Portrait du Prince impérial.
Auteur : LEFEBVRE Jules
Lieu de conservation : musée national du château de Compiègne (Compiègne)
site web
Date de création : 1870
Date représentée : 17 juillet 1870
H. : 56 cm
L. : 46,5 cm
Huile sur toile
Domaine : Peintures
© Photo RMN - Grand Palais - D. Arnaudet
90EE6286 / IMP 765
Portrait du Prince impérial
Date de publication : mai 2005
Auteur : Alain GALOIN
Bismarck pensait que l’unité politique de tous les États allemands ne pouvait naître que d’une guerre contre la France, que sa politique étrangère avait discréditée aux yeux de l’Europe et qui n’était manifestement pas prête à s’engager dans un conflit armé avec la Prusse. L’affront suscité par la fameuse dépêche d’Ems va ainsi inciter Napoléon III et le ministère d’Émile Ollivier à déclarer la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Ce faisant, la France se donne maladroitement le rôle d’agresseur.
Le fils de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie était alors un adolescent de 14 ans. C’était un enfant généreux, expansif, particulièrement enjoué, remuant, voire turbulent : on le surnommait « bougillon ». Il était excessivement gâté par son père, qui l’appelait affectueusement Loulou et le chérissait avec une passion tout empreinte d’indulgence. L’impératrice, quant à elle, compensait les mauvais effets de la faiblesse paternelle en imposant des règles d’éducation très strictes, considérant que la formation du prince impérial avait pour objectif essentiel de le préparer à son futur métier de souverain. Néanmoins, l’enfant fut élevé à la manière d’un petit bourgeois français, partageant très tôt la vie de ses parents, prenant part aux conversations et aux distractions de ses aînés. L’empereur l’associa cependant très jeune à la vie officielle et aux manifestations de prestige du règne. Ainsi, à l’âge de 11 ans, le prince dut-il assumer la présidence de l’Exposition universelle de 1867. En toutes circonstances, il faisait preuve d’une dignité souriante. Son charme personnel engendrait l’affection et la popularité. On appréciait sa droiture, sa franchise, son énergie. On admirait la passion qu’il avait de son nom et son désir d’en être digne.
Au moment où le prince pose pour Jules Lefebvre, il vit les derniers jours d’une enfance heureuse et insouciante dans ce palais de Saint-Cloud qui sera son dernier séjour français et qu’il ne reverra jamais ensuite. L’artiste a fait de l’adolescent un portrait intimiste, d’une grande profondeur psychologique. Le visage est sérieux, le sourire a déserté ses lèvres, le regard est triste et nostalgique, comme si le fils de Napoléon III était conscient de la situation. Il tourne la tête vers la gauche du tableau, derrière lui, vers le souvenir déjà lointain des fastes de l’empire.
Cet attachant portrait du prince impérial a figuré au Salon de 1874. L’impératrice Eugénie le conserva à Farnborough. Il fut vendu avec le mobilier de la souveraine en juillet 1927.
Le 30 juillet 1870, le prince passa en revue les lanciers de la garde impériale, alors stationnés à Metz, sur l’île de Chambière. Le 1er août, il accompagna son père à un conseil de guerre. Enfin, quelques jours après son arrivée au front, il participa à une bataille devant Sarrebruck, au cours de laquelle il reçut le baptême du feu. Tous les soldats furent unanimes à saluer le courage et le sang-froid du jeune homme ce jour-là. Napoléon III tint à envoyer un télégramme à l’impératrice, restée à Paris : « Deux août. Louis vient de recevoir le baptême du feu : il a été admirable de sang-froid, il n’a été nullement impressionné… Nous étions en première ligne et les balles et les boulets tombaient à nos pieds. Louis a conservé une balle qui est tombée auprès de lui. Napoléon. » Il s’agissait là d’un combat mineur, mais la campagne s’engageait mal. De place en place, le jeune prince suivit son père de Metz à Gravelotte, de Châlons à Rethel. Le 23 août 1870, l’empereur le quitta à Reims. Il le retrouva à Rethel pour le quitter à nouveau le 27 août à Tourteron, point de départ d’une odyssée mouvementée qui devait finalement conduire le prince impérial en exil en Angleterre où il arriva le 6 septembre. Il ne devait revoir l’empereur Napoléon III que vaincu, en 1871. Il conserva de cette humiliation d’un souverain déchu, honni et diminué une trace indélébile.
André CASTELOT, Alain DECAUX et le général KOENIG, Le Livre de la famille impériale.L’histoire de la famille Bonaparte à travers les collections du prince Napoléon, Paris, Librairie académique Perrin, 1969.Maurice QUENTIN-BAUCHART, Fils d’empereur, le petit prince, Paris, s.d.Catherine SALLES, Le Second Empire, Paris, Larousse, 1985.Catalogue de l’exposition Le Prince impérial, 1856-1879, Paris, Musée de la Légion d’honneur, 1979-1980.
Alain GALOIN, « Portrait du Prince impérial », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 12/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/portrait-prince-imperial
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