Bray-sur-Somme. Plan de la maison d'école et de la mairie
Essertaux. Plan de l'école des garçons et de la mairie
Coulonvillers. Plan de l'école mixte
Plan de la maison d'école mixte du hameau d'Hanchy
Bray-sur-Somme. Plan de la maison d'école et de la mairie
Lieu de conservation : archives départementales de la Somme (Amiens)
site web
H. : 48 cm
L. : 63 cm
Dessin d'architecture, plan d'architecture
Domaine : Architecture
© Archives Départementales de la Somme.
La construction des écoles dans la Somme au XIXe siècle
Date de publication : Novembre 2003
Auteur : Luce-Marie ALBIGÈS et Sophie OLIVE
La construction des écoles dans la Somme au XIXe siècle
La construction des écoles dans la Somme au XIXe siècle
Le XIXe siècle, siècle de l’école
La situation globale de l’enseignement primaire en France apparaît médiocre à la chute de l’Empire (1815), qui ne s’en est guère préoccupé : maîtres peu nombreux, pédagogies tâtonnantes, apprentissage de la lecture souvent séparé de celui de l’écriture. Elle est par ailleurs contrastée : plus développée dans les villes que dans les campagnes, elle privilégie nettement les garçons et se révèle aussi très inégale suivant les régions. Dès les décennies 1820-1830, des statisticiens avancent le thème des « deux France » : au nord d’une ligne Saint-Malo – Genève s’affirme une scolarisation importante et ancienne, tandis qu’au sud l’insuffisance est quasi générale. Or l’instruction, moyen d’accès aux connaissances, est aussi source d’enrichissement matériel : la France éclairée est aussi la France riche.
Au cours du XIXe siècle, le progrès de la scolarisation, tendance générale en Europe de l’Ouest, est d’abord servi par les lois Guizot, qui demandent à chaque commune d’entretenir au moins une école et favorisent aussi les établissements des congrégations religieuses (1833), et Duruy (1867). Mais les instituteurs ruraux n’ont longtemps pu pratiquer qu’un enseignement individuel, appelant chaque élève pour le faire lire à tour de rôle, les enfants n’en étant pas au même point et ayant souvent des livres différents. Beaucoup de bâtiments utilisés pour la classe sont inadaptés et dépourvus de cour, de préau comme de latrines.
Après la défaite de 1870 que l’opinion générale attribue à la supériorité du maître d’école prussien, l’Ecole fait l’objet d’efforts particuliers afin d’être en mesure de préparer les futurs citoyens, tous électeurs désormais, et tout autant les futurs soldats.
La loi du 1er juin 1878 oblige les communes à acquérir et installer les maisons d’écoles et crée en ce sens une Caisse des écoles. Parallèlement aux lois de Jules Ferry (1881-1882) qui créent l’enseignement public laïc, gratuit et obligatoire, un dispositif législatif et réglementaire accompagne l’effort de construction et d’aménagement des écoles primaires. Plusieurs enquêtes sont menées sur les besoins en bâtiments et en mobilier scolaire, et les subventions nécessaires sont réévaluées et augmentées.
Cependant, à cette époque, la Somme donne l’exemple d’une scolarisation largement répandue : sur 836 communes appartenant au département, 818 possèdent au moins une école ; 17 communes sont réunies pour l’entretien de l’école, 1 commune en est dépourvue ; seules 25 communes de 500 habitants et plus n’ont pas d’école publique de filles.
Dans la Somme, des constructions d’écoles réparties au cours du siècle
Dans la Somme, en 1878, une campagne exhaustive de 890 plans et dessins dresse l’état des mairies et bâtiments scolaires qui existent déjà. Avec une précision remarquable, tous les instituteurs fournissent plans en couleur, descriptifs et métrés. Ces constructions suivent dans l’ensemble les prescriptions du ministre de l’Instruction publique qui, à partir de 1858, réclame les plans des constructions projetées [1].
