Pendaison en place de Grève et Hôtel de Ville en 1583
Vue de l'Hôtel de ville de Paris, prise du côté de la place
Hôtel de Ville
Pendaison en place de Grève et Hôtel de Ville en 1583
Auteur : HOFFBAUER Théodore-Joseph-Hubert
Lieu de conservation : musée Carnavalet – Histoire de Paris (Paris)
site web
H. : 18.2 cm
L. : 29.1 cm
aquarelle
Domaine : Dessins
© CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet
D.7920
De la place de grève à la place de l'Hôtel de ville
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Danielle TARTAKOWSKY
Le siège de la municipalité de Paris
La place de Grève, devenue en 1803 place de l’Hôtel de Ville, abrite le siège de la municipalité parisienne depuis 1357, quand Étienne Marcel, prévôt des marchands, acquiert là à cet effet la « maison aux piliers ». À son retour des guerres d’Italie, François Ier décide de lui substituer un nouvel édifice qu’il commande à l’Italien Dominique Boccador. Le nouveau bâtiment, conçu en 1533, n’est achevé qu’en 1628.
Dans la première moitié du XIXe siècle, il fait l’objet d’importants remaniements qui altèrent son style initial. Devenu le siège de la préfecture de la Seine à partir de 1849, il accueille à ce titre le préfet Haussmann dès 1853. Ce même préfet qui sera maître d’œuvre pour modifier la physionomie de la place.
Trois états de l’édifice municipal
Le tableau de Théodore Hoffbauer, peint en 1856, s’inspire de gravures du XVIe siècle pour dépeindre la place, alors de terre battue, descendant en pente douce jusqu’au « port de la grève », où accostent des bateaux chargés de charbon, de bois et de chaux. En son centre se dresse un calvaire. Les nombreux personnages qui l’entourent donnent le sentiment d’une activité importante et diversifiée. Au premier plan, des maisons à colombage, comme Paris en compte alors beaucoup, ici sur pilotis, vraisemblablement détenues par l’importante corporation des marchands d’eau. Sur la façade est de la place, dominant sensiblement les autres bâtiments dont certains lui sont accolés et tranchant tant avec leur style qu’avec leurs matériaux, l’édifice conçu par Boccador dans l’état où il se présente vers 1580.
La gravure de Jean François Jeaninet, datée de 1810, donne à voir la physionomie de l’Hôtel de Ville à partir de 1628. Le corps central de la construction est surmonté d’une horloge ornée de sculptures représentant la Seine, la Marne, la Force, la Justice et la Ville de Paris, et d’un campanile à trois niveaux. Il est flanqué de deux bâtiments carrés percés d’une arcade dont l’une permet de gagner la rue du Martroy.
La photographie d’Édouard Baldus, prise en 1856, fait apparaître les modifications subies par la place et par l’Hôtel de Ville entre 1830 et le Second Empire. Le fait que les lieux semblent désertés tient au long temps de pose que nécessitait alors un cliché, contrainte ayant pour effet d’empêcher l’impression des personnes et des véhicules en mouvement. Des pavillons latéraux, accolés à l’édifice central pour satisfaire aux besoins des services municipaux, contreviennent au style initial du bâtiment qui s’est étendu au détriment des îlots d’habitat et occupe désormais toute la façade est de la place. Cette dernière a été élargie et bitumée lors du percement de la rue de Rivoli. L’aménagement d’un quai et la destruction des maisons les plus proches du fleuve (fin XVIIIe siècle) modifient l’inscription de la place dans la ville. Le pont d’Arcole (1830) est aligné sur la façade de Notre-Dame et implanté de façon indépendante par rapport à l’Hôtel de Ville et à la place. Ce pont relie la place à l’île de la Cité mais contribue à l’autonomiser du fleuve. La présence d’un des bateaux-lavoirs apparus sur la Seine en 1851 souligne le déclin de la fonction portuaire de la place.
Images et patrimoine
Les deux premiers documents donnent à voir l’irruption d’une architecture inspirée de la Renaissance italienne dans un Paris jusqu’alors marqué par l’urbanisme médiéval, perceptible dans les maisons reconstituées dans le tableau de Théodore Hoffbauer. Ce tableau et la photographie d’Édouard Baldus, quasiment contemporains, attestent que l’attention patrimoniale fut un corollaire des travaux d’Haussmann. Les deux artistes ont alors participé aux travaux de la Commission des monuments historiques ou bénéficié de ses commandes. Le premier réalise pour la Ville une série de tableaux montrant Paris avant et après les travaux d’Haussmann. Le second a été sélectionné dans le cadre de plusieurs commandes publiques. Ses clichés soulignent la transformation du paysage par l’ingénierie moderne du Second Empire. En adoptant un angle de vue à peu près similaire, ces deux représentations montrent que la place, longtemps orientée vers la Seine à qui, du reste, elle devait son nom primitif, s’est désormais tournée vers l’Hôtel de Ville.
Michaël DARIN et Béatrice TEXIER-RIDEAU, Places de Paris, XIXe-XXe siècle, Paris, Action artistique de la Ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », 2003.
Jean DERENS et Michel LE MOËL, La Place de Grève, Paris, Délégation artistique de la Ville de Paris, 1991.
Danielle TARTAKOWSKY, « De la place de grève à la place de l'Hôtel de ville », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/place-greve-place-hotel-ville
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
Vue de la Seine au XVIIIe siècle
La vue de la Seine en aval du pont neuf est datée et signée par l’artiste, avec une mention inscrite sur le quai Malaquais ou des…
L’abattage des arbres du parc de Versailles
Ces tableaux du peintre Hubert Robert ont pour sujet l'abattage des arbres du parc de Versailles ordonné au…
Le pont Neuf et la Samaritaine au XVIIIe siècle
Cette vue du Pont Neuf et de la Samaritaine est datée et signée par l’artiste, avec une mention inscrite dans l’ombre du coin…
Napoléon et les arts
Le pavillon Denon appartient aux aménagements réalisés au Louvre sous le règne de Napoléon III. Conçu par l’architecte Hector Lefuel (1810-1881),…
La Mission héliographique de 1851 : une vocation patrimoniale
L’acharnement des sans-culottes révolutionnaires contre les monuments de l’Ancien Régime qui abritaient les emblèmes de…
Versailles
La seule vision de ces bâtiments évoque l’absolutisme et le classicisme. Versailles est aujourd’hui un élément constitutif, inamovible et…
La construction des écoles dans la Somme au XIXe siècle
La situation globale de l’enseignement primaire en France apparaît médiocre à la chute de l’Empire (…
Le Premier crématorium de Paris
La construction de ce bâtiment, rêve de Bosphore sur la rive droite de la Seine, est le point final d’un…
L'Hôtel du Collectionneur - pavillon Ruhlmann
Dans l’esprit de ses organisateurs, l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de…
Hygiénisme et urbanisme : le nouveau centre de Villeurbanne
Au cours du XIXe siècle, les conditions de vie misérables réservées aux ouvriers dans les viilles et les préoccupations des hygiénistes…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel