Plan d'élévation du Palais du Trocadéro pour l'Exposition Universelle de 1878
La Seine à Passy
Trocadéro
Plan d'élévation du Palais du Trocadéro pour l'Exposition Universelle de 1878
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web
H. : 12 cm
L. : 19 cm
Épreuve sur papier albuminé
Domaine : Architecture
© RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / René-Gabriel Ojeda
PHO 2001 3 17 - 01-020550
Le Palais du Trocadéro, un bâtiment disparu
Date de publication : Décembre 2007
Auteur : Claire MAINGON
Le Trocadéro et l’Exposition universelle de 1878
Le Trocadéro fut élevé sur une des collines de Paris à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1878. Il s’agissait de la troisième manifestation du genre organisée à Paris au XIXe siècle et dont le but était principalement de nature économique. A cette époque, la France était en grande rivalité avec l’Angleterre, berceau de la Révolution industrielle. Surtout, le pays sortait très affaibli de la guerre franco-prussienne qui lui avait retiré l’Alsace-Lorraine et la capitale était encore meurtrie par les destructions de la Commune de 1870. L’Exposition de 1878 devait relancer la dynamique industrielle et montrer à la face de l’Europe que la France était toujours une grande puissance.
La construction du Trocadéro fut confiée à l’architecte Gabriel Davioud (1824-1881) et à l’ingénieur Jules Bourdais (1835-1915). Le nom de ce palais d’inspiration mauresque rappelait l’expédition et la victoire du duc d’Angoulême en Andalousie en 1827. Le Trocadéro était le seul bâtiment qui devait survivre à l’Exposition Universelle. Très spectaculaire, il abritait la plus grande salle des fêtes jamais construite à cette époque. A l’issue de la manifestation internationale, l’une des ailes du Trocadéro fut réservée à l’accueil du musée des monuments français, créé par l’architecte Viollet-le-Duc sur l’exemple du premier musée d’Alexandre Lenoir. Il regroupait des moulages des plus belles pièces du patrimoine français.
Chef d’œuvre de la commande publique, le décor du Trocadéro avait mobilisé peintres et sculpteurs officiels. De grandes sculptures animalières, dont certaines sont aujourd’hui déposées sur le parvis du Musée d’Orsay, étaient installées sur les terrasses qui ouvraient sur les jardins et cascades en contrebas, face à la Seine. Toujours en place au moment des Expositions universelles de 1889 et de 1900, le Trocadéro fut partiellement détruit pour permettre l'édification du palais de Chaillot.
Une architecture présente dans la ville
L’architecture du Trocadéro nous est connue par des documents peints et dessinés, des plans d’architecture et des photographies. Elle impressionne par son gigantisme et son éclectisme. Un cliché pris avant 1928 révèle la symétrie parfaite du bâtiment formé d’une demi-rotonde entourée de deux tours carrées. Vu depuis le pont d’Iéna, ce document ne laisse rien deviner des deux ailes qui se déployaient de chaque coté et offraient une promenade avec vue sur les jardins et la Seine.
Comme le révèle la toile du peintre Stanislas Lépine (1835-1892), datant de l’époque de la peinture de plein air, le Trocadéro était devenu un élément familier du décor des bords de Seine à l’issue de l’Exposition Universelle de 1878. Point de repère surélevé, il s’imposait dans un environnement urbain encore naissant et promis à un intense développement dans les années de la Troisième République. Quelques années plus tard, une photographie prouve la place majeure que le Trocadéro occupait toujours dans la cité au moment de l’Exposition universelle de 1900, la plus grande jamais organisée dans la capitale. Ce cliché historique révèle l’interpénétration des époques et des styles. Le Trocadéro, que l’on aperçoit ici au bout du pont d’Iéna élargi, faisait désormais face à la Tour Eiffel élevé en 1889. L’architecture moderne du fer imposait sa modernité face à la silhouette éclectique du Trocadéro encore fortement ancrée dans le XIXe siècle.
Un bâtiment fantôme ?
Les trois documents montrent la place occupée par l’architecture du Trocadéro dans l’espace et l’histoire de Paris à des époques différentes. Du simple cliché photographique à l’œuvre peinte par Stanislas Lépine, chacun invite à comprendre quelle fonction pouvait avoir une telle construction dans le paysage urbain. Ayant l’allure d’un bâtiment fantôme, le Trocadéro fut un ouvrage architectural très critiqué par ses contemporains, souvent mal-aimé, et dont l’histoire demeure finalement mal connue du grand public. S’il fut principalement occupé par le Musée des Monuments français, son utilité ne parut pas suffisante pour qu’il survive à l’Exposition Internationale des Arts et Techniques de 1937. Démoli, il fut remplacé par l’actuel Palais de Chaillot. Cette disparition soulève la question de la perpétuation du patrimoine urbain et de la cohérence des programmes architecturaux monumentaux. En effet, le Trocadéro n’est pas le seul des bâtiments construits pour une exposition universelle à avoir été détruit. Que l’on songe au Palais de l’Industrie de 1855 ou à la Galerie des machines de 1867, leur sort fut identique. Pourtant, même disparu, ce patrimoine architectural éphémère s’inscrit entièrement dans l’héritage de l’histoire socioculturelle du XIXe siècle.
Anne PINGEOT 1878, La première Exposition Universelle de la République Paris, RMN, 1988.
Marc GAILLARD Les Expositions universelles de 1855 à 1937 Paris, Les presses franciliennes, 2005.
Adolphe BITARD L’Exposition de Paris 1878 Paris, Librairie illustrée, 1878.
Claire MAINGON, « Le Palais du Trocadéro, un bâtiment disparu », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 22/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/palais-trocadero-batiment-disparu
Lien à été copié
Découvrez nos études
Versailles
La seule vision de ces bâtiments évoque l’absolutisme et le classicisme. Versailles est aujourd’hui un élément constitutif, inamovible et…
La Mission héliographique de 1851, un voyage pittoresque et romantique à travers l’ancienne France
En gestation sous l’Ancien Régime, la notion de patrimoine émerge véritablement à la faveur de…
Charles Marville : photographies d'un patrimoine monumental restauré
Les destructions monumentales survenues au cours de la période révolutionnaire, la…
De la place de grève à la place de l'Hôtel de ville
La place de Grève, devenue en 1803 place de l’Hôtel de Ville, abrite le siège de la municipalité parisienne…
L’hôtel des Invalides
Voulue par Louis XIV, l’édification de l’hôtel des Invalides au sud-ouest de Paris est…
La Construction de la Tour Eiffel
Dans une France aux prises avec des difficultés politiques et économiques, et encore marquée par le souvenir de sa défaite face à l’Allemagne en…
La Prise de Constantinople par les croisés
Louis-Philippe, intronisé « roi des Français » le 9 août 1830 après les Trois Glorieuses (27-29 juillet 1830), était féru d’histoire comme tout…
Viollet-le-Duc et la restauration monumentale
Sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), la volonté de remettre à l’honneur de grands édifices symboliques…
Panorama des Palais
L’exposition de 1878, inaugurée le 1er mai après dix-neuf mois de travaux et de préparation, s’inscrit dans…
La construction du Fort Boyard
Dès sa création en 1665, l’arsenal militaire de Rochefort provoque les incursions des puissances maritimes…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel