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Napoléon Ier harangue le deuxième corps de la Grande Armée avant l'attaque d'Augsbourg

Napoléon Ier harangue le deuxième corps de la Grande Armée avant l'attaque d'Augsbourg

Napoléon Ier à Abensberg, 20 avril 1809

Napoléon Ier à Abensberg, 20 avril 1809

Retour de Napoléon Ier dans l'île de Lobau après la bataille d'Essling, 23 mai 1809.

Retour de Napoléon Ier dans l'île de Lobau après la bataille d'Essling, 23 mai 1809.

Napoléon Ier harangue le deuxième corps de la Grande Armée avant l'attaque d'Augsbourg

Napoléon Ier harangue le deuxième corps de la Grande Armée avant l'attaque d'Augsbourg

Date de création : 1805-1815

Date représentée : 12 octobre 1805

H. : 385 cm

L. : 620 cm

huile sur toile

Domaine : Peintures

© RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet

Lien vers l'image

MV 1512 - 78-000204

La Grande armée fidèle à l'Empereur

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Jérémie BENOÎT

Symbole s’il en est de l’unanimité populaire, le serment, devenu sous la Révolution la proclamation inaliénable du corps souverain de la nation, fut largement repris par Napoléon pour s’attacher ses soldats en particulier. Déjà, dans la Distribution des aigles, c’était plus un serment qui était peint qu’une simple donation de drapeaux. Mais les artistes allèrent plus loin ensuite en peignant de véritables serments. Le modèle du genre avait été donné par les peintres néoclassiques. S’inspirant lui-même de modèles antérieurs comme Beaufort, David avait peint Le Serment des Horaces en 1785 avant de transposer ce thème en 1790 en évoquant le Serment du Jeu de paume, qui demeura inachevé en 1792. Ce ne fut donc que sous l’Empire qu’il se développa véritablement.

Napoléon harangue le 2e corps de la Grande-Armée sur le pont de Lech à Augsbourg de Pierre Gautherot

Lors de la campagne d’Allemagne de 1805, la Grande Armée prit les troupes autrichiennes à revers à Ulm. S’apprêtant à investir Augsbourg, le corps du maréchal Soult traversa la Lech sur le pont de Sechausen. Napoléon, suivi de son état-major parmi lequel on reconnaît Bessières et le mamelouk Roustam, représenté d’après le portrait de Paillot (1806, musée de l’Armée), fit prêter serment aux grenadiers du 2e corps.

Outre l’hommage qu’elle rend à l’enthousiasme et à l’ordre militaire, l’œuvre de Gautherot est aussi une sorte de tableau sacré, où, de leurs bras tendus, les soldats manifestent à la fois l’amour et l’attachement qu’ils portent à leur empereur, en la circonstance plus chef de guerre que véritable souverain. Avançant entre deux colonnes de soldats qui s’ouvrent pour le laisser passer, il salue ses troupes d’un côté en tendant le bras, de l’autre en les embrassant du regard. C’est à une communion avec ses soldats que procède ici Napoléon.

Napoléon harangue les troupes bavaroises et wurtembourgeoises à Abensberg de Jean-Baptiste Debret

A partir de la fin de l’année 1805, l’empire français restructura l’Allemagne, en supprimant le Saint Empire romain germanique et en créant des Etats-tampons vassaux de la France : Confédération du Rhin, royaumes de Wurtemberg, de Bavière, de Westphalie. Des contingents militaires non français durent alors servir dans la Grande Armée. Le serment eut alors pour but d’engager leur fidélité envers l’Empereur, à l’exemple de celui passé par Wurtembergeois et Bavarois au début de la dure campagne d’Autriche de 1809. D’autant que le nationalisme allemand commençait à se faire sentir depuis les Discours à la nation allemande de Fichte prononcés à l’université de Berlin en 1807-1808. Vienne apparaissait alors comme le centre de la résistance à la France.

Le tableau de Debret, comme Gautherot élève de David, est extrêmement proche du précédent par l’esprit, bien que sa composition en frise l’inscrive plus fidèlement dans la tradition néoclassique. Il représente le moment où le prince royal de Bavière se tourne vers ses soldats pour traduire les paroles de Napoléon. Derrière le prince se tient le général wurtembergeois de Wrede.

Retour de Napoléon dans l'île de Lobau après la bataille d'Essling de Charles Meynier

Après s’être avancée jusqu’aux portes de Vienne, la Grande Armée fut bloquée dans l’île Lobau, sur le Danube. Tentant de franchir le fleuve sur des ponts de bois, elle ne parvint pas à percer lors de la bataille d’Essling. Les blessés s’entassèrent dans l’île Lobau.

Meynier n’ayant manifestement jamais vu de champ de bataille, ce tableau est prétexte à peindre de belles académies néoclassiques, et si Napoléon, suivi de Berthier, chef d’état-major de la Grande Armée, vient réconforter les blessés, par le serment il fait corps avec eux. Son attitude n’est cependant guère convaincante. A l’inverse des deux scènes précédentes, qui se situent avant la bataille, celle-ci se déroule après Essling. On notera toutefois la grande science du dessin et de la lumière qui fait toute la qualité de Meynier, l’un des meilleurs peintres néoclassiques, élève de Vincent qui remporta le Prix de Rome en 1789 en même temps que Girodet. L’œuvre est bien supérieure à celles de Gautherot et Debret, ne serait-ce que par l’habileté de sa composition. Il semble toutefois que l’artiste ait été peu convaincu par son sujet, comme de nombreux peintres du temps, plus portés sur l’Antiquité.

Baignés de culture classique, les hommes de la Révolution et de l’Empire réactivèrent nombre de notions antiques, comme la République, le Sénat, le Consulat, etc. Le serment par le bras tendu est également une gestuelle reprise du salut romain. Remise à la mode sous la Révolution, l’action devait prendre toute son importance avec l’empire napoléonien, assimilé dans les esprits à l’empire romain et à l’empire carolingien, son héritier.

Sous l’Empire cependant, il ne s’agissait plus de prêter serment à une idée, la Nation, la République, etc., mais bel et bien à un homme, voire à un chef de guerre, car ce n’est jamais le peuple qui s’exprime dans ces tableaux, mais toujours l’armée. Même s’il s’agit du peuple en armes, héritier de l’armée révolutionnaire de même que Napoléon représente la Nation dont il est le premier magistrat sacré, nous avons malgré tout affaire avant tout à des militaires prêtant serment à leur chef suprême. C’est ici que se révèle pleinement le véritable profil de Napoléon.

Claire CONSTANS Musée national du château de Versailles. Les Peintures , 2 vol. Paris, RMN, 1995.

Roger DUFRAISSE, Michel KERAUTRET La France napoléonienne. Aspects extérieurs Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 1999.

Georges LEFEBVRE Napoléon Paris, PUF, 1969.

Alain PIGEARD L’Armée de Napoléon, organisation et vie quotidienne Paris, Taillandier, 2000.

Jean TULARD (dir.) Dictionnaire Napoléon Paris, Fayard, 1987.

Jean TULARD (dir.) L’Histoire de Napoléon par la peinture Paris, Belfond, 1991.

C.O.ZIESENISS « Considérations sur l’iconographie du mamelouk Roustam » in Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art Français, année 1988, 1989, p.169-173.

Collectif De David à Delacroix, catalogue de l’exposition au Grand-Palais RMN, Paris,1974-1975.

Collectif Dominique Vivant Denon. L’œil de Napoléon, catalogue de l’exposition au Louvre RMN, Paris, 1999-2000.

 

Jérémie BENOÎT, « La Grande armée fidèle à l'Empereur », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/grande-armee-fidele-empereur

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