Aller au contenu principal
Voiture de la Compagnie Française des Automobiles

Voiture de la Compagnie Française des Automobiles

Voiture de la Compagnie Française des Automobiles. Affichette des tarifs

Voiture de la Compagnie Française des Automobiles. Affichette des tarifs

Voiture de la Compagnie Française des Automobiles

Voiture de la Compagnie Française des Automobiles

Voiture de la Compagnie Française des Automobiles

Voiture de la Compagnie Française des Automobiles

Lieu de conservation : musée de l’Armée (Paris)
site web

Date représentée :

H. : 220 cm

L. : 160 cm

Voiture à moteur de huit chevaux à essence de pétrole de deux cylindres, carrosserie du type "Landaulet".

Véhicule acquis par la Compagnie Française des Automobiles de Place (dite "G7"), utilisé le 7 septembre 1914 pour le transport de troupes ("Taxi de la Marne").

Création entre 1905 et 1914 à Boulogne-Billancourt.

Domaine : Objets

© Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN - Grand Palais / Pascal Segrette

http://www.photo.rmn.fr

06-510628 / 1635 C1

Les taxis de la Marne

Date de publication : Décembre 2009

Auteur : Alban SUMPF

Des taxis parisiens aux taxis de la Marne

La Compagnie Française des Automobiles de Place, plus tard dite « G7 » (du fait que ses véhicules étaient immatriculés G7 par la préfecture), est fondée le 4 mars 1905 par le baron Rognat. Dès 1905, après des essais comparatifs, la Compagnie choisit les véhicules Renault de type AG à 8 chevaux et deux cylindres pour son parc automobile de taxis parisiens. La production commence en 1905 à Boulogne-Billancourt, et en 1914, les trois quarts des 12 000 taxis parisiens sont des véhicules Renault AG.

Dès septembre 1914, le gouvernement prévoit de réquisitionner des taxis pour évacuer de Paris les archives du ministère de la Guerre en cas de menace allemande et, à cet effet, constitue une réserve permanente de véhicules. Mais c’est par un usage inattendu que les taxis parisiens deviennent les taxis de la Marne : avec l’avancée allemande de début septembre, Joffre décide, le 6 septembre, de contre-attaquer et d’envoyer des troupes en renfort sur le front de l’Ourcq. Les trains ne pouvant suffire à leur transport, le général Gallieni, alors gouverneur militaire de Paris, réquisitionne le jour même 630 taxis. Partis de l’esplanade des Invalides, ils achemineront, à une vitesse moyenne de 25 km/h, plus de 3 000 soldats des 103e et 104e R.I. jusqu’à Silly-le-Long et Nanteuil-le-Haudouin, à une centaine de kilomètres de Paris.

Les taxis Renault

La première photographie présente de face et de près un véhicule AG-1 immatriculé 2862-G7. Le modèle date d’avant 1912, date à laquelle le volant, ici encore à droite, est placé à gauche. De type dit « landaulet », ce coupé automobile à conduite extérieure a une carrosserie rouge sombre, ce qui confirme qu’il a été produit avant 1912, année où les taxis deviennent verts. Le châssis ainsi que les rayons des roues sont jaune vif. Le véhicule doit être démarré à la manivelle (visible sous la plaque d’immatriculation). Assis sur un coffre garni de deux coussins de cuir noir, le chauffeur conduit à l’aide du volant et de deux manettes situées à droite de la longue colonne de direction. Deux lanternes, disposées à l’avant du véhicule, le rendent visible la nuit. Surélevé et couvert d’une capote, l’habitacle comporte une banquette pour deux et deux strapontins. Les passagers y accèdent par des portières en partie vitrées. Ils peuvent aussi voir la route par les deux vitres de l’avant, grillagées pour les protéger d’éventuelles projections. Sur la droite apparaît le taximètre où le client peut lire le prix de la course.

La deuxième photographie montre la plaque vissée dans la cabine de tous les véhicules, qui indique les règles et tarifs en vigueur. Prise dans la cour d’honneur de l’hôtel des Invalides, la troisième photographie montre le même taxi, mais avant rénovation. Le bâtiment et le canon de l’arrière-plan l’inscrivent dans un contexte militaire.

La légende des taxis de la Marne

L’image du taxi AG-1 dans la cour des Invalides, avec le canon au second plan, donne l’impression d’une anomalie : ce véhicule civil, un peu usé, aux couleurs vives, ne semble pas à sa place dans ce cadre majestueux et martial. Mais l’épisode des taxis de la Marne signifie justement, dans l’imaginaire collectif, une aventure héroïque, qui associe étroitement le monde du front et celui de l’arrière dans la défense de la patrie. Gallieni, qualifiant son initiative, évoque d’ailleurs une « bonne idée de civil », qui trouve une application militaire. L’union sacrée était ainsi matérialisée et concrétisée.

Si le rôle des taxis n’est en effet pas décisif en septembre 1914 (la très grande majorité des troupes est transportée en train) et si la réquisition n’est pas gratuite (l’armée paye les 70 012 francs de courses), l’épisode acquiert, notamment grâce à la presse, une forte portée symbolique : il représente le sursaut national victorieux qu’ont permis la détermination, l’énergie, l’unité nationale et un certain « génie français » de l’improvisation. On peut d’ailleurs supposer que de nombreux chauffeurs de taxi racontent « leur » bataille de la Marne à leurs passagers, lesquels occupent, au propre comme au figuré, la place des soldats. Au-delà de la bonne publicité qu’ils assurent à la compagnie, ils contribuent ainsi à alimenter le mythe et à l’ancrer dans le quotidien des civils. Transfigurés par le 6 septembre 1914, ces taxis familiers seront étroitement associés aux combats victorieux et au courage des soldats. Preuve que l’héroïsme peut concerner aussi l’arrière, qui se tient prêt et sait se mobiliser. Vecteur de patriotisme et de solidarité nationale, la légende est entretenue pendant le conflit et bien après.

 

Stéphane AUDOIN-ROUZEAU et Jean-Jacques BECKER (dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre, 1914-1918, Paris, Bayard, 2004.

François COCHET et Rémy PORTE (dir.), Dictionnaire de la Grande Guerre, Paris, Robert Laffont, 2008.

Patrick FRIDENSON, Histoire des usines Renault, tome Ier, « Naissance de la grande entreprise, 1898-1939 », Paris, Le Seuil, coll. « L’Univers Historique », 1998.

Pierre VALLAUD, 14-18, la première guerre mondiale, Paris, Fayard, 2004.

Alban SUMPF, « Les taxis de la Marne », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 15/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/taxis-marne

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

La Croisière jaune, une conquête de l’Orient pour conquérir l’Occident

La Croisière jaune, une conquête de l’Orient pour conquérir l’Occident

1931, année des colonies en France

Trois semaines avant l’ouverture officielle de l’Exposition coloniale de Paris, André Citroën donne le signal…

La Croisière jaune, une conquête de l’Orient pour conquérir l’Occident
La Croisière jaune, une conquête de l’Orient pour conquérir l’Occident
Une des premières automobiles Mors, 1898

Une des premières automobiles Mors, 1898

En 1873, l’apparition de la première automobile va bouleverser la relation des hommes au temps et à l’espace. Il s’agit de L’Obéissante, une…

Intervention des États-Unis dans la Première Guerre mondiale

Intervention des États-Unis dans la Première Guerre mondiale

« La Fayette, nous voilà », les premières participations américaines à la Première Guerre mondiale

Le don de matériel en provenance des États-…

Intervention des États-Unis dans la Première Guerre mondiale
Intervention des États-Unis dans la Première Guerre mondiale
Intervention des États-Unis dans la Première Guerre mondiale
Les Croisières de Citroën : publicité et colonialisme dans l'entre-deux-guerres

Les Croisières de Citroën : publicité et colonialisme dans l'entre-deux-guerres

La Croisière noire, relevant à la fois de l’aventure coloniale, du raid automobile et de l’opération publicitaire, est née de la volonté d’un…

Les Croisières de Citroën : publicité et colonialisme dans l'entre-deux-guerres
Les Croisières de Citroën : publicité et colonialisme dans l'entre-deux-guerres
Les Croisières de Citroën : publicité et colonialisme dans l'entre-deux-guerres
Les Embarras de la circulation

Les Embarras de la circulation

Les difficultés et les nuisances de la circulation dans les grandes villes ne constituent pas un problème spécifique à notre époque. Pendant l’…

Les Embarras de la circulation
Les Embarras de la circulation
Les Embarras de la circulation
L'aide américaine en Picardie

L'aide américaine en Picardie

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en Europe, de nombreux volontaires américains traversent l’Atlantique pour venir en aide aux alliés…
L'aide américaine en Picardie
L'aide américaine en Picardie
L'aide américaine en Picardie
La Croisière jaune entre science et marketing

La Croisière jaune entre science et marketing

À la découverte de l’Asie centrale

La France de l’entre-deux-guerres se passionne pour son empire, dont hommes et ressources ont contribué à sa…

La Croisière jaune entre science et marketing
La Croisière jaune entre science et marketing
L'architecture publicitaire du garage Marbeuf (Laprade & Bazin, 1928-1929)

L'architecture publicitaire du garage Marbeuf (Laprade & Bazin, 1928-1929)

L’ère de l’automobile

Dans les années 1920, si la construction automobile connaît un essor exceptionnel après la Première Guerre mondiale, l’…

L'architecture publicitaire du garage Marbeuf (Laprade & Bazin, 1928-1929)
L'architecture publicitaire du garage Marbeuf (Laprade & Bazin, 1928-1929)
L'architecture publicitaire du garage Marbeuf (Laprade & Bazin, 1928-1929)
L'architecture publicitaire du garage Marbeuf (Laprade & Bazin, 1928-1929)
Les Dames Goldsmith au bois de Boulogne en 1897 sur une voiturette Peugeot

Les Dames Goldsmith au bois de Boulogne en 1897 sur une voiturette Peugeot

Au XVIIIe siècle déjà, il était du dernier chic pour une élégante de conduire elle-même un léger phaéton ou un cabriolet attelé d’un ou…

De la vitesse… !

De la vitesse… !

En France, en Europe, dans le monde, tout va vite, beaucoup plus vite au tournant du XIXe siècle, un siècle de « prodigieux essor…