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Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie

Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie

Serment au drapeau westphalien.

Serment au drapeau westphalien.

Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie

Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie

Lieu de conservation : mairie d’Ajaccio (Ajaccio)

Date de création : 1812

Date représentée :

H. : 206 cm

L. : 110 cm

Marbre blanc.

Domaine : Sculptures

© GrandPalaisRmn / Gérard Blot

Lien vers l'image

MNA 847.1.1 - 11-534100

Le Royaume de Westphalie

Date de publication : Septembre 2008

Auteur : Guillaume NICOUD

Un État modèle au cœur de l’Allemagne

À Tilsitt, en 1807, Napoléon et Alexandre Ier de Russie signent un traité qui entérine une nouvelle carte de l’Europe, redessinée par l’empereur français à l’apogée de sa puissance (il a vaincu l’Autriche, la Prusse, la Russie et domine le continent). Un royaume, la Westphalie, est fondé en plein cœur de l’ancien Saint-Empire romain germanique. Napoléon place à sa tête son plus jeune frère, Jérôme (1784-1860). Ce dernier s’installe à Kassel, l’ancienne résidence électorale de Hesse.
Avec cette nouvelle puissance régionale, l’Empereur veut créer un royaume, aux marches de son empire, servant de tampon entre la France et la Prusse. Il veut aussi en faire un État modèle pour ses voisins ; ainsi, en novembre 1807, Jérôme reçoit des mains de Napoléon une constitution pour son royaume, la première écrite des pays germaniques. L’Empereur lui rappelle alors les buts de sa politique :
« Mon Frère, vous trouverez ci-joint la Constitution de votre royaume […].

Ce que désirent avec impatience les peuples d’Allemagne, c’est que les individus qui ne sont point nobles et qui ont des talents aient un égal droit à votre considération et aux emplois ; c’est que toute espèce de servage et de liens intermédiaires entre le souverain et la dernière classe du peuple soit entièrement abolie.
Les bienfaits du Code Napoléon, la publicité des procédures, l’établissement des jurys, seront autant de caractères distincts de votre monarchie. […]
Il faut que vos peuples jouissent d’une liberté, d’une égalité, d’un bien-être inconnus aux peuples de la Germanie. […]
Soyez roi constitutionnel. Quand la Raison et les Lumières de votre siècle ne suffiraient pas, dans votre position la bonne politique vous l’ordonnerait. Vous vous trouverez avoir une force d’opinion et un ascendant naturel sur vos voisins qui sont rois absolus. »

Le serment comme fondement du contrat entre le roi et la société

Lors d’un séjour à Paris en 1810, Jérôme se fait portraiturer par Bosio. Content du buste réalisé, le roi de Westphalie le fait diffuser dans tout son royaume, puis commande au sculpteur monégasque deux statues en pied, dont une le représentant vêtu de son habit royal.
Jérôme est debout, tourné vers la droite, la main gauche posée près de son glaive royal, le bras droit levé pour prêter serment. L’action est empreinte d’une assurance qui transparaît dans son visage idéalisé. Les détails de son grand costume royal sont surprenants de réalisme.
Jérôme déployait initialement son bras droit au-dessus d’un socle supportant une couronne. En novembre 1807, Napoléon lui avait conseillé d’adopter une telle posture durant la première réunion des États de son royaume : « Vous recevrez la Constitution et prêterez serment de la maintenir. »
La statue de Jérôme constituerait la première représentation d’un roi constitutionnel, traduite dans le marbre.
Un peintre, sans doute Louis Dupré, a représenté un autre serment du roi, prêté en compagnie d’officiers de son armée. La scène pourrait se référer à un événement précis ou être une composition idéale, débutée en 1810 ou 1811.
Durant tout le règne de Jérôme, des prestations de serment au drapeau et au roi furent organisées à Kassel, devant l’orangerie (premier lieu de réunion des États westphaliens). Elles étaient destinées à insuffler un sentiment d’identité nationale dans un pays créé ex nihilo. En commandant une telle œuvre, Jérôme souhaitait aussi afficher son indépendance.
La cour, réunie sur une estrade autour du fauteuil de la reine Catherine de Wurtemberg, participe à l’événement. Si la souveraine est seulement dessinée, Siméon, le ministre instigateur des grandes réformes du règne, est lui entièrement peint, représenté dans son habit français bleu.
Des sujets westphaliens assistent aussi à la scène, et la diversité de leurs habits trahit leurs différentes appartenances sociales.

Une tentative avortée d’asseoir son pouvoir par l’image

La Westphalie était certes une monarchie constitutionnelle, mais l’essentiel du pouvoir restait entre les mains du roi. Comme le royaume faisait partie de la confédération du Rhin, son armée était surtout destinée à renforcer la Grande Armée commandée par Napoléon.
Le royaume constituait donc un État satellite de l’Empire français et s’effondra dès la défaite de Napoléon à Leipzig en 1813.
La statue de Bosio ne rejoignit jamais Kassel, n’ayant pu être envoyée en Westphalie avant la chute du royaume. Elle était peut-être destinée à orner la salle des États de Kassel, le premier hémicycle parlementaire allemand, construit par l’architecte français Grandjean de Montigny dans le Museum Fridericianum. Quant au tableau, il demeura inachevé : grâce à Jérôme, Dupré effectua dès le début de l’année 1812 un séjour à Rome pour parfaire son apprentissage et ne revint jamais en Westphalie.

Saint Empire romain germanique : Partie orientale de l’empire de Charlemagne ou Germanie, devenue Saint Empire romain germanique sous le règne d’Otton Ier en 962. L’Empire regroupe, pendant dix siècles et dans sa plus grande extension, la majeure partie de l’Europe centrale sous l’autorité d’un empereur élu. Bien que la fonction ne soit pas héréditaire, les empereurs, à l’époque moderne, sont pour la plupart issus de la maison de Habsbourg.

Guillaume NICOUD, « Le Royaume de Westphalie », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/royaume-westphalie

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