Maquisards près de Venelles à Sainte-Victoire en 1944
Auteur : PIROTTE Julia
Lieu de conservation : musée de l’Armée (Paris)
site web
Date de création : 1944
Date représentée : 1944
H. : 16,6 cm
L. : 23,1 cm
Épreuve argentique
Domaine : Photographies
© Julia Pirotte © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / image musée de l'Armée
28194.2 - 08-533499
Les maquisards
Date de publication : Février 2014
Auteur : Alexandre SUMPF
Images du « maquis »
Le terme de « maquis » renvoie à la fois au lieu où opèrent ceux qui le composent, au groupe constitué par ces derniers ainsi qu’à la structure et au fonctionnement spécifiques propres à ce type d’organisation. Il constitue un type bien particulier de résistance intérieure en France durant la Seconde Guerre mondiale. Le premier maquis est créé en décembre 1942 dans le Vercors.
Installés dans des régions peu peuplées et difficilement accessibles, comme les massifs montagneux et les forêts, de plus en plus de résistants luttent contre les nazis et les milices. Ils sont quelques centaines au début de l’année 1943, entre 25 000 et 40 000 à la fin de cette même année, et près de 100 000 en juin 1944.
Gaullistes, communistes ou simples réfractaires au Service du travail obligatoire (S.T.O.), ces maquisards mènent des actions diverses : guérilla, accueil ou exfiltration de troupes, transmission d’informations.
Par définition clandestins, les maquisards se laissent uniquement photographier par leurs camarades de lutte ou ceux en qui ils ont une entière confiance. Les clichés restent eux aussi le plus souvent confidentiels et sont rendus « publics » plutôt après la fin des combats. À l’instar de « Maquisards près de Venelles à Sainte-Victoire en 1944 », pris par Julia Pirotte et montrant en toute intimité une scène de la vie quotidienne au maquis, de telles images ont une valeur à la fois documentaire, politique et symbolique.
Une scène de détente
Polonaise exilée à Paris puis à Marseille à partir de 1940, Julia Pirotte est photographe de presse pour l’hebdomadaire Dimanche illustré. Elle est connue pour son travail documentant la cité phocéenne sous l’Occupation, mais aussi pour ses nombreux clichés montrant les activités des résistants avant et pendant la Libération, auxquelles elle participe activement en tant que membre des FTP-MOI.
« Maquisards près de Venelles à Sainte-Victoire en 1944 » prend sur le vif un moment de détente où neuf résistants disputent ou regardent une partie de cartes. Absorbés par le jeu dans ce creux de verdure ensoleillé, ils sont à la fois concentrés et détendus. L’un des maquisards, debout, s’appuie sur un fusil, tandis que certains de ses camarades ont posé le leur au sol derrière eux. Avec l’endroit plutôt insolite, ce sont là les seuls éléments qui rappellent explicitement que ces jeunes gens sont aussi des combattants qui se cachent.
Guerre et vie au maquis
En 1943 et 1944, le nombre de maquis (et surtout le nombre de leurs effectifs) augmente dans le sud-est de la France. À l’approche du débarquement en Provence du 15 août 1944, ces derniers jouent un rôle non négligeable dans toute la région, gênant les Allemands et facilitant les opérations des armées alliées.
La photographie étudiée montre les résistants du massif forestier des Venelles, au nord d’Aix-en-Provence, qui composent le maquis de Sainte-Victoire (comme la plupart des maquis, il a pris le nom de son emplacement).
Privilégié, le spectateur est plongé au cœur de la vie des résistants, à l’abri des regards. À la fois témoin et déjà presque camarade, il partage un moment avec ceux qui sont présentés ici avec une certaine tendresse comme des hommes courageux, mais sachant aussi goûter les joies simples de l’existence.
Si le cliché donne quelques enseignements documentaires (composition du maquis, indice sur la manière d’y vivre), il a aussi une portée esthétique, qui revisite de manière originale un thème pictural et photographique classique et répandu. Sorte de Déjeuner sur l’herbe au maquis, il donne aussi à voir plusieurs éléments contrastés et symboliques propres à une situation exceptionnelle : la violence de la guerre et le risque de la mort (fusils) ; l’importance du combat ici mené (visages parfois graves) ; le rapport à la nature (accueillante et protectrice pour ceux qui savent s’y glisser, peu accessible pour leurs ennemis) ; et enfin, la camaraderie, la jeunesse, la joie (un ou deux sourires) de ceux qui vivent avant, peut-être, de tuer et de mourir.
Retrouvez le dossier "les maquis dans la résistance" dans la Lettre de la Fondation de la Résistance
· Jean-Pierre AZÉMA, Nouvelle histoire de la France contemporaine, tome XIV « De Munich à la Libération, 1938-1944 », Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 1979, nouv. éd. 2002.
· Jean-Pierre AZÉMA et François BÉDARIDA, La France des années noires, 2 vol., Paris, Le Seuil, coll. « L’Univers historique », 1993.
· Laurent DOUZOU, La Résistance française : une histoire périlleuse. Essai d’historiographie, Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », no 348, 2005.
· Fabrice GRENARD, Maquis noirs et faux maquis, Paris, Vendémiaire, coll. « Écho », 2013.
· François MARCOT (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance. Résistance intérieure et France libre, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2006.
Alexandre SUMPF, « Les maquisards », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 11/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/maquisards
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