Aller au contenu principal
André le Nôtre, contrôleur des Bâtiments et dessinateur des Jardins du Roi

André le Nôtre, contrôleur des Bâtiments et dessinateur des Jardins du Roi

Date de création : 1679

H. : 112 cm

L. : 85 cm

Huile sur toile

Domaine : Peintures

Château de Versailles, Dist. RMN - Grand Palais / Jean-Marc Manaï

http://www.photo.rmn.fr

13-526188 / MV3545

Le Jardinier du roi : André le Nôtre

Date de publication : Avril 2017

Auteur : Stéphane BLOND

Souvenir d’Italie

Ce portrait est esquissé lors d’un voyage d’André Le Nôtre (1613-1700) en Italie au cours de l’été 1679. Le Jardinier du Roi est désigné par le Contrôleur général des finances Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) pour une mission d’observation au sein de l’Académie de France à Rome. Il doit s’informer de l’état d’avancement d’œuvres commandées par le roi, comme la statue équestre de Louis XIV exécutée par Le Bernin (1598-1680). Au début du mois d’août, une lettre de Colbert évoque le peintre Carlo Maratta (1625-1713) que Le Nôtre rencontre quelques jours plus tard par l’intermédiaire de Charles Errard (1606-1689), directeur de l’Académie de France. C’est probablement à cette occasion que le jardinier commande son portrait au maître italien.

Protégé par de grands mécènes, Maratta est l’artiste en vue à Rome. Il esquisse ce portrait avant le départ de Le Nôtre à la fin du mois d’août 1679. Le tableau est achevé et expédié plus tard, avec d’autres commandes émanant du roi de France, comme la scène Apollon et Daphné. L’œuvre est exposée dans la salle à manger de sa maison du quartier des Tuileries, avec d’autres peintures de famille. À la mort de Le Nôtre en 1700, son épouse Françoise Langlois en hérite. Elle est léguée à sa filleule Françoise-Andrée Bombes et son époux Armand-Claude Mollet, puis transmis d’héritiers en héritiers. Au cours du XVIIIe siècle, le portrait est restauré par Robert Picault, avant son acquisition en 1822 par le Musée du Louvre, auprès d’un certain Lespinasse de Langeac. Il circule au sein de la Maison royale de Saint-Denis, du château de Compiègne et intègre finalement les collections du château de Versailles après 1837.

Le maître des jardins

La figure du serviteur royal couvre l’essentiel de la toile. Né dans une famille de Jardiniers du roi, André Le Nôtre est alors âgé de 66 ans. Il est représenté à mi-corps, avec un profil de trois quarts, le regard tourné vers la droite. Il arbore une large perruque et un costume en satin noir. Ce dernier est rehaussé au col et aux manches par une fine dentelle, avec également le cordon de l’ordre royal de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem, dont il est fait chevalier en août 1681. Il tient dans sa main droite un rouleau de papier qui rappelle que l’exercice de son art des jardins passe par la conception de multiples projets portés sur des plans. Sa main gauche, ouverte, suggère quant à elle la présentation d’une réalisation.

Une colonne apparaît au second plan à droite, tandis qu’à l’opposé, un paysage boisé et verdoyant rappelle le domaine d’intervention privilégié de Le Nôtre : les jardins. Toutefois, le sens de son action qui consiste à « domestiquer » la nature autour de motifs géométriques caractéristiques des jardins à la française cède ici la place à une scène à l’apparence désordonnée. Le peintre italien et ses collaborateurs manquèrent probablement d’informations pour relier davantage le sujet à son objet. Jardinier du roi depuis 1637, sa réputation n’est pourtant plus à faire. Il multiplie les projets ambitieux et novateurs qui font de lui un artiste renommé en France et en Europe, comme les jardins emblématiques de Vaux-le-Vicomte, Fontainebleau ou Versailles.

Les arts végétaux au service du roi

L’association de l’architecture et des jardins fait écho à la charge occupée depuis mai 1657 par Le Nôtre : Conseiller du roi, Contrôleur général des Bâtiments, Jardins, Arts et Manufactures. Cette fonction est placée sous l’autorité de Colbert, surintendant et ordonnateur général des Bâtiments du roi et secrétaire d’État à la Maison du Roi. Ce dernier sait s’entourer de fidèles serviteurs et d’artistes de renom qui entretiennent l’image du roi Louis XIV, mécène des arts, des lettres et des sciences.

