Aller au contenu principal
Signature du contrat de mariage du prince Jérôme Bonaparte et de Frédérique-Catherine de Wurtemberg.

Signature du contrat de mariage du prince Jérôme Bonaparte et de Frédérique-Catherine de Wurtemberg.

Extrait de l'acte de mariage de George Sand et du baron Casimir Dudevant en septembre 1822.

Extrait de l'acte de mariage de George Sand et du baron Casimir Dudevant en septembre 1822.

Signature du contrat de mariage du prince Jérôme Bonaparte et de Frédérique-Catherine de Wurtemberg.

Signature du contrat de mariage du prince Jérôme Bonaparte et de Frédérique-Catherine de Wurtemberg.

Date de création : 1810

Date représentée : 22 août 1807

H. : 400 cm

L. : 646 cm

Huile sur toile. Titre complet : Signature du contrat de mariage du prince Jérôme Bonaparte et de Frédérique-Catherine de Wurtemberg en présence de la famille impériale aux tuileries, le 22 août 1807.

Domaine : Peintures

© Photo RMN - Grand Palais - D. Arnaudet / C. Jean

http://www.photo.rmn.fr

78-000217 / MV1558

Le mariage bourgeois au XIXe siècle

Date de publication : Mars 2011

Auteur : Charlotte DENOËL

La sécularisation du mariage

Les mariages conclus dans la haute bourgeoisie au XIXe siècle permettent de se rendre compte de l’importance qu’a la cérémonie religieuse au regard de la cérémonie civile et de mesurer le poids des mariages arrangés. En témoignent notamment le mariage du prince Jérôme Bonaparte avec la princesse de Wurtemberg, d’une part, et celui d’Aurore Dupin, future George Sand, avec le baron Casimir Dudevant, d’autre part. Cette situation propre à l’Ancien Régime n’a guère évolué depuis sa fin, malgré les nombreux changements survenus dans la législation matrimoniale sous la Révolution puis le Premier Empire.

Le 20 septembre 1792, mettant fin au monopole millénaire de l’Église sur la juridiction matrimoniale, l’Assemblée nationale entérina la laïcisation du mariage, désormais envisagé comme un contrat civil conclu en présence d’un officier civil. Ces mesures révolutionnaires n’ont pas été adoptées ex nihilo : elles ont des antécédents bien connus. Les idées lancées par les philosophes des Lumières et les juristes gallicans en faveur d’un mariage dégagé de la religion ont influencé les prises de position de l’Assemblée, mais c’est surtout l’indignation suscitée en 1790 par l’affaire Talma, un comédien qui s’est vu refuser le droit de se marier par le curé de Saint-Sulpice, qui a joué le rôle de déclencheur.

Si des concessions sont apportées par la suite à la loi de 1792, en particulier lors du concordat de 1801 qui rétablit le mariage religieux, le code civil de 1804 n’en confirme pas moins les principales dispositions : il réaffirme la primauté du mariage civil sur le mariage religieux, sa célébration obligatoire par un officier civil dans la commune de résidence en présence de quatre témoins, et fixe le déroulement de la cérémonie, empruntant certains traits au mariage religieux. Par ailleurs, toute femme qui contracte un mariage reste soumise à l’autorité maritale. Les documents analysés ici montrent bien que la nouvelle législation matrimoniale a eu des conséquences très limitées dans les couches sociales les plus aisées.

Les formalités du mariage

Les actes de mariage fourmillent de renseignements sur l’institution du mariage elle-même. Tel est le cas de celui qui a été dressé le 17 septembre 1822 à l’occasion du mariage d’Aurore Dupin, future George Sand, descendante de l’une des plus grandes familles d’Europe, avec le baron Casimir Dudevant, lui aussi riche héritier. Cette union, décidée alors que la jeune femme n’avait que dix-huit ans, s’est déroulée conformément à la tradition : publication des bans (ici dans deux églises, alors qu’ils doivent l’être en principe aux portes de la mairie), fiançailles, bénédiction nuptiale, célébration du mariage par l’officier civil en présence des témoins, enregistrement par écrit de l’événement.

De règle dans la noblesse comme dans la haute bourgeoisie, le contrat de mariage, héritage de l’Ancien Régime, sert également à préserver les intérêts familiaux. Établi et signé devant notaire avant la cérémonie proprement dite, il précise exactement l’apport de chacun des époux, le sort de ses biens de son vivant et après sa mort, et fixe les dispositions financières qui vont régir la vie commune. Le mariage du plus jeune frère de Napoléon Ier, le prince Jérôme Bonaparte, tout juste placé à la tête du royaume de Westphalie, avec la fille du roi de Wurtemberg, la princesse Frédérique-Catherine, le 22 août 1807 a donné lieu à un tel contrat. Sa signature, d’autant plus importante que cette union mettait en jeu des intérêts diplomatiques et territoriaux, a fait l’objet d’une imposante cérémonie, que Jean-Baptiste Regnault (1754-1829) a immortalisée en 1810 : l’Empereur assis sur son trône en habit de sacre, aux côtés de l’impératrice Joséphine, accueille les futurs époux qui s’avancent vers lui en présence de toute la famille impériale réunie aux Tuileries. Cette somptueuse œuvre au format monumental illustre bien le faste dont s’entoure Napoléon alors au faîte de sa puissance.

Le mariage d’argent remis en cause

Il ressort des actes et contrats matrimoniaux que, dans la plupart des cas, les classes dominantes cherchent à maintenir, voire à accroître leur fortune par le biais du mariage. Dans un contexte de plus en plus marqué par l’idéal bourgeois et par le règne de l’argent, les unions sont conclues entre individus de condition et de fortune équivalentes, et rares sont les mésalliances.

La littérature du XIXe siècle se fait abondamment l’écho de cet esprit bourgeois, en termes souvent virulents. Ainsi Balzac avec le court roman intitulé Un contrat de mariage (1835), où il dénonce les tractations financières qui sous-tendent les relations sociales et amoureuses, ou encore George Sand qui, rapidement déçue par son propre mariage, se fit le chantre de l’égalité des sexes et revendiqua pour les femmes le droit d’aimer.

Relayées par des doctrinaires comme Marx, ces critiques formulées à l’encontre du mariage d’argent ne parviennent cependant pas à ébranler les fondements du conformisme moral bourgeois, et il faudra attendre le siècle suivant pour que les mariages d’amour entrent dans les mœurs et que la femme s’émancipe de la tutelle maritale. À cet égard, le texte de Léon Blum, Du mariage, paru en 1907, marque un tournant, bien qu’il ait suscité une grande polémique. Dans ce livre qui constitue une attaque en règle contre l’institution du mariage, il revendique l’égalité des sexes et la liberté sexuelle pour les femmes comme pour les hommes.

Honoré DE BALZAC, Un contrat de mariage, 1835.Fernand BRAUDEL, Histoire économique et sociale de la France, tome III « L’avènement de l’ère industrielle, 1789-1880 », Paris, P.U.F., 1976.Jean-Claude BOLOGNE, Histoire du mariage en Occident, Paris, Lattès, 1995.Jean GAUDEMET, Le Mariage en Occident, Paris, Éd. du Cerf, 1987.Francis RONSIN, Le Contrat sentimental : débats sur le mariage, l’amour, le divorce, de l’Ancien Régime à la Restauration, Paris, Aubier, 1990.

Charlotte DENOËL, « Le mariage bourgeois au XIXe siècle », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/mariage-bourgeois-xixe-siecle

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

L’Argent de Zola

L’Argent de Zola

La finance a pignon sur rue

Le XIXe siècle est pour la France celui de la révolution industrielle, dont une des composantes est le…

La Grande bourgeoisie à la fin de l'Ancien Régime

La Grande bourgeoisie à la fin de l'Ancien Régime

Lors de son premier séjour à Rome, de 1775 à 1780, David rencontre le fils de monsieur Pécoul, qui lui remet un mot d’introduction pour son père,…

La Grande bourgeoisie à la fin de l'Ancien Régime
La Grande bourgeoisie à la fin de l'Ancien Régime
L'Empereur et l'Impératrice reçus chez le sénateur-comte Mimerel

L'Empereur et l'Impératrice reçus chez le sénateur-comte Mimerel

En 1867, le prestige du régime impérial est déjà fort terni, en France comme à l’étranger. À partir de 1865, l’autorité de l’empereur décline : il…

Portraits à la Bourse

Portraits à la Bourse

Devenue en 1724 l’institution officielle où s’échangent tout à la fois des marchandises, des monnaies et des valeurs mobilières, la Bourse de Paris a…
Le mariage et ses pratiques au XIX<sup>e</sup> siècle

Le mariage et ses pratiques au XIXe siècle

La nuptialité au XIXe siècle

L’abondante iconographie que le mariage et ses pratiques ont inspirée au XIXe siècle témoigne…

Le mariage et ses pratiques au XIX<sup>e</sup> siècle
Le mariage et ses pratiques au XIX<sup>e</sup> siècle
Le mariage et ses pratiques au XIX<sup>e</sup> siècle
Le mariage bourgeois au XIX<sup>e</sup> siècle

Le mariage bourgeois au XIXe siècle

La sécularisation du mariage

Les mariages conclus dans la haute bourgeoisie au XIXe siècle permettent de se rendre compte de l’…

Le mariage bourgeois au XIX<sup>e</sup> siècle
Le mariage bourgeois au XIX<sup>e</sup> siècle
Les Citadins à la campagne

Les Citadins à la campagne

Au XIXe siècle, le terme de « banlieue » fait naître un certain nombre d’impressions négatives : on imagine volontiers la saleté des…

Les Espoirs déçus de la Monarchie de Juillet

Les Espoirs déçus de la Monarchie de Juillet

Philippe-Auguste Jeanron, qui sera l’éphémère directeur des Musées nationaux en mars 1848, est un républicain de la première heure. Dès les années…

Les Espoirs déçus de la Monarchie de Juillet
Les Espoirs déçus de la Monarchie de Juillet
Aspects de la misère urbaine au XIX<sup>e</sup> siècle

Aspects de la misère urbaine au XIXe siècle

Plusieurs événements, sous la monarchie de Juillet, ont éveillé la réflexion de la bourgeoisie au sujet de la misère populaire : la révolution de…

Aspects de la misère urbaine au XIX<sup>e</sup> siècle
Aspects de la misère urbaine au XIX<sup>e</sup> siècle
Promenades aériennes

Promenades aériennes

La folie Beaujon

Nicolas Beaujon (1708-1786), banquier à la cour de Louis XVI fait construire une folie entre le faubourg Saint-Honoré et les…