autant de personnages qui semblent saisis sur le vif.
La campagne se déploie à perte de vue. Le long cortège de troupes et de voitures s’étire depuis le premier plan jusqu’aux portes de la ville qui se profile à l’horizon, précédée des lignes de fortifications et des bastions de défense.
Peintre d’origine bruxelloise formé par les « bataillistes » flamands, Adam-François Van der Meulen (1632-1690) débute sa carrière dans les Pays-Bas espagnols, à la cour de Bruxelles. Il est remarqué par Charles Le Brun qui le fait venir à Paris au début des années 1660. La peinture de batailles devient l’une de ses spécialités, et son nom reste aujourd’hui attaché à la chronique du règne de Louis XIV. Le peintre contribue en effet, par ses nombreux tableaux, à « fabriquer » l’image de Louis XIV : des cartons de tapisserie pour la manufacture des Gobelins (L’Histoire du Roi, les Mois ou les Maisons royales) à la décoration de Marly en passant par le château de Versailles, il participe à la mise en scène d’une souveraineté de gloire et de guerre centrée sur les actions du Roi-Soleil.
Van der Meulen accompagne le souverain lors de plusieurs campagnes militaires, notamment en 1667 et en 1677. Ses peintures mêlent des éléments propres à la tradition picturale flamande, si sensible aux jeux de lumière et aux harmonies colorées qui fixent l’instant fugitif, avec une grande précision topographique, permise par une observation rigoureuse des paysages.
« C’est cela, je me retrouve », aurait dit Louis XIV devant ses tableaux qui le mettaient en scène dans un grand paysage au réalisme jusqu’alors inédit.
RICHEFORT Isabelle, Adam-François Van der Meulen : peintre flamand au service de Louis XIV, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Art et société », 2004.
CORNETTE Joël, Le roi de guerre : essai sur la souveraineté dans la France du Grand Siècle, Paris, Payot & Rivages, coll. « Petite bibliothèque Payot », 2010 (3e éd.).
Joël CORNETTE, « L’entrée de Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse à Arras », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/entree-louis-xiv-reine-marie-therese-arras
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