Vue aérienne du fort Boyard, à marée basse
Plan de la rade de l'île d'aix par l'ingénieur Vanéchout [Organiser la batterie de la Force]
Fort Boyard en mer. Coupes et élévations
Avant-projet de réorganisation du Fort Boyard.
Vue aérienne du fort Boyard, à marée basse
Lieu de conservation : archives départementales de Charente-Maritime (La Rochelle)
site web
Date de création : 1992
Date représentée : 1992
H. : 9 cm
L. : 13 cm
Tirage photographique
Domaine : Architecture
© Archives départementales de Charente-Maritime - Cliché C. AYRAULT
33 Fi
La construction du Fort Boyard
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Luce-Marie ALBIGÈS et Bernard DELORY
Construire en mer au XIXe siècle
Dès sa création en 1665, l’arsenal militaire de Rochefort provoque les incursions des puissances maritimes ennemies de la France : Hollande et Angleterre. Or, malgré sa position stratégique de verrou à l’entrée de la Charente et du port de Rochefort, l’île d’Aix ne possède pas de système défensif cohérent.
En 1801, à l’initiative de Bonaparte, Premier consul, une commission étudie la construction de deux ouvrages, l’un sur l’îlot d’Enet, l’autre sur le banc de Boyard : « Les feux de ce fort et ceux de l’île d’Aix se correspondant à bonne portée, la rade deviendra inaccessible à l’ennemi. » Pour édifier le fort Boyard, le plus difficile est de créer une assise solide en pleine mer, à 5 mètres sous l’eau, à 2 400 mètres de l’île d’Oléron et à 2 800 mètres de l’île d’Aix. D’énormes travaux d’enrochement débutent en 1803, malgré les difficultés techniques et les intempéries. En 1809, les Anglais, décidés à empêcher toute fortification du site, détruisent l’escadre de Rochefort au large de l’île d’Aix en utilisant des brûlots (navires sans équipage chargés de matières explosives ou incendiaires). Sans la protection de la flotte, les travaux doivent être interrompus.
Repris sous Louis-Philippe, mais avec de nouveaux moyens techniques, ils aboutissent en 1848 à la construction d’une base qui dépasse de 2 mètres le niveau de la haute mer. Commence ensuite l’édification du fort proprement dit par le génie militaire, opération achevée en 1857 et complétée par un brise-lames et un débarcadère en 1866. Suivant les périodes, la construction a nécessité la présence de 300 à 500 ouvriers pour la mise en place de 88 860 m³ d’enrochement et de 160 000 m³ de matériaux. Les « Registres des Expériences » tenus par le génie de la place d’Oléron relatent les expérimentations menées sur les matériaux employés[1] et permettent de mesurer les immenses difficultés de l’entreprise.
Comme un vaisseau de guerre
Le fort Boyard, aujourd’hui vitrine du patrimoine historique de la Charente-Maritime, et mondialement connu grâce au jeu télévisé qui porte son nom, dresse en pleine mer son architecture en ellipse destinée à la défense de Rochefort. Les blocs que montre la vue aérienne, éparpillés autour du fort, mis à découvert par la marée basse, proviennent des débarcadères et brise-lames détruits par les tempêtes.
La muraille est régulièrement percée d’embrasures de tir destinées aux 74 canons qu’il devait comporter. L’architecture intègre les théories architecturales défensives du marquis de Montalembert (1714-1800), fondées sur le recours à des tours d’artillerie permettant un tir à 360°. Le fort, primitivement conçu avec un seul niveau de casemates, a été doté lors de sa construction, au milieu du XIXe siècle, de trois niveaux de tir. De façon fortuite, cette architecture présente ainsi une analogie avec les trois ponts des bâtiment de guerre de la fin du XVIIIe siècle (souvent armés de 74 canons). Ce vaisseau de pierre pouvant faire feu de tous côtés possède des dimensions impressionnantes : 68 mètres de long, 21 mètres de large, 20 mètres de haut aux remparts, 27 mètres de haut à la tour de vigie, 2,30 mètres d’épaisseur à la base des murs. Ses musoirs arrondis sont tournés l’un au sud vers l’entrée de la Charente, l’autre au nord face aux vagues[2] levées par les vents dominants de nord-ouest . Le fort a été orienté également en fonction des courants et de la possibilité de mitrailler les vaisseaux ennemis avec la plus grande intensité au croisement de ses feux avec ceux de l’île d’Aix.
Le rôle stratégique du fort Boyard apparaît clairement sur le plan de la rade de l’île d’Aix, dressé par le génie en 1847, juste avant l’engagement des travaux de construction.
Sur le plan de 1878 figurent les trois niveaux de coursives, la plate-forme de tir sommitale et son parapet, ainsi que les différentes voûtes, décrites sur le plan, à droite. Les structures maçonnées pouvaient peut-être encore, à cette date, résister à un bombardement naval : les plafonds voûtés ont au moins 1,20 mètre d’épaisseur. Les coupes permettent de visualiser les citernes d’eau douce (en bleu), les maçonneries du brise-lames côté nord et des débarcadères au sud (côté tour de vigie). Le niveau de « haute mer de vives-eaux extraordinaires » correspond au niveau des marées d’équinoxe, souvent amplifiées par les vents venant du large, celui des « mortes-eaux de basse mer » aux plus faibles coefficients de marée basse.
