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Attaque de Mers el-Kébir

Attaque de Mers el-Kébir

Attaque de Mers el-Kébir. Vue aérienne

Attaque de Mers el-Kébir. Vue aérienne

Attaque de Mers el-Kébir

Attaque de Mers el-Kébir

Auteur : ANONYME

Lieu de conservation : Le Mémorial de Caen (Caen)
site web

Date de création : 3 juillet 1940

Date représentée : 3 juillet 1940

Photographie

Domaine : Photographies

© Le Mémorial de Caen

Lien vers l'image

MEMO_PHOT_01721

  • Attaque de Mers el-Kébir

La Flotte assassinée : Mers el-Kébir

Date de publication : Avril 2022

Auteur : Alexandre SUMPF

L’armée française neutralisée

Le 3 juillet 1940, sous l’objectif d’une caméra des actualités et d’un photographe anonyme, la flotte française basée à Mers el-Kébir, près d’Oran (Algérie) subit le feu de la flotte britannique de l’amiral Sommerville. Quelques semaines auparavant, la Wehrmacht a sonné la fin de la « Drôle de guerre » en déclenchant la guerre-éclair. La campagne de France se conclut rapidement par une demande d’armistice, signé le 22 juin 1940. En Grande-Bretagne, la présence du général de Gaulle ne console pas l’état-major : pour Winston Churchill, la décision du maréchal Pétain s’assimile à la trahison des engagements alliés du 3 septembre 1939 et du 28 mai 1940 interdisant aux deux nations de signer séparément un armistice. Craignant que le IIIe Reich utilise contre la Royal Navy la flotte française, le premier ministre britannique décide de l’opération Catapult : un assaut pour mettre hors d’état de nuire les navires commandés par le vice-amiral d’escadre Gensoul. Ce dernier attend l’avis de Vichy et refuse l’une des trois options offertes par l’ultimatum : se joindre aux Britanniques, se saborder ou accepter d’être désarmé en port allié. À 16h53, les premières salves retentissent

Touché-coulé

Les clichés pris au moment de l’offensive britannique attestent de la violence des combats. Sur le premier, pris depuis l’un des navires français – on reconnaît un matelot en maillot rayé portant le casque Adrian – on distingue la fumée noire de deux bâtiments de guerre français, les impacts des obus et des torpilles qui font gicler l’eau. Les montagnes qui servent d’abri à la rade ne disposent pas de batteries capables de faire feu – elles restent muettes et inactives. Au premier plan, les matelots français ne participent pas au combat : ils assistent au désastre en spectateurs impuissants alors qu’ils ont fui sous le feu ennemi.

Le deuxième cliché, lui, a été pris depuis les airs – le photographe a-t-il agi de l’un des hydravions qui pouvait s’envoler du Commandant Teste, ou de l’un des avions-torpilleurs de la Navy qui ont participé au raid ? Quoi qu’il en soit, la lumière de cette fin d’après-midi d’été permet de distinguer, sur la mer d’huile bordant la côte algérienne, au moins deux navires français en feu. Il s’agit probablement du cuirassé Bretagne dans le port, juste avant son explosion, et le contre-torpilleur Mogador dans la rade, alors qu’il tentait de s’échapper en compagnie du cuirassé Strasbourg.

Perfide Albion ?

Après le siège de Malte et la bataille du convoi Espero (1) en juin, l’opération Catapult représente un tournant naval dans la Seconde Guerre mondiale. Les Britanniques ont parfaitement manœuvré, coinçant les vaisseaux français dans un port étroit, bénéficiant en outre du mauvais positionnement de deux des trois cuirassés – leurs tourelles sont proches de la terre et tournent le dos au large. Si le Strasbourg parvient à s’échapper, l’explosion du Bretagne et son naufrage en quelques minutes causent le décès de près de 1000 marins, sur un total de 1295 victimes françaises. À Londres, de Gaulle ne peut que déplorer une « odieuse tragédie » mais ne condamne pas Churchill, qui ne l’avait pas mis au courant.

La propagande de Vichy se focalise sur la fuite héroïque du Strasbourg et sur la trahison de l’ancien allié britannique. Les images servent à mobiliser la population contre l’Anglais, présenté comme ennemi héréditaire obstacle à l’œuvre coloniale, dénoncé comme menteur et lâche. Winston Churchill concentre les attaques, sa figure caricaturée en impérialiste retors hante les affiches. Si Pétain rompt les relations diplomatiques avec Londres, il ne déclare pas la guerre à la Grande-Bretagne : le maréchal a résisté à la pression de Laval et de Darlan, jugeant à raison la France incapable de s’engager dans un nouveau conflit. La propagande allemande n’est pas en reste : l’occupant cherche à détacher les Français de l’allié britannique en jouant sur l’anglophobie de l’opinion. Cependant, l’image répétée du sang français répandu ne suffit pas à convaincre. Le seul résultat tangible de l’affaire est la loyauté de la marine de guerre française à Vichy et son refus constant de rejoindre les Alliés.

1940 : Mers el-Kébir ou la fatalité - Archive INA

Jean-Jacques Antier, Le Drame de Mers el-Kébir : 1940, Paris, Presses de la cité, 1990.

Hervé Grall, La Mémoire de Mers el-Kébir de 1940 à nos jours, Rennes, Marine Éditions, 2011.

Rémi Monaque, Histoire de la marine de guerre française, Paris, Perrin, 2016.

1 - Bataille du convoi Espero : bataille navale du 28 juin 1940 qui engage pour la première fois la flotte italienne et la flotte alliée (britannique et australienne) au large de la Crète.

Alexandre SUMPF, « La Flotte assassinée : Mers el-Kébir », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/flotte-assassinee-mers-el-kebir

Étude à lire en complément : La Flotte assassinée : Mers El-Kébir 

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