![Voilà ce diable de MICMAK [...]](/sites/default/files/styles/600xauto_zoom/public/2021-11/gai02_bismarck_001f.jpg?itok=z9vMA4o9)
Voilà ce diable de MICMAK [...]
Lieu de conservation : musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem, Marseille)
site web
H. : 40,7 cm
L. : 26,8 cm
Gravure sur bois imprimée en couleurs. Titre complet : Voilà ce diable de MICMAK en train de nettoyer la Confédération Asthmatique... et allez donc !... Vlin, Vlan !! Edité par Charles Pinot et Sagaire à Epinal.
Domaine : Estampes-Gravures
© Photo RMN - Grand Palais - F. Raux
07-517320
Bismarck, le chancelier de fer
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Emmanuelle GAILLARD
Chauvinisme
« Sous le Second Empire, le Kladderadatsch[1] voyait partout Napoléon III ; à tort ou à raison, nous sommes atteints de la même maladie à l’égard de Bismarck. » (John Grand-Carteret)
En 1862, Otto von Bismarck est ambassadeur à Paris lorsqu’on lui prédit une piètre carrière parce qu’il danse mal. Dès sa nomination à l’automne au poste de ministre-président de Guillaume Ier, la Prusse devient le sujet de prédilection des satiristes parisiens. Le portrait-charge est alors très à la mode. Après la défaite de Sedan, la caricature n’est plus seulement divertissante. L’heure est désormais à la dénonciation et à l’engagement politique, dans des dessins parfois très noirs. L’Allemagne représente plus que jamais l’ennemi, le « barbare ». Bismarck et l’empereur Guillaume en sont les symboles. Et, jusqu’à sa mort en 1898, la figure du vieux chancelier avec ses moustaches tombantes et son casque à pointe n’évoluera pas.
Le chancelier de fer
Dès son entrée sur la scène politique, les caricaturistes se plaisent à décrire le chancelier prussien sous les traits d’un dogue, tandis que Daumier le présente comme un « Barbe bleue prussien » s’évertuant à « occire » les Chambres du Parlement.
À Épinal, Charles Pinot, fondateur de la Nouvelle Imagerie d’Épinal et habile dessinateur, consacre quelques planches à Bismarck – dont certaines seront détruites lors de l’occupation allemande – et crée une véritable imagerie germanophobe, bien éloignée des imagiers naïfs ou religieux qui constituent le fonds de commerce des productions spinaliennes. La caricature de Pinot exploite, en les hypertrophiant, tous les attributs de la nation prussienne et de son féroce représentant : le casque à pointe, énorme, symbole de l’ennemi ; les moustaches tombantes, signe distinctif du personnage ; le sabre, qui rappelle le leitmotiv du chancelier, résolu à asseoir la grandeur de la Prusse « par le fer et par le sang ». Dans son uniforme impeccable et ses bottes cirées rutilantes, Bismarck ressemble à une figurine de plomb. Comble du ridicule et de l’ironie, pour éliminer les indésirables de la Confédération germanique, il est « armé » d’un immense balai et d’une pelle géante.
L’image de la Prusse
Devenu chancelier, Otto von Bismarck veut assurer l’hégémonie de la Prusse sur une Allemagne unifiée. Il pousse donc habilement l’Autriche à la guerre pour l’exclure de la Confédération germanique. Vienne écartée, Bismarck institue en 1867 la Confédération d’Allemagne du Nord qui rassemble les États allemands septentrionaux sous l’autorité d’un gouvernement fédéral dominé par la Prusse. En France, l’expansionnisme de la Prusse, considéré comme une menace de guerre, occupe déjà largement la presse. Mais après la guerre franco-prussienne (1870-1871) qui opposa « l’ennemi héréditaire » (la France) aux « Barbares » (les États allemands fédérés), les journaux français se font l’écho des mentalités patriotes et revanchardes envers la Prusse. L’annexion par Bismarck de l’Alsace et de la Lorraine, sans consultation de ses habitants, et les cinq milliards de francs-or versés par la France comme contribution de guerre, alimentent cette rancune. Après la fondation du Reich allemand et le couronnement de Guillaume Ier, la crainte de l’ennemi prussien s’inscrit durablement dans les mentalités françaises. Dans Le Charivari du 6 avril 1871, Daumier représente l’empereur allemand assis sur le trône de Charlemagne, coiffé d’une « couronne à pointe » et brandissant un os en guise de sceptre.
Lothar GALL, Bismarck, le révolutionnaire blanc, Paris, Fayard, 1984.
Henri GEORGES, La belle histoire des images d’Épinal, Paris, Le Cherche-Midi, 1996.
John GRAND-CARTERET, Bismarck en caricatures, Paris, Perrin, 1890.
1. Kladderadatsch : journal humoristique et conservateur (« patatras » en français) fondé par Albert Hofman et David Kalisch
Emmanuelle GAILLARD, « Bismarck, le chancelier de fer », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 01/04/2025. URL : https://histoire-image.org/etudes/bismarck-chancelier-fer
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