Char Renault FT 17
Une Colonne de char Renault FT17 camouflés
Groupe de tanks Renault montant en ligne
Char Renault FT 17
Lieu de conservation : musée de l’Armée (Paris)
site web
Date de création : 1917
Date représentée : 1917
H. : 214 cm
L. : 410 cm
Char de combat à faible tonnage, modèle 1917.
7000 kg, 35 chevaux, blindage 22 mm.
Domaine : Objets
© Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN - Grand Palais / Emilie Cambier / Pascal Segrette
21374
Les chars Renault
Date de publication : Décembre 2009
Auteur : Alban SUMPF
Les chars Renault FT dans la Grande Guerre
Le 15 septembre 1916, les Britanniques utilisent pour la première fois des chars d’assaut dans l’offensive de la Somme. Conçus comme une arme autonome, leurs Mark I, très lourds (28 tonnes) et très lents, sont envoyés en éclaireurs pour opérer des percées dans les lignes ennemies. En France, les chars Schneider, puis Saint-Chamond sont réalisés sur le même modèle en 1916 et 1917. Devant leurs résultats mitigés dans les opérations militaires, l’état-major français, notamment le colonel Estienne, repense le char d’assaut : il doit pouvoir accompagner les mouvements de l’infanterie et, pour cela, être plus léger, plus rapide et disponible en plus grand nombre.
Renault relève le défi, et, en juillet 1917, le prototype du FT est achevé. Pesant de 6 à 7 tonnes, beaucoup plus petit, plus rapide (il peut aller jusqu’à 8 km/h) et plus mobile que ses prédécesseurs, il peut être considéré comme le premier char moderne de l’histoire. Sa production en série est par ailleurs plus aisée et moins coûteuse : les usines Renault en construisent 10 en 1917 (d’où FT 17 ) et 1 750 en 1918 (et près de 3 000 en tout avec la collaboration d’autres fabricants). De leur côté, les Allemands ne croient pas à cette arme que, par ailleurs, ils n’ont pas forcément les moyens de produire.
Les premiers FT sont engagés avec succès à Amiens le 8 août 1918, puis dans différentes contre-offensives alliées, dont la bataille de Champagne de septembre-octobre 1918. L’utilisation repensée de ces chars d’assaut modernes apparaît comme l’un des facteurs de la victoire finale.
Le FT : détails techniques et mise en situation
Pris de très près, le cliché Char Renault FT 17 traduit la puissance de cet engin d’acier, long de 4,1 mètres, haut de 2,14 mètres, large de 1,73 mètre, lourd de 7 tonnes et doté d’un moteur de 35 chevaux. Peint en vert kaki tirant sur le brun pour plus de discrétion, il se caractérise par ses canons mitrailleurs de 37 mm, pointés vers le spectateur, montés sur une tourelle capable de pivoter sur 360°. En bas de l’engin on peut lire le numéro 3523.
Une colonne de chars Renault FT 17 camouflés représente le FT en action. Arrêtés en bon ordre sur un chemin de terre bordé d’arbres, les engins apportent à l’image une puissante ligne de fuite centrale. Au premier plan, des branchages qui ont servi ou vont servir à camoufler les chars, déjà peints (parfois par des artistes peintres) de taches brunes pour se soustraire aux yeux de l’ennemi, notamment lors des attaques aériennes. Le cliché ne montre que quatre hommes : deux mécaniciens (leurs costumes ne sont pas des uniformes) qui s’affairent parmi les machines, un soldat dont le casque apparaît derrière eux sur la droite, et un autre soldat près du troisième char de la file.
Groupe de tanks Renault montant en ligne est une photographie réalisée par Émile Le Play, né en 1875 et auteur de nombreux clichés de batailles de la Grande Guerre. Elle montre des chars FT à l’arrêt sur une large route bordée de grands arbres, dans la plaine de Champagne. Chacun porte le symbole (trèfle ou carreau, etc.) de la compagnie à laquelle il appartient. La file d’engins, qui semble devoir sortir du cadre à gauche, trace une diagonale qui structure fortement l’image. Au premier plan, la route, sur laquelle deux hommes discutent. À l’arrière-plan apparaissent les vastes champs ouverts et plats caractéristiques de la région.
