Bataille de Navarin, explosion de la frégate égyptienne "L'Isonia"
Auteur : BOUTERWEK Friedrich
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date de création : 1837
Date représentée : 20 octobre 1827
H. : 177,8 cm
L. : 158,6 cm
Copie d'après Jean-Charles Langlois.
Huile sur toile.
Domaine : Peintures
© GrandPalaisRmn (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet
MV 1796 - 88-001028-02
Episode de la bataille navale de Navarin
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Barthélemy JOBERT et Pascal TORRÈS
Navarin et la question de Grèce
L’ensemble de l’Orient méditerranéen était, au début du XIXe siècle, possession de l’Empire ottoman. Mais le déclin politique de la puissance turque, le réveil des peuples balkaniques, de plus en plus désireux d’autonomie, sinon d’indépendance, et enfin l’intervention de plus en plus affirmée des grandes puissances européennes allaient donner à la question d’Orient une acuité toute particulière.
C’est en Grèce que se manifesta le sentiment national le plus vif. Une insurrection, en 1822, aboutit très vite à la proclamation de l’indépendance, rapidement suivie d’une féroce répression pour laquelle le sultan fit appel à son puissant vassal le pacha d’Égypte.
Athènes et la plupart des villes grecques étaient reprises en 1827, mais un puissant courant d’opinion favorable à la lutte des Grecs s’était entre temps manifesté, particulièrement en France et en Grande-Bretagne, poussant à une intervention directe. Le sultan refusa la médiation des puissances européennes, et lorsque la France, la Russie et la Grande-Bretagne envoyèrent leurs flottes à Navarin, au large de la côte sud du Péloponnèse, pour l’intimider et l’amener à négocier, elles furent accueillies par des coups de feu. Une bataille navale s’ensuivit, qui aboutit à la destruction de la flotte turque le 20 octobre 1827. La Russie entra en conflit ouvert avec la Turquie. En 1830, l’indépendance de la Grèce était définitivement acquise grâce à l’appui des nations européennes philhellènes.
Le colonel Langlois, peintre de l’histoire contemporaine
Langlois avait combattu dans les armées de l’Empire. Mis en demi-solde en 1815, il entama une carrière de peintre (il étudia ainsi d’abord avec Girodet et Horace Vernet, puis avec Gros), se spécialisant dans la représentation de faits militaires. Il exposa au Salon à partir de 1822, tout en reprenant sa carrière militaire (il participa à l’expédition d’Alger en 1830 et fut nommé lieutenant-colonel en 1834). Bon connaisseur de son sujet, il donna ainsi des œuvres caractéristiques d’un genre remis à l’honneur par les combats de la Révolution et de l’Empire, commémorés par les commandes de Napoléon, puis, surtout, celles de Louis-Philippe lorsqu’il créa le musée de l’histoire de France à Versailles.
L’Épisode de la bataille de Navarin est caractéristique d’une représentation qui se veut tout à la fois exacte, dans le rendu du décor, à tout le moins réaliste (Langlois n’a pas encore fait le voyage de Grèce, il a servi en Illyrie en 1810), et pittoresque, avec l’épisode du premier plan qui favorise l’implication du spectateur et son identification aux combattants : un vaisseau brisé sur les débris duquel cherchent à se sauver des Turcs et des Égyptiens. L’un d’eux, à droite, debout, les poings fermés, tourne la tête vers la gauche, impuissant dans la défaite. Au second plan la bataille proprement dite, avec un navire qui saute, un autre en flammes.
Le peintre de panoramas
Langlois s’est fait une spécialité des panoramas, vastes peintures circulaires de plusieurs mètres de haut et de plusieurs dizaines de mètres de long. Présentés dans des rotondes spécialement construites, les panoramas visaient à donner au spectateur l’illusion de se trouver dans un lieu particulier (Londres, Paris, Berlin, Moscou…) ou, mieux encore, dans une scène historique précise, le plus souvent une bataille. A ce dispositif pouvaient s’ajouter des effets d’éclairage, de bruitage ou l’inclusion d’éléments de décors réels (affûts de canons, fusils, roues de charrettes...).
Le premier panorama présenté par Langlois fut précisément celui de la bataille de Navarin, la plate-forme centrale étant supposée être la dunette du vaisseau le Scipion, qui avait effectivement participé au combat. Ce choix n’est pas dû au hasard : la bataille de Navarin est l’une des premières victoires françaises après Waterloo et témoigne d’une puissance navale qui avait fait défaut à Trafalgar.
Par l’effet dramatique qu’elle produit, cette peinture d’histoire recrée ainsi un spectacle qui préfigure certaines ingéniosités du cinématographe. Témoin du dernier combat naval de l’ère de la voile, ce panorama a cependant disparu.
Bruno FOUCART (dir.), Un peintre de l’épopée napoléonienne. Le colonel Langlois, 1789-1870.
Collections du Musée Langlois Caen, Bernard Giovanangeli-Ville de Boulogne-Billancourt-Bibliothèque Marmottan, Boulogne-Billancourt, 2000.
Bernard COMMENT Le XIXe Siècle des panoramas Paris, Adam Biro, 1993.
La Grèce en révolte, Delacroix et les peintres français : 1815-1848 catalogue de l’exposition, Paris, RMN, 1996.
Barthélemy JOBERT et Pascal TORRÈS, « Episode de la bataille navale de Navarin », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/episode-bataille-navale-navarin
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