Sur la coupe longitudinale, côté sud, figurent les palan et monte-charge (en bleu), l’un au-dessus du débarcadère, l’autre situé sur la plate-forme supérieure et desservant les coursives de l’enceinte intérieure.
Le plan de 1891, devant servir de base de travail pour la réorganisation du fort, montre la zone « logistique » de l’édifice, regroupée dans les parties inférieures : rez-de-chaussée et soutes. L’hébergement est prévu pour 260 hommes en 66 casemates, les citernes pouvant contenir 300 000 litres d’eau douce. Les différents magasins et citernes garantissent une autonomie de deux mois.
Dépassé dès son achèvement !
A son achèvement sous le Second Empire, le fort suscite la fierté : c’est l’une des réalisations les plus difficiles et les plus coûteuses du siècle, et sa maquette est présentée à l’Exposition universelle de 1867. Mais, dès cette époque, les progrès de l’artillerie à longue portée le rendent inutile. Désormais les forts de l’île d’Aix et de l’île d’Oléron peuvent croiser leurs tirs et interdire à eux seuls l’accès à Rochefort. Le fort Boyard sert pendant quelques années de prison, d’abord pour quelques Prussiens puis, en 1871, pour plus de 300 détenus politiques condamnés après la Commune, dont le journaliste Henri Rochefort.
En 1872, la marine installe un nouveau système de défense par torpilles dont le fort Boyard abrite le poste de commandement. Mais à la fin du siècle, elle renonce à le réaménager compte tenu des progrès de l’artillerie. Le fort est finalement désarmé en 1913 et devient la propriété du département de Charente-Maritime en 1998.
Gérard CHAGNEAU« Vaisseau de pierre, monstre créateur, le Fort Boyard », in Les Cahiers d’OléronSaint-Pierre d’Oléron, n° 6.Rémy DESQUENNES, René FAILLE, Nicolas FAUCHERRE et Philippe PROSTLa Charente-MaritimeChauray, Patrimoine et médias, coll.« Les fortifications du littoral », 1993.
1. L'emploi de l'eau de mer dans la confection des mortiers« Pour les travaux de construction du fort Boyard, il était impossible de s'assurer un approvisionnement d'eau douce suffisant pour l'extinction de la chaux ; et lorsque l'organisation de l'atelier ne permit plus de faire du mortier à terre, ce qui présentoit d'ailleurs d'autres inconvénients, on fut obligé de recourir à l'emploi de l'eau de mer […]Nos mortiers de Boyard traités par l'eau salée nous ont toujours paru très satisfaisants […]La consistance des mortiers ainsi triturés était favorable à la bonne exécution de nos maçonneries ; ils durcissaient promptement en conservant une légère humidité qui leur était éminemment salutaire, surtout au vent et au soleil qu'ils avaient le plus ordinairement à braver […] »
La dégradation des parements« Les parements de pierre calcaire du fort Boyard se sont promptement détériorés autour des joints en ciment, bien qu'on ait fait usage de pierres déposées sur le terrain de Boyardville depuis 50 ans. L'altération se produit à plusieurs millimètres de profondeur dès les premières années. Cependant, au fort Chapus, on ne remarque pas que les parements construits depuis 160 ans avec des pierres de même provenance présentent des effets proportionnés. Ne faut-il pas attribuer cette différence de dégradation à la différence des ciments employés ? »
Une protection naturelle : les huîtres« Les huîtres présentent toutefois une adhérence remarquable aux pierres, et il est possible que, si la main de l'homme ne contribuait pas plus que les accidents physiques à en arrêter le développement au niveau des plus basses mers, les bancs pourraient prendre à la longue les proportions de véritables rochers, et suppléeraient plus efficacement que tout moyen artificiel à la protection que l'on reconnaît indispensable de procurer aux enrochements de blocailles, contre l'action dynamique de la mer […] »
Génie de la place d'Oléron, Registre des expériences.
2. La mer à l'assaut du fort« La commission chargée d'examiner l'enrochement de Boyardville en 1837 a conclu, d'après le déplacement de plusieurs blocs et l'immobilité de plusieurs autres, que la hauteur de la lame du sommet jusqu'au creux peut s'élever à 8 m. au maximum […] A plusieurs reprises des blocs de 15 m³ ont été sous nos yeux entièrement soulevés par la mer […] En novembre 1852, la mer a culbuté un chemin débarcadère du musoir sud, cubant environ 280 m., arcbouté contre ce fort […] Cette masse a été non seulement renversée, mais encore roulée […] Il est certain néanmoins que les vagues qui se soulèvent autour du fort Boyard sont d'une très grande puissance. Nous les avons vues, plusieurs fois chaque année, franchir le fort en nappes épaisses, dans la longueur du nord-ouest au sud-est, et il a été constaté que la masse entière du fort, environ 40 000 m³ de maçonnerie, oscille sous les coups de ces lames dans les plus violentes tempêtes. »
Luce-Marie ALBIGÈS et Bernard DELORY, « La construction du Fort Boyard », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/construction-fort-boyard
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ben
Magnifique
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