La Paix d'amiens
Hommage à Bonaparte le Pacificateur
Projet d'un feu d'artifice organisé à Marseille pour célébrer la signature de la paix à Amiens
La Paix d'amiens
Auteur : ZIEGLER Jules-Claude
Lieu de conservation : musée de Picardie (Amiens)
site web
Date de création : 1853
Date représentée : 27 mars 1802
Huile sur toile
Domaine : Peintures
© Amiens métropole, Musée de Picardie - Tous droits réservés
ND
La paix d'Amiens (25-27 mars 1802)
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Nicole GOTTERI
Isolement diplomatique de l’Angleterre
Formée fin 1798 à l’instigation de l’Angleterre, la deuxième coalition opposée à la France subit, deux ans plus tard, un échec militaire complet. Excédé, le tsar Paul Ier se retira. L’année suivante, Bonaparte, devenu Premier consul, fit des ouvertures de paix au roi d’Angleterre ; elles furent repoussées avec mépris. L’Autriche quant à elle n’avait pas renoncé à la lutte. En France, l’opinion publique désirait ardemment la paix et comptait sur Bonaparte pour obtenir la fin d’un interminable conflit. De nouveau, il fallut cependant recourir aux armes pour faire reconnaître aux grandes puissances européennes la nouvelle France née de la Révolution. Battue sur tous les champs de bataille en 1800, l’Autriche signa la paix à Lunéville le 9 février 1801. L’Angleterre, isolée, commença par réagir avec brutalité en bombardant Copenhague tandis que son ambassadeur, sir Whitworth, participa au complot à l’origine de l’assassinat du tsar Paul Ier, allié de la France. Néanmoins, poussée par une opinion publique lassée de la guerre et par des marchands en quête de débouchés commerciaux, elle consentit à négocier. Les préliminaires de Londres, signés le 1er octobre 1801, débouchèrent sur la signature du traité de paix à Amiens, le 25 mars 1802, entre l’Angleterre d’une part et, d’autre part, la France et ses alliées, l’Espagne et la Hollande.
Le tableau de Ziegler
À la différence des représentations allégoriques de la Paix d’Amiens, exécutées dès l’an X, l’œuvre de Ziegler, élève d’Ingres, surtout connu pour avoir décoré la coupole de l’église de la Madeleine à Paris, est un véritable tableau d’histoire, composé à partir de renseignements fournis par des érudits picards “ pour guider le pinceau de l’artiste ”. Il s’agit, en effet, d’une commande faite, le 24 janvier 1851, à la demande du prince président Louis Napoléon à la suite de sa venue à Amiens (15 juillet 1849). Le tableau, achevé, arrive à Amiens en octobre 1853. La scène représentée se passe le samedi 27 mars 1802, au moment où l’accord conclu le 25 est signé devant le public, admis dans la salle du congrès. Au premier plan, le ministre de France, Joseph Bonaparte, et le ministre d’Angleterre, Lord Cornwallis, en habit rouge, se serrent les mains après avoir signé. À leurs pieds, est étendu un tapis fabriqué par Bonvallet, à Amiens. Les deux autres plénipotentiaires sont encore assis. Le Batave Schimmelpenninck, à gauche, signe avant d’apposer le sceau que lui présente un secrétaire dans une boite ouverte. À droite, le chevalier d’Azara, ministre d’Espagne, appose son sceau sur une page présentée par un secrétaire. Des personnalités entourent les plénipotentiaires : à gauche, l’évêque constitutionnel Desbois de Rochefort ; à droite, le général Saint-Hilaire, commandant les troupes à Amiens, le premier préfet de la Somme, Quinette, Augustin Debray, maire de la ville, en habit bleu. Le moment est grave et l’attention générale, mais déjà le public qui se presse aux deux portes manifeste sa joie : deux personnes s’embrassent, un chapeau se lève, un enfant est hissé au-dessus des têtes. L’allégresse est générale.
Hommage à “ Bonaparte le pacificateur ”
Dès la signature, à Londres, des préliminaires de la paix, une vague de joie et d’espoir soulève l’opinion publique à travers toute la France. Dans le registre des délibérations du conseil municipal de Laon (Aisne) le commis Lecointe désigne Bonaparte comme “ le Pacificateur du monde ”, à la date anniversaire du Dix-Huit Brumaire (9 novembre 1801). Il célèbre avec ferveur et naïveté celui qu’il croit le défenseur la paix . Comme beaucoup alors, le commis de la mairie de Laon imagine une paix qui pourra à la fois durer, entériner les victoires françaises et garantir la liberté des mers, promesse de commerce et d’abondance.
Projet d’un feu d’artifice à Marseille pour la célébration de la Paix signée à Amiens
Le 18 floréal an X (8 mai 1802), à la demande du préfet des Bouches-du-Rhône, Charles Delacroix, l’artificier Estellon présente un projet de spectacle comprenant vingt-quatre figures mettant en valeur la représentation d’un temple dédié à la Paix et au Premier Consul figurant au sommet du croquis.
Curieusement, Bonaparte n’avait pas commandé d’œuvre représentant cet événement d’importance. Avait-il perçu la fragilité du traité ? Il revenait à son neveu de faire exécuter ce tableau d’histoire sans toutefois en faire usage pour la propagande du Second Empire. C’est à Amiens en effet qu’en 1849, Napoléon III prononça un discours en faveur de la paix, thème qu’il reprendra à Bordeaux en octobre 1852 dans le discours où figure sa célèbre formule « l’Empire, c’est la paix ». Un demi-siècle après la signature du traité, le tableau traduit la joie immense des Français, qui se manifesta à l’époque par d’innombrables fêtes, à l’exemple du feu d’artifice de Marseille, et par le vote du consulat à vie, ouvrant à Bonaparte la voie du pouvoir absolu.
Thierry LENTZLe Grand Consulat : 1799-1804Paris, Fayard, 1999.Louis MADELINHistoire du Consulat et de l’Empiret. III et IV, Paris, Hachette, 1938-1939.Jean TULARD (dir.)L’Histoire de Napoléon par la peintureParis, Belfond, 1991.Fernand BEAUCOUR « Le tableau de la Paix d’Amiens du peintre Ziegler : un tableau symbolique »,in Actes de la commémoration du 200e anniversaire de la paix d’Amiens, Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, 1er trimestre 2002.
Nicole GOTTERI, « La paix d'Amiens (25-27 mars 1802) », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/paix-amiens-25-27-mars-1802
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