Le FT, une arme moderne et décisive
Les images du FT donnent l’impression d’une arme redoutable. Dans Char Renault FT 17, l’engin, ramassé et compact, semble paré pour le combat et impossible à arrêter. Symbole d’une guerre où les succès dépendent des progrès techniques et de la capacité du pays à mobiliser l’industrie et la technologie pour produire et inventer, en cours de conflit, de nouvelles armes répondant à une situation (ici, les impasses de la guerre de tranchées, et les premières expériences de blindés). Ce que confirment Une colonne de chars Renault FT 17 camouflés et Groupe de tanks Renault montant en ligne, où les engins, alignés en nombre indéterminé, suggèrent une organisation parfaite et, surtout, l’idée qu’ils avanceront inexorablement quand ils reprendront leur progression. L’image, probablement publiée par la presse, remplit par là pleinement son rôle d’outil de propagande : la victoire est en marche.
Dans les faits, la contre-offensive alliée qui débute à l’été 1918 confirme cette impression. Les plaines de la Champagne permettent aux FT de déployer tout leur potentiel. La guerre jusque-là assez peu mobile évolue ainsi vers une guerre de mouvement plus rapide, préfiguratrice de la guerre moderne.
Une modernité multiforme, symbolisée et permise par ces chars. D’une part, une guerre plus technique, où les véhicules jouent un rôle croissant de même que les mécaniciens chargés d’assurer leur bon fonctionnement. D’autre part, une guerre où la coordination entre les armes devient essentielle. Répondant à la menace de l’aviation ennemie, les chars constituent aussi le meilleur moyen d’accompagner l’infanterie dans des attaques surprises plus rapides et plus décisives.
Stéphane AUDOIN-ROUZEAU et Jean-Jacques BECKER (dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre, 1914-1918, Paris, Bayard, 2004.
François COCHET et Rémy PORTE (dir.), Dictionnaire de la Grande Guerre, Paris, Robert Laffont, 2008.
Michel GOYA, La Chair et l’acier. L’invention de la guerre moderne (1914-1918), Paris, Tallandier, 2004.
Pierre VALLAUD, 14-18, la première guerre mondiale, Paris, Fayard, 2004.
Alban SUMPF, « Les chars Renault », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 13/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/chars-renault
Lien à été copié
Découvrez nos études
Les fausses nouvelles de la guerre
Pendant le premier conflit mondial, les autorités civiles et militaires ont toutes expérimenté la tension entre…
Le père de la nation
À peine le régime de Vichy est-il installé en juillet 1940 qu’une estampe pose l’équation centrale du recours au maréchal…
Mémorial de l'Escadrille Lafayette
L’unité aéronautique N 124 ou escadrille La Fayette a été créée le 20 avril…
Aux Eparges, avril 1915
La guerre de positions, qui succéda rapidement à la guerre de mouvements de l’été et de l’automne 1914, fit perdre tout espoir de gloire. Le…
Guerre et Révolution en Russie (1917-1918)
Le 12 mars 1917 (calendrier justinien), la garnison de Petrograd se soulève. Immédiatement un Conseil des délégués ouvriers et soldats se…
Verdun
Alors que la situation militaire de l’Allemagne s’est beaucoup améliorée à la fin de l’année 1915, le général von Falkenhayn décide de « saigner à…
Le Traité de Versailles
La signature du traité de paix de Versailles intervient quelques mois après l’armistice du 11 novembre 1918. Mais l’armistice ne signifie pas la…
Le Maréchal Foch, les bâtons de maréchal
Le palmarès de décorations remises au général Foch tout au long de sa carrière…
La force d’un mythe : les « atrocités allemandes »
La production iconographique explose lors de la Grande Guerre : le public, abreuvé de photographies et de…
Les conditions de vie des civils pendant la guerre 14-18
Pendant la Première Guerre mondiale, le tribut payé par les poilus est, certes, impressionnant – 1 390 000 morts, près de trois millions de…
serge 1838
Bonjour,
En réalité, les premiers chars Renault FT17 ont été utilisés le 28 juin 1918 à Saint-Pierre-Aigle 02 pour stopper l'offensive allemande en direction de Paris (2e bataille de la Marne)et le 18 juillet pour la contre-offensive Mangin.
Serge
Anonyme || serge 1838 nous dit ceci :
serge 1838 nous dit ceci :
" Les premiers chars Renault FT17 ont été utilisés le 28 juin 1918 ...".
N'était-ce pas plutôt lors de combats du 31 mai 1918 ? .
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel