Aller au contenu principal
Visite du pacha de Mossoul aux fouilles de Khorsabad

Visite du pacha de Mossoul aux fouilles de Khorsabad

La grande salle assyrienne

La grande salle assyrienne

Visite du pacha de Mossoul aux fouilles de Khorsabad

Visite du pacha de Mossoul aux fouilles de Khorsabad

Auteur : THOMAS Félix

Lieu de conservation : musée du Louvre (Paris)
site web

Date représentée : 1853

H. : 100 cm

L. : 160 cm

Khorsabad : ancienne Ninive.

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

Lien vers l'image

RF 2010 2 6 - 10-511336

La Seconde mission française à Khorsabad

Date de publication : mai 2011

Auteur : Béatrice MÉON-VINGTRINIER

Une seconde mission française à Khorsabad

En 1851, l’Assemblée nationale vote un crédit pour la poursuite des fouilles menées en 1843-1844 par Paul-Émile Botta dans le palais du roi assyrien Sargon II à Dur Sharrukin, en Irak. Le chantier avait été fermé sept ans auparavant, alors que seule la partie nord-ouest du palais avait été mise au jour. Cette nouvelle mission archéologique est confiée à Victor Place (1818-1875), qui vient d’être nommé consul à Mossoul. Reprenant la fouille du palais, il dégage cent quatre-vingt-six autres salles, majoritairement dépourvues de décor sculpté. Il s’intéresse aussi à l’enceinte de la ville, percée de sept portes monumentales.

Ayant choisi de recourir à la photographie, Victor Place emmène l’ingénieur Gabriel Tranchand pour réaliser des prises de vue du chantier et des œuvres – les tout premiers clichés de fouilles archéologiques au Moyen-Orient. En 1853, il engage également Félix Thomas, un architecte de talent qui consacre deux mois aux relevés des plans et aux dessins du palais de Sargon et de ses sculptures. Son travail illustre l’ouvrage de Victor Place, Ninive et l’Assyrie, publié en 1867.

Félix Thomas avait obtenu le prix de Rome en architecture en 1845, mais, à son retour de Mésopotamie, il fréquente l’atelier de peinture de Charles Gleyre. À partir de 1855, il se consacre essentiellement à la peinture et se spécialise dans des œuvres orientalistes inspirées de ses voyages et auxquelles il intègre son travail de relevés.

Les documents réalisés sur place par le futur peintre sont d’autant plus précieux pour l’archéologue que la plus grande partie des découvertes de Victor Place ont été perdues en mai 1855 : les embarcations qui transportent les précieuses antiquités font naufrage, victimes de Bédouins sur le Chatt al-Arab lors de leur transfert de Bassora à Mossoul. Seules vingt-six caisses sur deux cent trente-cinq arrivent au Louvre en juillet 1856.

Des fouilles archéologiques au musée

Le tableau de Félix Thomas, exposé au Salon de 1863 sous le titre Visite du Pacha de Mossoul aux fouilles de Khorsabad, est avant tout l’œuvre d’un architecte. Reprenant le relevé qu’il a exécuté sur le chantier, Thomas représente la porte numéro trois de l’enceinte de la ville de Sargon II et les taureaux androcéphales qui en montaient la garde. Pour exposer sa toile au Salon, il le combine avec un sujet orientaliste mettant en scène des cavaliers arabes, lesquels semblent n’être là que pour donner l’échelle de l’extraordinaire morceau d’architecture exhumé. La porte encore partiellement ensevelie occupe le centre de cette composition à la ligne d’horizon très haute. L’ombre met en valeur l’archivolte, exceptionnellement conservée, ornée d’un bandeau de briques colorées se détachant sur l’enduit blanc des murs. Ce décor de briques à glaçure se trouvait malheureusement dans les caisses qui ont coulé dans le Tigre.

En 1863, Thomas avait quitté Khorsabad depuis dix ans et les taureaux avaient été enlevés dès 1855. Si celui de gauche avait sombré dans le Tigre, celui de droite, seul rescapé avec un génie mythologique, était bien arrivé au Louvre. Il apparaît dans une gravure représentant la grande salle assyrienne du musée dans un guide paru en 1863. Dans un souci de symétrie, son pendant, disparu lors du naufrage, a été remplacé par une copie de plâtre. Les deux taureaux sont par ailleurs présentés parallèlement au mur, dans une disposition qui se veut plus esthétique que respectueuse de la réalité archéologique. La fantasia arabe du peintre a laissé place à des visiteurs en haut de forme accompagnés de femmes en crinoline, eux aussi destinés à souligner la monumentalité des vestiges.

Naissance du premier musée assyrien du monde

Les premiers vestiges de Khorsabad, découverts par Paul-Émile Botta, sont arrivés à Paris après un long et périlleux voyage : embarquées sur le Tigre en 1844 à bord de frêles radeaux supportés par des outres gonflées, les caisses remplies de titanesques blocs de pierre sont conduites à Bassora, où un bâtiment de la marine royale les achemine vers Le Havre. Elles sont enfin débarquées devant le Louvre en février 1847. Avec ce premier envoi, le conservateur des antiques du Louvre, Adrien de Longperrier, est en mesure d’ouvrir le premier musée assyrien d’Europe. Quand Louis-Philippe l’inaugure en grande pompe le 1er mai 1847, il occupe deux salles de l’aile nord de la Cour carrée. Malgré le désastre du naufrage sur le Tigre, ce qui restait des découvertes de Place était assez important pour nécessiter l’agrandissement de ces premières salles : les collections sont alors transférées dans une galerie voisine, dessinée par l’architecte néoclassique Fontaine et aménagée par Lefuel, l’un des architectes du musée Napoléon III. Cette présentation est inaugurée en 1857.

Si l’on associe souvent les débuts de l’archéologie moderne aux premières fouilles des sites d’Herculanum (1738) et de Pompéi (1748), ce n’est qu’au cours du XIXe siècle que les grandes campagnes s’organisent. Avec la multiplication des découvertes, les gouvernements reprennent la main sur les érudits et les savants, et l’archéologie devient un instrument du politique. L’époque voit l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France rivaliser autant pour l’avancée scientifique que pour leur rayonnement. C’est alors que naissent les grands départements d’archéologie du British Museum et du musée du Louvre.

Élisabeth FONTAN (dir.) avec la collaboration de Nicole Chevalier, De Khorsabad à Paris, la découverte des Assyriens, catalogue de l’exposition du musée du Louvre, département des Antiquités orientales, Paris, R.M.N., 1994.

Jean BOTTERO et Marie-Joseph STEVE, Il était une fois la Mésopotamie, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes », 1993.

Béatrice MÉON-VINGTRINIER, « La Seconde mission française à Khorsabad », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 14/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/seconde-mission-francaise-khorsabad

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Mariette Pacha : un Français pour créer le Service des antiquités de l’Égypte

Mariette Pacha : un Français pour créer le Service des antiquités de l’Égypte

Mariette et la sauvegarde des Antiquités égyptiennes

En 1857, l’égyptologue français Auguste Mariette (1821-1881), conservateur adjoint au musée…

Frontispice de la <i>Description de l’Égypte</i>

Frontispice de la Description de l’Égypte

La Description de l’Egypte

Dix ans après le coup d’Etat du 18 Brumaire, Napoléon décide de publier l’ensemble des documents recueillis par la…

Auguste Mariette et le grand sphinx de Gizeh

Auguste Mariette et le grand sphinx de Gizeh

Situé en Basse-Égypte, en amont du delta du Nil et à l’ouest du Caire, le plateau de Gizeh abrite un site archéologique de l’Ancien Empire avec…

Auguste Mariette et le grand sphinx de Gizeh
Auguste Mariette et le grand sphinx de Gizeh
Auguste Mariette et le grand sphinx de Gizeh
La Croisière jaune entre science et marketing

La Croisière jaune entre science et marketing

À la découverte de l’Asie centrale

La France de l’entre-deux-guerres se passionne pour son empire, dont hommes et ressources ont contribué à sa…

La Croisière jaune entre science et marketing
La Croisière jaune entre science et marketing
Napoléon Bonaparte et l'Égypte

Napoléon Bonaparte et l'Égypte

En avril et juillet 1795, les traités de Bâle mettent fin à la première coalition des puissances européennes dressées contre la France…

Napoléon Bonaparte et l'Égypte
Napoléon Bonaparte et l'Égypte
La Seconde mission française à Khorsabad

La Seconde mission française à Khorsabad

Une seconde mission française à Khorsabad

En 1851, l’Assemblée nationale vote un crédit pour la poursuite des fouilles menées en 1843-1844 par…

La Seconde mission française à Khorsabad
La Seconde mission française à Khorsabad
Les fouilles de Khorsabad

Les fouilles de Khorsabad

Paul-Émile Botta, l’inventeur de l’assyriologie

En 1842, lorsque Louis-Philippe ouvre une nouvelle agence consulaire à Mossoul, le poste de…

Les fouilles de Khorsabad
Les fouilles de Khorsabad
Auguste Mariette

Auguste Mariette

Riche de trois millénaires d’histoire, l’Égypte voit son antique culture s’effacer peu à peu à la suite des conquêtes grecque et romaine. Le…

"Tanagra" par Jean-Léon Gérôme

"Tanagra" par Jean-Léon Gérôme

Une œuvre inspirée par la mode des « Tanagra »

A la fin des années 1860, les habitants de plusieurs villages de Béotie proches de l’antique cité…

Les découvertes de Saqqarah

Les découvertes de Saqqarah

Située sur un plateau à l’ouest de Memphis, la nécropole de Saqqarah est non seulement la plus vaste d’Égypte mais aussi la plus ancienne. Ses…

Les découvertes de Saqqarah
Les découvertes de Saqqarah
Les découvertes de Saqqarah
Les découvertes de Saqqarah