Selon Nicolas Milovanovic ce portrait constitue une « mise en hommage à Colbert » réalisée par l’artiste Maratta. Cette mise en scène de Le Nôtre manifeste aussi le contrôle que le roi entend exercer sur les hommes et les choses, y compris la nature. Fidèle serviteur, l’artiste-jardinier est couvert d’honneurs par un roi amoureux des jardins qui est aussi l’auteur d’une Manière de montrer les jardins de Versailles. Anobli en 1675, André Le Nôtre jouit d’une estime constante de la part du souverain. Sa célébrité est confirmée par la réalisation de versions gravées de ce portrait par Antoine Masson (1636-1700) et John Smith (1654-1742).

Patricia BOUCHENOT-DÉCHIN, André Le Nôtre, Paris, Fayard, 2013.

C. GABILLOT, « Les portraits de Le Nôtre », Gazette des Beaux-Arts, 1er semestre 1913, p. 319-332.

F. HAMILTON HAZLEHURST, Des jardins d’illusion : le génie d’André Le Nostre, Paris, Somogy éditions d’art, 2005.

Nicolas MILOVANOVIC, « Portraits peints et gravés d’André Le Nôtre : la construction d’une image », in Georges FARHAT et Patricia BOUCHENOT-DÉCHIN, André Le Nôtre en perspectives, Paris, Hazan, 2013, p. 52-59.

Stéphane BLOND, « Le Jardinier du roi : André le Nôtre », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/jardinier-roi-andre-notre

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Mort de Saint Louis devant Tunis

Mort de Saint Louis devant Tunis

Un saint dynastique mort en croisade célébré sous la Restauration

Présentée au Salon de 1817, l’œuvre de Georges Rouget, élève de Jacques Louis…

Louis XIV reçoit le Grand Condé dans le Grand Escalier de Versailles après sa victoire de Seneffe en 1674

Louis XIV reçoit le Grand Condé dans le Grand Escalier de Versailles après sa victoire de Seneffe en 1674

La gloire par les armes

Charles Doërr est l’élève de Léon Cogniet (1794-1880), peintre de scènes historiques dont l’influence est indéniable au…

La marquise de Maintenon et Saint-Cyr

La marquise de Maintenon et Saint-Cyr

L’épouse secrète du roi

Issue d’une famille d’origine protestante, Françoise d’Aubigné (1635-1719) est la veuve du poète Scarron. Sans enfant et…

Le Testament de Louis XIV

Le Testament de Louis XIV

Régler la succession

Lorsqu’il rédige son testament le 2 août 1714, Louis XIV est un homme malade, éprouvé et inquiet. Âgé de près de 76 ans, il…

Le Testament de Louis XIV
Le Testament de Louis XIV
Le Testament de Louis XIV
Le Testament de Louis XIV
La Mort de Louis XIV

La Mort de Louis XIV

La longue agonie du roi Soleil

Au cœur de l’été 1715, Louis XIV approche de ses 77 ans. Le souverain souffre de multiples maux, en particulier de…

Mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche

Mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche

Un mariage entre la France et l’Espagne

Né vers 1669, Jacques Laumosnier est issu d’une famille d’artisans aisés. Il se forme à l’art au sein de…

L’expédition de Cavelier de La Salle pour la Louisiane

L’expédition de Cavelier de La Salle pour la Louisiane

Jean Antoine Théodore de Gudin est aujourd’hui un peintre oublié. Cet exact contemporain de Victor Hugo, fils du général d’Empire Charles Étienne…

L’hôtel des Invalides

L’hôtel des Invalides

Une pièce d’un programme iconographique politique

Voulue par Louis XIV, l’édification de l’hôtel des Invalides au sud-ouest de Paris est…

L’hôtel des Invalides
L’hôtel des Invalides
La Manufacture des Gobelins

La Manufacture des Gobelins

Le début du règne personnel de Louis XIV

En 1667, la manufacture des Gobelins est transformée en « manufacture royale des meubles de la Couronne…

Fondation de l’Académie royale de peinture et de sculpture

Fondation de l’Académie royale de peinture et de sculpture

Une fondation allégorique

L’Académie royale de peinture et de sculpture, fondée en 1648 sous l’impulsion d’une douzaine de peintres autour…