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Débit de tabac, eau de vie de Cognac

Débit de tabac, eau de vie de Cognac

Débit de tabac

Débit de tabac

Débit de tabac, eau de vie de Cognac

Débit de tabac, eau de vie de Cognac

Date de création : Vers 1815

Date représentée :

H. : 46 cm

L. : 50,6 cm

Gouache sur papier vergé.

Domaine : Affiches

© RMN-Grand Palais (MuCEM) / Franck Raux

Lien vers l'image

1967.50.1 - 08-509956

Tabac au débit

Date de publication : Septembre 2011

Auteur : Didier NOURRISSON

Le débit de tabac dans la première moitié du XIXe siècle

La vente de tabac dans des débits ne date pas du XIXe siècle : le premier débit connu, « la civette », du nom d’un petit rongeur dont le musc était apprécié en parfumerie, remonte à 1716. Ces commerces sont parfois signalés par une statue de Turc fumant le chibouque, ou par une « carotte », paquet de feuilles attachées ensemble afin d’être râpées et consommées en prise.

Au XIXe siècle, la fabrication et la vente du tabac sont assurées dans le cadre d’un monopole d’État, remontant à l’Ancien Régime : en 1810, Napoléon Ier crée la Régie des Tabacs. En 1815, onze manufactures traitent 9 000 tonnes de tabac par jour. Le tabac utilisé provient de France pour une petite part ; l’essentiel, avec la reprise des relations commerciales après le blocus continental imposé par l’empereur, vient des États-Unis (Virginie) et du Proche-Orient, ce « Levant » qui fascine tant la société française de l’époque. Les débitants ne sont pas de simples commerçants ; ils deviennent des agents de l’administration chargés de la vente des produits de la Régie et, à ce titre, sont soigneusement recrutés et étroitement surveillés. Assez rémunérateur, le poste est souvent confié à d’anciens militaires, à leurs femmes ou à leurs veuves, à leurs enfants, à d’anciens fonctionnaires ou à des personnes qui, disent les textes, « auront accompli dans un intérêt public des actes de courage ou de dévouement ».

Une société fumeuse

La peinture Débit de tabac, eau de vie de Coignac (sic) montre une marchande qui, debout derrière son comptoir, désigne deux gros pots de tabac en poudre. Au centre trône la balance, un trébuchet, sur laquelle elle pèse le produit avant de l’empaqueter. Des pipes à long tuyau et fourneau de terre cuite, sur le modèle des pipes hollandaises et flamandes, sont aussi à la disposition de la clientèle. L’activité du débit ne se limite visiblement pas au tabac. Les nouvelles confiseries dites « bonbons » et les alcools (eau-de-vie de Cognac) complètent la gamme de l’offre. On remarquera la présence massive d’une bouteille d’« anisete », liqueur créée en 1755 à Bordeaux par la fameuse Marie Brizard.

Dans la lithographie Débit de tabac, réalisée par l’imprimerie Nicolas Pellerin d’Épinal, un Ottoman, en tenue traditionnelle (turban, pantalon bouffant, veste courte et brodée), tient de la main gauche une pipe à long tuyau de bois et fourneau de terre d’Anatolie nommée « chibouque ». L’origine orientale d’une partie de la production de tabac est ainsi soulignée par la tenue folklorique de l’homme. À côté de lui figure un homme en tenue classique (culotte et bas de soie, cravate, redingote et bicorne) qui représente bien cette « restauration » des mœurs d’Ancien Régime, notamment la prise du tabac en poudre contenu dans une tabatière de poche. Sur le comptoir, outre des pots à tabac, apparaît une balance à trébuchet destinée à peser les quantités vendues avant de les empaqueter.

Pour asseoir la notoriété de la tenancière et garantir la qualité du produit vendu, l’image du débit tend au passéisme. Il n’est point question de montrer ces curieux « cigares » découverts lors des guerres napoléoniennes en Espagne, ni les pimpantes cigarettes produites d’ailleurs en tout petit nombre. La publicité pour tous les tabacs se développe essentiellement au début du XXe siècle. Interdite à la fin du siècle, elle fera place aux campagnes antitabac destinées à alerter le public sur les méfaits du produit pour la santé et à en diminuer la consommation.

Bénigno CACÉRÈS, Si le tabac m’était conté…, Paris, La Découverte, 1988.

Didier NOURRISSON, Histoire sociale du tabac, Paris, Éditions Christian, 2000.

Didier NOURRISSON, Cigarette. Histoire d’une allumeuse, Paris, Payot, 2010.

Mireille THIBAULT, Débitants de tabac, quatre siècles d’histoire in Flammes et Fumée, revue de la Seita, v. 1995.

Imagerie populaire : Née avec les techniques d’impression mécanique qui permettent la reproduction d’une même image à l’infini et sa diffusion à moindre coût et au plus grand nombre à des fins d’information, mais également de propagande. L’un des principaux centres de fabrication de ces gravures populaires est Épinal – on parle en ce cas d’images d’Épinal.

Didier NOURRISSON, « Tabac au débit », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 28/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/tabac-debit

Anonyme (non vérifié)

Bonjour,

J'ai une photo de la devanture du bureau de tabac 798 à Paris.
Existe-t-il une liste qui me permettrait de le situer.
En vous remerciant de votre aide.

Hélène

ven 05/04/2013 - 15:25 Permalien

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