Bray-sur-Somme, bourg de 1 400 habitants, possède une maison d’école construite en 1845 qui réunit déjà la disposition qu’appliquera la IIIe République : mairie au milieu, deux classes à gauche et logement de l’instituteur à droite. Cette maison bourgeoise, dotée d’un étage et d’un jardin spacieux, symbole de la puissance communale et de la volonté d’éducation, n’offre cependant pas les meilleures conditions de salubrité avec à l’arrière le voisinage de l’hospice et des latrines trop proches de la petite classe.
A Essertaux, village de 552 habitants, une première classe de garçons, construite en 1844 et déjà pourvue d’un logement pour l’instituteur, est démolie et reconstruite en 1871. L’architecture de brique et de pierre du nouveau bâtiment affiche son rôle administratif et éducatif en dépit de ses dimensions modestes. L’entrée centrale donne accès, à droite, à la salle de la mairie, à gauche, à la classe. De faibles dimensions (5,75 x 6,54 m), elle ne peut contenir que deux rangées de trois bancs, mais elle a bien les 4 mètres de hauteur sous plafond réglementaire.
L’ouverture de l’école de filles d’Essertaux (1869) a peut-être été suscitée par la loi du 10 avril 1867, obligeant les communes de plus de 500 habitants à créer une école de filles. Celle d’Essertaux a acheté une maison du village, avec une grange attenante où a été aménagée une classe légèrement plus spacieuse que celle des garçons (6 x 7,5 m) et largement éclairée par trois grandes fenêtres de chaque côté. Dans la cour (6,5 ares) où sont conservées diverses remises et étables pour l’usage de l’institutrice, la municipalité a construit deux latrines, visibles de son estrade, comme recommandé.
Pour les deux villages de Coulonvillers et d’Hanchy (416 habitants ensemble), une école commune a été construite en 1850, indépendante de la mairie, sur la place de Coulonvillers ; elle a été agrandie d’un tiers en 1868, en même temps qu’était aménagée la maison de l’instituteur – qui en a dressé les plans, lui-même, « à l’économie », sans l’aide d’un architecte. La classe mixte comporte la cloison requise pour séparer les filles des garçons. Le hameau d’Hanchy disposait, dès 1841, d’une école mixte.
Peu à peu, même les communes les plus modestes décident ainsi d’agrandir, de rénover ou de construire le bâtiment destiné à l’école communale, signe que la nécessité de l’instruction est reconnue par la population. L’examen des trois sources de financement le confirme : les impositions extraordinaires sur les habitants des communes concernées fournissent des fonds plus importants que le budget des communes et les secours de l’Etat.
L’instruction, une nécessité reconnue par tous
A l’époque de la loi sur les constructions scolaires, la Somme est loin d’être illettrée : on estime à 80 % le taux d’alphabétisation dans la partie nord de la France car presque tous les villages se sont dotés d’écoles. C’est l’aboutissement d’un siècle d’efforts, et non la conséquence directe des lois Ferry.
La maison d’école, abritant la mairie et l’école des garçons, symbolise la volonté de l’Etat de s’approprier le domaine de l’éducation et de l’instruction. Ce nouveau bâtiment, symbole d’administration et d’éducation, s’oppose de façon visible, dans le paysage rural, à l’église paroissiale.
Soucieuse d’adapter la maison d’école aux nouvelles normes de construction et d’hygiène, l’administration scolaire multiplie concours et statistiques dans les dernières décennies du XIXe siècle. Les expositions universelles sont alors l’occasion de montrer projets et réalisations qui valorisent la grande mission que s’est assignée l’Etat.
PROST Antoine, L’enseignement en France (1800-1967), Paris, Armand Colin, coll. « U », 1968.
ALBERTINI P., L’école en France (XIXe-XXe siècle) : de la maternelle à l’université, Paris, Hachette supérieur, coll. « Carré histoire », 1995.
Luce-Marie ALBIGÈS et Sophie OLIVE, « La construction des écoles dans la Somme au XIXe siècle », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 12/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/construction-ecoles-somme-xixe-siecle
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