Les Citoyens de Londres dormant dans une station de métro durant les bombardements allemands en septembre 1940
Le Premier ministre Winston Churchill visite les quartiers bombardés à Londres
Les Citoyens de Londres dormant dans une station de métro durant les bombardements allemands en septembre 1940
Auteur : ANONYME
Date de création : sept-40
Date représentée : sept-40
photographie
Domaine : Photographies
© Heritage Images / Leemage
430000088
Les grands bombardements de Londres
Date de publication : mai 2018
Auteur : Alexandre SUMPF
Des images du Blitz
Ces deux photographies datent de septembre 1940, au lendemain des premiers grands bombardements allemands qui frappèrent la capitale anglaise.
Réalisées par des journalistes ou encore par de simples particuliers, les innombrables photographies de Londres prises à cette occasion connaissent des fortunes diverses : certaines sont reprises par la presse et connaissent une diffusion nationale ou internationale, quand d’autres ne dépassent pas le cercle familial ou l’audience d’un quartier.
Qu’elles saisissent un moment de la vie « quotidienne » des habitants dans ces conditions particulières (comme Les Citoyens de Londres dormant dans une station de métro durant les bombardements allemands en septembre 1940) ou un moment plus politique et plus officiel (Le Premier ministre Winston Churchill visite les quartiers bombardés à Londres), ces images façonnent les consciences et les représentations des populations, jouant un rôle certain pour la suite du conflit.
Plus directement, elles montrent aussi les terribles effets du Blitz – du nom de la campagne de raids ponctuels menée par la Luftwaffe sur le Royaume-Uni du 7 septembre 1940 au 21 mai 1941 –, qui touche Londres à plusieurs reprises (7 et 15 septembre 1940, 10 octobre 1940, 10 mai 1941 notamment), mais aussi Coventry (14-15 novembre 1940), Manchester (22-24 décembre 1940), Liverpool (1er-7 mai 1941) ou encore Birmingham (21 mai 1941), causant d’importants dégâts matériels, le déplacement de 3,75 millions de personnes, 14 621 morts et 20 292 blessés, des civils pour la plupart.
Londres sous les bombes
Placé en bout de quai, le photographe du premier cliché joue de la perspective dessinée par les rails, la plateforme et le tunnel pour la composition du cliché. Sur toute la longueur de la plateforme, on aperçoit des Londoniens de tous âges et des deux sexes couchés sur des draps et des couvertures qu’ils ont emportés avec eux. Certains semblent effectivement dormir (la jeune femme au premier plan), quand d’autres, plus rares, restent éveillés (l’homme qui regarde l’objectif). Çà et là, on aperçoit quelques effets personnels un peu plus conséquents, comme une valise ou un cabas. Il est difficile de lire l’heure indiquée par l’horloge ou de déchiffrer le nom de la station en question pour donner des informations factuelles plus précises sur l’épisode en question.
Le Premier ministre Winston Churchill visite les quartiers bombardés à Londres se distingue tout d’abord par le bâtiment éventré qui occupe une bonne partie de l’image (à gauche). Des pans entiers de l’édifice se sont effondrés, réduits à l’état de briques et de morceaux de bois, laissant pendantes et inutiles les armatures quadrillées de béton armé, nues, assez sinistres. D’autres habitations typiques de la ville sont, elles, demeurées parfaitement intactes, soulignant comme par contraste les destructions. À la tête d’une délégation de quelques personnes, le Premier ministre Churchill est aisément reconnaissable de profil. Élégamment vêtu et chapeauté de noir, canne à la main, la mine grave, le port sévère, il regarde devant lui, absorbé, et constate l’étendue des dégâts.
Faire front
Les deux images nous renseignent quelque peu sur la réalité et les conséquences du Blitz. Alors que la seconde témoigne des destructions, la première illustre l’une des manières dont les habitants composent avec la situation.
Ainsi, dès les premiers bombardements, les stations de métro sont utilisées comme abris de fortune. Si l’image a évidemment un caractère étonnant puisque les éléments de la vie urbaine habituelle sont détournés de leur usage « normal », une telle image devient assez commune lors des raids ennemis. On peut noter l’impression de calme et de – relative – organisation qui se dégage de cette image. Ici, pas de panique ou de désordre, pas de quai surpeuplé, mais des citoyens bien alignés qui ont pris le temps d’emporter quelques affaires et une attitude générale qui semble presque paisible. Alors que les nazis entendent justement utiliser les bombardements pour traumatiser les habitants et contraindre les autorités anglaises à demander la paix, c’est bien le « flegme » britannique qui semble prévaloir. Un « stoïcisme » plus ou moins légendaire, en tout cas autocélébré par les intéressés eux-mêmes et leurs gouvernants à des fins de mobilisation.
La photographie de Churchill a une signification plus immédiatement politique. Incarnant la nation, le chef du gouvernement, qui a promis du sang et des larmes avant la victoire, marque la scène de sa présence, digne et sévère. Dans ces « heures sombres », il ne se dérobe pas et se tient là, résolu, en quelque sorte au cœur de la bataille et aux côtés de ses administrés, les enjoignant par l’exemple à faire front contre l’agression. Si sa visite a donc une utilité concrète (se rendre compte des destructions, apporter son soutien aux victimes), elle est avant tout un message envoyé à ses concitoyens et, plus largement, au monde entier (dont les nazis) : never surrender, la Grande-Bretagne ne se rendra pas.
BÉDARIDA François, La bataille d’Angleterre, Bruxelles, Complexe, coll. « La mémoire du siècle » (no 103), 1996.
BÉDARIDA François, Churchill, Paris, Fayard, 1999.
CHURCHILL Winston, The Second World War. II: Their Finest Hour, Cambridge, The Riverside Press, 1949.
LESPINOIS Jérôme de, La bataille d’Angleterre (juin-octobre 1940), Paris, Tallandier, coll. « L’histoire en batailles », 2011.
Alexandre SUMPF, « Les grands bombardements de Londres », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 02/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/grands-bombardements-londres
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
Hitler dresse le cousin russe
Le 23 août 1939, l’URSS et le IIIe Reich concluent le Traité de non-agression entre l’Allemagne…
15 mai – 31 juillet 1942 : l’exposition « Arno Breker » à Paris
Loin de cesser, la vie culturelle demeure relativement animée sous l’Occupation. Dans tout le pays et notamment…
La Grande Galerie abandonnée
En septembre 1939, le photographe Marc Vaux (1895-1971) réalisa un reportage au musée du…
Les Femmes dans l’armée de Libération
Dans le cadre de l’organisation des troupes françaises libres, le général d’armée Giraud, commandant en chef des forces…
Les opérateurs soviétiques et la Shoah
Après les défaites qui se sont suc cédées depuis l’invasion…
Les Stukas, une arme nouvelle aux mains des nazis
Dès l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir le 30 janvier 1933, le réarmement de l’Allemagne est engagé. La constitution d’…
Les « Malgré-eux » dans l’armée allemande
Depuis la signature de l’armistice, le 22 juin 1940, la France vaincue est en partie occupée, mais le régime de l’Occupation varie d’un territoire…
« À tous les Français » : l’affiche de Londres
Le 18 juin 1940, Charles de Gaulle prononce à Londres un discours radiophonique où…
La libération de Paris
La libération de Paris se déroule du 19 au 24 août 1944. Alors que les troupes alliées débarquées en Normandie…
Les commandos Kieffer
Cette photographie, réalisée entre juin 1943 et juin 1944, représente quelques membres…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel