Instruction pour les jardins fruitiers et potagers - Première partie
Instruction pour les jardins fruitiers et potagers - Seconde partie
Instruction pour les jardins fruitiers et potagers - Quatrième partie
Instruction pour les jardins fruitiers et potagers - Sixième partie
Instruction pour les jardins fruitiers et potagers - Première partie
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date de création : 1690
H. : 26,8 cm
L. : 20,4 cm
Illustration du livre de Jean-Baptiste de La Quintinie édité par Claude Barbin.
Domaine : Estampes-Gravures
© Château de Versailles, Dist. RMN - Grand Palais / Christophe Fouin
GR 187.2 - 15-513122
Le potager du roi Louis XIV
Date de publication : Avril 2017
Auteur : Stéphane BLOND
L’horticulture est un art
Ces estampes ouvrent les six parties du traité d’horticulture publié en 1690 à titre posthume par Jean-Baptiste de La Quintinie. Né en 1626, La Quintinie fait son droit et exerce d’abord en tant qu’avocat au Parlement de Paris. Un voyage en Italie serait à l’origine de sa passion pour les jardins. Il rejoint l’équipe formée par Nicolas Fouquet (1615-1680) pour l’aménagement de son domaine de Vaux-le-Vicomte, aux côtés d’André Le Nôtre (1613-1700). Passé au service de Louis XIV, il est chargé d’établir des potagers qui alimentent la table du roi en fruits et en légumes. Ainsi, il consacre une série de travaux aux espèces végétales, à leur acclimatation et aux soins qu’elles nécessitent. En 1670, La Quintinie intègre la Maison civile du roi placée sous l’autorité de Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), avec l’obtention d’un titre spécialement créé pour lui : Directeur des jardins fruitiers et potagers de toutes les maisons royales.
Décédé en 1688, son fils Michel supervise la publication de son ouvrage intitulé Instruction pour les jardins fruitiers et potagers, avec un Traité des orangers, suivi de quelques réflexions sur l’agriculture. Édité en 1690 avec privilège du roi à Paris chez Claude Barbin, cet ouvrage comporte deux volumes contenant respectivement 522 et 566 pages, plus une série de gravures anonymes, dont un plan du jardin potager aménagé du côté sud du palais de Versailles. Le volume utilisé est acquis en 1934 lors de la vente de la collection Grosseuvre. Il possède une reliure en maroquin rouge aux armes du Dauphin Louis de France (1661-1711), fils de Louis XIV.
Les maximes du jardinage
Les quatre illustrations choisies représentent différents travaux des jardins. La vignette de la première partie s’intitule Combien il est nécessaire qu’un honnête homme, qui veut avoir des fruitiers et potagers, soit au moins raisonnablement instruit de ce qui regarde ces sortes de jardins. L’image contient plusieurs personnages dont deux d’entre eux portent un livre ouvert avec la mention « Maximes du jardinage ». À droite et au second plan, deux jardiniers sont à l’ouvrage. Au dernier plan, un palais à coupole est représenté, sans qu’il soit possible d’identifier avec certitude les lieux.
La seconde partie ne comporte pas de titre, mais elle s’intéresse à quatre démarches regroupées sur l’estampe : le choix des lieux de plantation, la gestion des terres, la correction des défauts des jardins et la manière de cultiver les jardins.
La quatrième partie évoque De la taille des arbres fruitiers. L’estampe se divise en deux vignettes, avec à gauche, des personnages munis de serpes qui taillent des arbustes. À droite, des haies sont fixées sur un treillage formant un mur végétal.
La dernière image correspond à la sixième partie dédiée à La culture des potagers. Celle-ci se découpe en quatre vignettes qui s’intéressent à la gestion des serres, à l’entretien des parterres, à la récolte des fruits ou encore à l’arrachage des légumes. Une fois de plus, le décor n’est pas parfaitement représentatif de potagers royaux, le but étant surtout de décrire les tâches quotidiennes des jardiniers.
La science agronomique
Au-delà des jardins d’agrément façonnés par des artistes de renom, l’œuvre de La Quintinie démontre que l’horticulture est devenue un art à part entière. Cet objet d’étude scientifique est également placé sous le patronage du souverain, comme le rappelle la dédicace : « On y trouvera, Sire, de quoi apprendre cette partie du jardinage, qui joignant l’innocence au plaisir, et à l’utilité donne des moyens assurés de faire d’agréables potagers, et d’élever de bons fruits pour chaque saison de l’année. »
Amoureux des jardins et des espèces végétales, Louis XIV couvre d’honneurs son jardinier. Anobli en 1687, La Quintinie meurt quelques mois avant l’obtention du privilège royal autorisant la publication de son traité, dont près d’une dizaine d’éditions sont recensées jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, signe de son succès éditorial. Lors de la première publication, Charles Perrault en profite pour rédiger une idylle en hommage au fin connaisseur de la Nature : « Ainsi La Quintinie apprit de la Nature / Des utiles jardins l’agréable Culture / De là tant de beaux fruits, de là nous sont venus / Tant d’arbres excellents autrefois inconnus. »
José DÉLIAS, La Quintinie, jardinier du roi Louis XIV (1626-1688), Tours, Transmettre, 2015.
Jean-Louis FISCHER, Le jardin entre science et représentation, Paris, CTHS, 1999.
Dominique GARRIGUES, Jardins et jardiniers de Versailles au Grand Siècle, Paris, Champ Vallon, 2001.
Philippe PRÉVÔT, Histoire des jardins, Paris, Ulmer, 2016.
Stéphane BLOND, « Le potager du roi Louis XIV », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/potager-roi-louis-xiv
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